Tome 1: Jusqu'à ce que la mort nous sépare

Chapitre 9

« Vous n'avez pas le droit de me garder enfermé ici ! s'indigne Kevin en me fusillant du regard.

- Tu devrais me remercier, je rétorque, si je les avais laissés faire, tu serais enchaîné à cette table. »

Le Prophète se lève d'un bond et parcourt la pièce d'un pas furieux. Bobby avait proposé d'enfermer le garçon dans son bunker personnel. C'est à ce moment que la proposition de l'enchaîner a été émise et que j'ai refusé. J'ai demandé à tous les hommes de cette maison de me laisser faire. Ils sont trop bruts de décoffrage – c'est Dean qui m'a appris cette expression. Pour cette mission, il fallait que ce soit moi qui m'en occupe. Je ne suis peut-être pas habituée à côtoyer beaucoup d'humains mais je reste moins terrifiante que les autres. Tant que je n'utilise pas mes pouvoirs bien entendu.

« Vous êtes tous cinglés ! J'irai voir la police !

- Tu ne feras rien du tout Kévin, je réponds d'un ton calme.

- Parce que vous allez me tuer ? il me demande d'un ton moins assuré.

- Ne sois pas idiot ! On a besoin de toi, pourquoi nous te tuerions ? »

Il continue de me dévisager puis retourne s'assoir. Il pose ses coudes sur la table et enfouit sa tête dans ses bras. Le voir ainsi me fait un peu de peine, il est si jeune. Soudain, une idée me vient.

« Si je te prouve que ce qu'on te dit est la vérité, est-ce que tu accepteras de m'écouter ? »

Kevin relève la tête, je vois dans ses yeux qu'il hésite mais il finit par acquiescer. Je suis soulagée qu'il ait accepté et m'empresse de sortir de la pièce. Je remonte rapidement les escaliers de la cave et retrouve les autres dans le salon.

« Alors ? me demande Dean.

- J'ai réussi à trouver un accord, je réponds, mais j'aurais besoin de ton aide Castiel.

- De quoi as-tu besoin ?

- J'aurais besoin d'un livre du Paradis que seuls les anges et le Prophète peuvent lire. »

L'ange disparaît aussitôt pour récupérer l'ouvrage en question.

« Tu penses que ça va marcher ? m'interroge Sam.

- Il le faut. Il y a deux étapes pour le convaincre. D'abord, lui faire accepter qu'il est différent et ensuite, lui faire comprendre l'existence et la dangerosité de Lucifer.

- Tu penses y arriver ?

- Je pense oui mais il va falloir le ramener chez sa mère.

- Quoi ! s'exclame Dean. On s'est fait chier à le ramener ici et tu veux le renvoyer chez lui ?

- C'est nécessaire pour gagner sa confiance et lui faire comprendre qui il est. Je vais devoir impliquer sa mère.

- Cette idée ne me plait pas du tout, marmonne Bobby.

- Nous n'avons pas le choix. Le temps presse. »

Je sens que mon idée ne les enchante pas mais ils n'ajoutent rien. En attendant Castiel, je décide de me prendre une tasse de café. La journée risque d'être riche en évènement. Ma tasse à la main, je m'appuie contre l'évier de la cuisine et je fixe, d'un air absent, la fenêtre. Mon esprit est empli de pensées qui se bousculent, me donnant mal au crâne. Cette mission commence à se concrétiser et au lieu de ressentir de la satisfaction, c'est de la crainte qui s'empare de moi. Si j'étais quelqu'un d'égoïste, je ferais en sorte d'échapper à mon destin pour rester en vie. Mais, je ne suis pas comme ça. J'irai jusqu'au bout, quoi qu'il m'en coûte.