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Assis à mon bureau, le nez dans un dossier, jeune détective aux cheveux couleur corbeau que je suis, je me laisse apaiser par la pluie battant sur les carreaux à mes côtés. Mon supérieur venait tout juste de me déposer une grande enveloppe marron que je découvre petit à petit. Seule une petite lampe dont la lumière, jaune et grésillante, éclaire le centre de mon bureau fait de bois et de bordel. Mes grands yeux de biche noirs parcourent le descriptif rapide de l'un des policiers. Celui qu'on avait rédigé pour garder une trace écrite de la scène de crime avant d'emmener le corps au médecin légiste.

Au fur et à mesure de ma lecture, ces mêmes yeux d'enfant s'écarquillent, s'enflamment sous une forme de rage immense. Je ne veux pas croire qu'un tel homme puisse s'être fait abattre. Le scientifique Kim, du haut de ses trente années d'existence, avait toujours été l'homme le plus droit qu'il m'a été donné de rencontrer. Un homme au coeur aussi large que ses épaules et dont l'infinie bienveillance n'avait d'égale que la beauté de son visage. Apprendre sa mort, ou du moins son assassinat me dévaste davantage jusqu'à ce que je ne manifeste ma haine en plaquant mes mains veineuses sur mon bureau en faisant sursauter les quelques dernières personnes présentes.

Je jure, comme un adulte. Si bien que certains se demandent s'il s'agit bien d'un jeune homme venant à peine de fêter son vingt-et-unième printemps.

« — Bah alors Jeon, toujours ces problèmes d'impulsivité ? »

Je souffle d'agacement et toise celui qui vient de prendre la parole d'un regard noir, lui faisant difficilement ravaler sa salive.

« — Ta gueule. », je tranche froidement en faisant fermer la bouche de mon ainé qui me dévisage avec stupeur face à un tel manque de respect.

Le plus vieux retourne à ses occupations sous les railleries de ses collègues alors que votre heureux protagoniste, c'est-à-dire moi, passe la nuit à balayer le dossier.
Puis fut venu le moment pour moi de découvrir le lieu du meurtre. L'assassin n'avait trouvé mieux que d'abattre le scientifique dans le salon de sa maison. Seulement, je m'attendais à tout sauf à être accueilli pour une magnifique créature. Un jeune homme de deux ans mon ainé. Ses cheveux noirs et soyeux retombent en quelques boucles devant ses grands yeux rieurs, tout aussi noirs. Sa silhouette est élancée, sa peau légèrement matte et son visage d'ange aux allures de poupon le rend presque irréel. Une beauté éthérée... J'en suis convaincu. Si bien, qu'on lui donnerait le bon dieu sans confession. L'homme qui me fait face est une apparition divine tout droit venu des cieux.
Ce dernier esquisse un maigre sourire espiègle en constatant que j'étais en train de le dévisager.

« — Vous devez être le Colonel Jeon ? », il sourit joliment en lui tendant la main.

Mes yeux se sont légèrement écarquillés à l'entente de cette voix aussi douce que la soie et pourtant si grave qui vient de me procurer d'agréables frissons. Je secoue doucement la tête pour me reprendre avant de serrer sa main tendue. Et il me fut donné de remarquer une nouvelle chose. Ses mains aussi sont parfaites. Grandes, fines, légèrement veineuses et osseuses. Ses longs et fins doigts glissent contre ma main dans un geste calculé, un effleurement. Je ne tarde pas à reprendre mes esprits et me gifle mentalement en suivant le brun à l'intérieur. J'allais prendre la parole mais mon bel inconnu me coupe l'herbe sous le pied.

« — Il était assit sur le canapé vert », m'a-t-il avoué. « On suppose que le criminel se serait approché derrière la victime à pas de loup avant de saisir le premier objet à sa droite: un chandelier, avant de lui asséner un violent coup dans la tempe. », il mime le geste avant de pointer ledit chandelier du bout du doigt. « Ça aurait sonné le scientifique Kim avant que l'homme ne s'acharne sur lui pour terminer son travail et l'achever sauvagement. »

Who killed scientist Kim ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant