Tome 1: Jusqu'à ce que la mort nous sépare

Chapitre 21

Lorsque je reprends conscience, le vrombissement d'un moteur résonne dans mes oreilles. Je peine à ouvrir les yeux mais je parviens à distinguer l'habitacle d'un véhicule. Une douleur atroce me coupe la respiration tandis qu'un mal de tête explose dans mon crâne. Je laisse échapper un faible gémissement et aperçois une silhouette floue s'approcher de mon visage. Des voix lointaines semblent m'appeler, mais je suis incapable de leur répondre. Je sombre à nouveau dans l'inconscient.

A mon second réveil, je sens la douceur de draps propres entre mes doigts. Je suis allongée dans un lit et devine qu'ils ont réussi à nous ramener au camp. La douleur est toujours présente. Une douleur atroce et insupportable. Je ne me suis jamais sentie aussi humaine qu'à cet instant, faible et vulnérable.

J'ouvre doucement les yeux et remarque qu'un bandage tâché de sang entoure mon abdomen. Au sol, plusieurs autres bandages d'un rouge vif sont empilés dans une bassine. Je comprends alors que j'ai perdu énormément de sang et au vu de la tâche qui s'agrandit sur mon pansement, je continue d'en perdre. Je sens mes forces me quitter peu à peu mais je tiens bon, je m'accroche à ce qu'il me reste de vie pour rester consciente.

En tournant légèrement la tête, je remarque la présence d'un deuxième lit non loin du mien. Sur ce dernier, repose une personne endormie. Au vu de sa corpulence et de sa taille, je devine qu'il s'agit d'un homme. J'aperçois des cheveux mi-longs, de couleur châtain et les traits d'un visage carré. Je reconnais Sam Winchester et je ressens à cet instant un profond soulagement. L'abdomen du chasseur se soulève lentement au rythme de sa respiration régulière. Ses traits sont détendus, il a l'air tiré d'affaires.

Un grincement m'arrache à ma contemplation. La porte s'ouvre doucement et Dean entre dans l'infirmerie. Son visage est marqué par l'inquiétude mais il se détend en remarquant que je suis réveillée. Il s'approche doucement de moi et tire un tabouret pour s'installer près de mon lit.

« Comment tu te sens ? souffle le chasseur.

- Je me suis déjà sentie mieux, je tente de plaisanter. »

Un léger sourire se dessine sur ses lèvres mais je le sens toujours tendu. J'ai été mortellement blessée par la Dague, mes chances de survie sont presque nulles.

« Pourquoi tu ne m'as rien dit ? demande soudainement Dean d'une voix tremblante.

- Te dire quoi ? je murmure.

- Que tu ne guéris plus. Tu le sais depuis quand ? »

J'affronte le regard lourd de reproches du chasseur sans baisser la tête. Il était hors de question de mettre en péril la mission sous prétexte que j'étais devenue plus vulnérable. Si je lui avais dit la vérité, il m'aurait empêché d'aller au combat, d'affronter les anges et de retrouver Michel. Son affection pour moi est ce qui m'empêche d'être totalement honnête avec lui.

« Lorsque j'ai été blessée pour la première fois dans ce monde, je finis par avouer.

- Pourquoi tu as gardé ça pour toi ! s'énerve le chasseur.

- Tu sais très bien pourquoi... ».

Je ne veux pas avoir cette conversation avec lui, cela demande de l'énergie que je n'ai pas. Je serre les dents au moment où une douleur aiguë me traverse la poitrine. Mes doigts accrochent les draps et les serrent avec force, tandis qu'un gémissement s'échappe de ma gorge.

« Lucy ! s'exclame Dean en s'approchant de moi. DE L'AIDE VITE ! ».

En abaissant les yeux sur mon pansement, je remarque qu'il est totalement imbibé de mon hémoglobine. Je perds beaucoup trop de sang, je le sais. Je suis soudainement prise de vertige. La pièce commence à tourner et je suis obligée de fermer les yeux pour tenter d'arrêter cette sensation désagréable. Les bruits ne sont plus que des bourdonnements à mes oreilles, je ne sais plus qui est avec moi. Je ne vois plus rien, n'entends plus rien. Je devrais paniquer, mais les battements de mon cœur, au lieu d'accélérer, se font plus lents. Beaucoup plus lents, beaucoup trop lents.