Les New-Yorkaises

L'aide

Karen, ayant assisté à la scène, n'arrivait pas à bouger. Elle tremblait, ses dents se mirent à claquer, elle mit sa main devant sa bouche ayant l'impression à cet instant que le bruit du claquement allait faire revenir l'agresseur et la faire découvrir. Ses yeux étaient emplis de peur et de larmes. Que devait-elle faire ?

Enfin, elle parvint à se lever et couru vers Victoria, le corps gisant sur le sol.

Karen regarda autour d'elle. Elle se baissa et posa la main sur la blessure de Victoria. Elle était en vie mais ne bougeait pas, respirait avec peine, des larmes coulaient le long de ses joues. Karen dégrafa son anorak et vit alors une énorme tache de sang sur son chemisier.

"Tu as un portable que je puisse appeler les secours... réponds moi... allez réponds moi..."

Elle fouilla le sac puis d'une main tremblante composa le numéro des urgences "Venez vite, une femme a.. elle... on lui a tiré dessus.. dans le ventre, oui du sang partout... dépêchez vous" puis elle donna l'adresse "nous sommes dans la rue a côté de Madison Street, une rue sombre a côté de la déviation et ... et ...".

"Madame, madame, vous pouvez raccrocher, l'ambulance est en route".

Ce petit mot, "madame", la toucha, on ne l'appelait jamais madame, on lui donnait plutôt des noms insultants, ou pire encore on ne l'appelait pas du tout.

Ce simple petit mot lui avait permis de reprendre un peu ses esprits, de se calmer.

Karen raccrocha. Elle appuya immédiatement sur la blessure de Victoria. Le sang de Victoria passait entre les doigts de Karen.

Malgré sa peur elle se sentit tout à coup utile, et réalisa que peut être elle était en train de sauver une vie. Plus rien autour, juste la victime et elle, de plus en plus calme au fil des minutes, qui parlait à Victoria pour tenter de la rassurer.

Enfin les ambulances arrivaient, sirènes hurlantes, mais Karen ne relachait pas la pression qu'elle exerçait sur la blessure, comme figée.

Les ambulanciers sortirent précipitamment et coururent vers le corps inerte de Victoria. Après un rapide examen, la mise en place d'une perfusion, ils l'embarquèrent sans se soucier de Karen qui avait laché Victoria avec difficulté.

L'ambulance partit en direction de l'hôpital laissant Karen à sa solitude, sa maladie, son chagrin.