• Chapitre 11 •

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Jungkook se regarda dans le miroir sous toutes les coutures possibles, inspectant les retombées du handbok soyeux sur son corps. Pourtant noble de nom, c'était la première fois que le jeune homme portait ce genre de vêtements. Ses doigts vinrent effleurer le doux tissu jaune tournesol brodé de motifs floraux. Jungkook et Taehyung avaient de nouveau passé toute la journée ensemble, discutant normalement comme si Jung Hoseok n'avait jamais débarqué en boulet de canon dans sa chambre au beau milieu de la nuit pour lui annoncer que le comte l'invitait à dîner avec lui. Ce dernier ne lui avait aucunement demandé s'il avait bien reçu sa proposition, passant sous silence ce « détail ». Ils s'étaient brièvement baladés aux alentours du palais sans jamais se décoller du mur d'enceinte et le comte avait été fortement intéressé par les discours environnementaux très engagés de Jungkook. Il avait même semblé inquiet pour l'avenir de leur planète alors que le garçon lui faisait part de l'élevage et l'agriculture intensives qui se pratiquaient au nord du Royaume. À vrai dire, Taehyung s'était lui même indigné que le Roi actuel, son ami, soit si lent à faire changer les choses.

Ce ne fut qu'en rentrant dans sa chambre, après qu'ils se soient quittés que Jungkook découvrit le magnifique handbok joliment plié sur sa table basse aux côtés de Jimin, l'horloge.

-Ça te va très très bien gamin, résonna la voix de Namjoon alors que son reflet cessait de suivre tous ses mouvements et contorsions pour lui sourire doucement.

-Il a pas tort, Namjoonie, c'est très beau, confirma Hoseok, assis en tailleur sur le sol de la chambre.

Les trois hommes s'étaient incrustés avec joie dans ses appartements et le garçon appréciait leur présence à ses côtés.

-Vraiment ? Je ne me sens pas du tout à l'aise. On dirait que je porte de l'or pur.

Les ailes du phénix au-dessus de l'horloge émirent un petit claquement. Jungkook se tourna vers Jimin pour qu'il puisse mieux l'admirer à son tour.

-Cela vous va à ravir Jungkook-ssi ! S'exclama le domestique alors que plusieurs autres voix de domestiques approuvaient ses dires.

Le jeune homme se regarda à nouveau dans le miroir. Oui, il était beau, enfin il l'espérait. Mais quelle idée farfelue pouvait bien se cacher derrière la tête du comte ? Un si bel habit pour un simple dîner lui semblait un tantinet exagéré. Fallait-il y voir une quelconque remarque ou critique de sa part sur ses manières de s'habiller ? Il ne fallait pas exagérer, Jungkook essayait toujours d'être présentable. Il réajusta la ceinture noire brodée de fils et de perles qui lui seyait les hanches.

-Ya, Jungkookie, l'interpella gentiment Namjoon, son reflet s'étant rapproché de la surface réfléchissante du miroir, c'est bientôt l'heure, file avant d'être en retard.

Jungkook hocha la tête. Il se pencha au-dessus de la petite horloge et lui présenta ses deux paumes.

-Tu m'y emmènes ?

Il laissa Jimin grimper dans ses mains et sortit finalement de la chambre après un dernier regard au miroir et à l'armure. La petite promenade guidée par les indications de l'horloge le fit se replonger dans ses souvenirs passés ici. Comment toute sa vie avait put être si chamboulée par un simple banquet auquel ses sœurs l'avaient forcé à répondre présent ? La suite des événements s'était enchaînée trop rapidement pour qu'il se rende compte de l'ampleur de la situation : sa rencontre avec le comte, le marché conclut entre eux, une rose contre les histoires de Meejoo, l'amitié qui s'était tissée de fil en aiguille. Tout lui semblait si lointain, comme s'il était resté chez le comte pendant des années. Lointain, et irréel ; Jungkook avait constamment l'impression de vivre dans un rêve sans fin. C'était surprenant de ne pas se réveiller, chaque matin dans sa véritable chambre. Ses fleurs lui manquaient terriblement, ses sœurs tout autant. Il mourrait d'envie de se promener à nouveau dans les champs, de courir jusqu'à perdre haleine dans les forêts, de s'endormir dans l'herbe bercé par les bourdonnements des insectes. En restant cloîtré dans la demeure, il parvenait presque à oublier que la terre était malade et que l'homme la regardait mourir sans esquisser un geste. Le jeune homme commençait doucement à comprendre que, toute sa vie durant, la nature lui avait permis de combler sa solitude et son mal-être, mais qu'elles étaient petit à petit remplacé par la présence du comte et de ses domestiques. Est-ce que cela voulait dire qu'ils étaient amis ? Il ne savait pas trop, peut-être se faisait-il des idées et qu'il était le seul à se sentir aussi bien auprès de ces âmes piégées.

Le garçon à la rose {T.kook}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant