chapitre 3

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Elle prit ma main entre les siennes, les yeux voilés de larmes. Elle retenait ses sanglots. Je la laissait faire, la dévisageant en espérant trouver la réponse à ce long silence qui s'était à présent créé entre nous. Il y avait quelque chose, et ce « quelque chose » rendait ma sœur triste et il était hors de question que je le laisse faire. Je lui frottai doucement l'épaule pour la réconforter et lui posait plutôt maladroitement la question qui me tracassait:

« Qu'est-ce qui te rend triste? »

Ma question eut pour seul effet de lui couper le souffle, elle leva ses grands yeux noisettes encore brillants de larmes vers moi. Elle ouvrit la bouche comme pour me répondre mais aucun son n'en sortit, elle n'articulait rien, sa bouche était juste ouverte, comme si elle était dans un état de stupéfaction intense. Au bout de quelques secondes ses yeux s'agitèrent, fouillant les recoins de ma chambre, à la recherche, me semblait-il, d'une issue de secours. Elle ferma lentement sa bouche et ses yeux se souvinrent de ma présence pour se poser au fond des miens, cherchant mes souvenirs, fouillant mon esprit du regard. Son regard me perturbait, elle n'était pas « transformée » comme tout à l'heure mais elles semblait perdue, égarée. Lorsqu'elle me regarda son visage se déforma par la tristesse. Je ne soutins pas son regard longtemps, une quinzaine de seconde et mon instinct reprit le dessus, je fermai les yeux et tournai la tête. Je me rappelait soudain qu'elle n'avait pas répondu à ma question et je compris alors la vérité.

« C'est moi qui te fais de la peine.

- Non!!! s'exclama-t-elle. Pas du tout c'est...

Sa voix se perdit dans sa gorge.

- Ne le nie pas, ce n'était pas une question, je sais que c'est moi la cause de ton soucis.

- Je ne dirai pas la cause mais la conséquence.

Je la dévisageais, sans voix. Je ne comprenais pas comment je pouvais être la « conséquence d'un problème ». Elle se racla la gorge et continua.

- Je t'aime, je t'ai toujours aimé Pauline. Tu es la sœur la plus formidable de l'univers. Je suis vraiment désolée.

- Désolée de quoi? Demandai-je en écarquillant les yeux. Tu n'as rien fait! Explique-toi!

- Promets moi que tu n'en parlera à personne.

- C'est par rapport à ce que j'ai vu? Parce que sinon je préfère encore ne rien savoir. Mais d'accord, promis.

- C'est effectivement en rapport mais je ne suis pas obligée, j'ai même l'interdiction de te l'expliqué. Je ne suis pas sensée te dire ce qui va suivre mais au point où j'en suis il n'y a pas beaucoup de différence. Demain, je mourrai dans un accident de scooter.

- Et donc tu veux te suicider à scooter en sachant que tu n'en as pas?

- En théorie, je dois avoir un accident. Je vais me faire renversée par une voiture.

- Comment peux-tu le savoir? C'est une prémonition? Non, impossible. Si tu m'abandonne je considère que c'est un suicide.

- Mais tu ne comprends pas je n'ai pas le choix j'ai été tirée au sort. Demain j'aurai, un accident et je resterai dans le coma pendant 3 mois et 3 jours puis je mourais si la situation n'a pas changé. Et elle ne changera pas.

- Et si elle change? demandais-je pleine d'espoir.

- Elle ne changera pas. »

Sa voix était dure tout comme son regard. Elle se leva et sortie de ma chambre. Non tout cela était faux. Toute cette histoire était fausse. Ce n'était pas possible autrement. On ne peux pas avoir un « accident » prévu à l'avance. Elle essayais juste de me faire culpabiliser parce que je suis rentrée dans sa chambre. Non, elle ne réussira pas. Je l'aime mais je ne me laisserai pas manipuler. Cette histoire de tirage au sort n'a aucun sens. Je ne me laisserai pas berner. Pas cette fois-ci.

Résolue à ne pas céder au plus gros mensonge de la planète que ma sœur elle même venait de prononcer je me plongeais dans la lectures passionnante de Hunger Games de Suzanne Collins. J'étais tellement absorbée dans ma lecture que ce n'est qu'en entendant la voix de mon père que je me rendais compte de sa présence.

« - Alors, il est bien ton livre?

- Je n'en décroche pas.

- Je vois ça. »

Il eu un moment d'hésitation puis se décida à reprendre la parole:

- Pauline, est-ce que tout se passe bien avec ta sœur?

- Euh... Oui. Pourquoi cette question? Pourquoi cela n'irait pas? Je ne lui ai pas parlé de la journée, mentis-je afin d'éviter les ennuis.

- Je ne sais pas trop, mais j'ai l'impression qu'elle ne vas pas bien en ce moment. Je ne sais pas trop quoi, mais j'ai l'impression que quelque chose la déprime profondément. Et tu as bien du la voir puisque je l'ai croisé quand elle est sortit de ta chambre. Elle était au bord des larmes. Dis moi ce qui la rend comme ça, je sais qu'elle te l'as dit et qu'elle s'est confiée à toi. Je m'inquiète pour elle. Je sais que ce n'est pas de ta faute si elle est dans cet état. Mais ta mère et moi nous pouvons l'aider. »

Il y eut un long silence. Je réfléchis au paroles de Papa. D'après lui Louise s'était confiée à moi. Peut-être qu'elle ne pouvait pas me le dire et que cette histoire n'était qu'une métaphore. J'essayais de me remémorer cette conversation. J'avais promis de n'en parler à personne. Et les souvenirs de cette conversation était un accident de scooter et un tirage au sort. J'ai une mémoire très sélective d'après Maman. Mais pourquoi mon cerveau avait-il sélectionné ceci alors que ce n'était que mensonges? Je cherchai la signification de ces images quand mon père se racla la gorge. Il me regardai sévèrement. Oui je savais quelque chose, mais je n'en comprenais pas la signification. Et si je disais la vérité, Papa allais penser que c'était moi qui mentais et racontais n'importe quoi. Et puis j'avais promis, et s'il y a bien une chose que je déteste c'est bien manquer à une promesse. Je levai la tête, les yeux de Papa étaient durs et graves. Il s'inquiétait vraiment pour Louise. Il attendait ma réponse, que je lui dise ce que je savais.

« - Je... Je ne sais pas,bafouais-je.

- J'espère pour toi qu'elle ne t'as rien dit ou du moins que ce n'étais pas grave.

- Non, elle est juste venu prendre des nouvelles et discuter un peu. Elle avait l'air monotone mais je ne sais pas pourquoi.

- Bien, si quelque chose te revient n'hésites pas à m'en parler.

- Oui, bien sûr. Mais elle ne m'as rien dit qui puisse justifier son humeur.

- Si tu en es si sûre, je te laisse. »

A ces mots il repartit dans le salon. J'écoutais ses pas s'éloignaient. Je fermais mon livre et le posait sur la table de chevet. Oui, c'était sûr, Louise avait un problème et je ne pouvais faire semblant de l'ignorais. J'avais déjà entendu cette phrase qui disait « Les faits ne cesse pas d'exister juste parce qu'on les ignore ». Papa avait toujours ce sixième sens de sentir dès qu'il y avait un problème. Il savait que Louise était pas bien et d'après lui, elle s'était confiée à moi. Je décidais donc de me fier à son « sixième sens » et de chercher la signification de ce que j'avais pris pour un mensonge. J'avais d'abord penser qu'il s'agissait d'un suicide. Et si cette première impression était la bonne? Peut-être le stress du brevet? J'avais entendu dire que lors de l'épreuve d'histoire des arts, l'œuvre sur laquelle on devait débattre était tirée au sort. Peut-être a-t-elle peur de se tromper et qu'il y ait un accident. Non, ce n'était pas logique. Papa n'aurait aucune raison de s'inquiéter sur ça et Louise sait très bien qu'elle est assez bonne pour ne pas se tromper sur ce genre d'exercices. Elle est timide mais je sais qu'elle y arrivera. Maman m'appela depuis la cuisine, je sortis de mes réflexions et la rejoignais. Elle me demanda de mettre la table et d'appeler ma sœur car nous allions passer à table. Je m'exécutais en essayant d'arrêter de penser à Louise. Quand tout le monde fut à table, maman nous servit le repas, des haricots verts et du poulet. Papa et Maman discutait de leur boulot et de leurs collègues pendant que Louise et moi, nous mangions en silence. A la fin du repas je me lavais les dents et pris une rapide douche, puis je me dépêchais de rejoindre ma chambre dans laquelle je repris mes intenses réflexions. Peut-être comptait-elle mettre fin à ses jours pour une raison qui m'échappait, peut-être même qu'elle n'as même pas essayer de m'expliquer pour quoi. Tout cela était bien compliqué, j'étais pourtant sure d'avoir toutes les clés du mystère. Perdue dans mes pensées je finis par m'endormir et glissais lentement vers un profond sommeil.

L'être flamboyantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant