Chapitre 2: Quand la vie s'emmêle.

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Je dormis jusqu'à midi. Ma mère me réveilla en sursaut. J'avais à peine les yeux ouverts que j'avais déjà le droit à cette fameuse leçon.

"Non mais où étais-tu? Je me suis inquiétée! Tu n'es qu'une inconsciente! Tu te rends compte ou pas?! me dispute ma mère.µ
-J'étais juste aller prendre l'air, répondis-je sereinement.
-Tais-toi! Va te doucher et file au Lycée. Je ne veux plus te voir! m'ordonne-t-elle en frappant des mains. Tu sauras ce que ça fait, un jour, quand tu seras mère."

Elle me tourna le dos, se déplaça jusqu'à sa chambre et claqua la porte. 

J'arriva une fois de plus en retard –génial-, je suis allé chercher un billet et le CPE ne m'a rien dit, il a l'habitude après tout et honnêtement, je n'aurais pas supporter ses reproches. Cependant en me dirigeant vers ma salle de Français, je perçus une silhouette au bout du couloir qui ne m'était pas étrangère. Je m'avance vers elle, les yeux noyés par ma curiosité maladive. Ils s'écarquillèrent, je fis un bond en arrière en découvrant le jeune homme d'hier. Il me fixe un court instant de la façon la plus indifférente qu'il puisse exister. Je l'observais de mes grands yeux bleus, d'un air surpris et quémandant des réponses. Quant à lui, ses grands yeux noisette étaient rivés sur moi. Il ne détournait pas le regard. Son visage était absolument divin. Il possédait de somptueux traits. Ses cheveux bruns en bataille lui donnaient un côté mystérieux assez envoûtant. Un sourire empli d'assurance était dessiné sur ses lèvres. Il portait un débardeur blanc qui laissait entrevoir l'impressionnante musculature de son corps. A travers ses yeux, je ne distinguais absolument rien, excepté l'infinite noirceur de sa pupille.

"Et pourquoi ne le serait-elle pas? lancé-je."

Il détourne le regard.

"C'était donc toi?
-La fameuse fille du banc? Oui.
-Non, je veux dire: l'emmerdeuse qui est venu troubler ma tranquilité l'autre soir.
-Elle ne la troublera plus, lui rétorqué-je, frustrée de son comportement."

Un léger rictus se forma sur sa bouche. Je m'éloignais de lui, tandis qu'il demeurait immobile.

"Et pour répondre à ta question, elle peut l'être. Mais ne l'est pas obligatoirement, braille-t-il après moi." 

Je ne m'arrête pas et continue mon chemin afin de rejoindre ma salle de classe. La journée s'écoula. La pluie tombait, le ciel était nuageux, il faisait sombre, il faisait triste. Je rentrais chez moi, trempée de la tête aux pieds. Le mascara dégoulinant, les vêtements débraillés, les cheveux mouillés, je me sentais seule, je me sentais libre. 

Mon téléphone vibra et le prénom de Shad s'afficha, je décrochai.

"Tu veux quoi, chouchou?
-De la fume.
-Je ne fume plus de cette merde, Shad. Depuis quatre mois.
-Oui, mais tu sais où en trouver.
-Tu fais chier.
-Moi aussi, je t'aime, accentue-t-il.
-Accompagne-moi ce soir. Je ne vais pas me la procurer comme d'habitude. Rejoins-moi devant les trois arbres, vers 22h.
-Ca sent le plan foireux, Rose.
-22h! Ne sois pas en retard, chaton."

***

Je l'attendais déjà depuis cinq minutes lorsqu'il arriva.

"Tu te fiches de moi? Ca fait un quart d'heure que je poirote.
-Qu'est-ce qu'on va encore faire?
-S'incruster à une fête.
-Je vais le regretter.."

Je ricanne en le serrant dans mes bras. Dix minutes plus tard, nous étions enfin arrivés. Nos regards se levèrent en direction d'une maison délabrée, vêtue simplement de quatre murs et un toit. Les volets pendants aux fenêtres, l'herbe haute jusqu'à la taille, les escaliers faits de béton usé, ses fondations tremblaient sous les ondes musicales.

"Encore une de tes fêtes qu'avec des drogués?
-Qui dit drogué, dit drogue."

Il me contempla une quinzaine de seconde comme s'il ne m'avait pas totalement compris.

"T'es géniale, Rose. Vraiment. Tu veux ma mort, en fait?
-Ecoute-moi, on entre sans se faire remarquer, on pique ce qu'on a prendre et on se casse. Le plan est aussi simple que ça. Plus besoin de gaspiller tes thunes pour rien.
-Et si on se fait avoir?
-J'aviserais."

Il plissa le front en signe de crainte et de désespoir. Je souris et l'entraîne par le bras dans cette maison à l'apparence assez lugubre. A l'intérieur, la musique était à fond. Certains sniffaient, d'autre se piquaient et d'autre était agonisant au sol. On s'enfonçait parmi la foule. Je lâchais sa main, lorsque je l'apperçus. 

"Tout ce que tu vois, tu le prends, lui crié-je dans l'oreille afin qu'il m'entende.
-Et j'y planque où? me répond-il."

J'oriente mon regard en direction de son sexe en souriant. Il soupira et s'eclipsa parmi ces gens possédés qui tentaient de danser. Moi, je me dirigerais vers lui en remplissant mon soutien-gorge de toutes les drogues qui croisaient mon chemin. Il avait toujours ce fameux sourire qui me faisait chavirer, qui faisait battre mon coeur un peu plus fort. Ce sourire qui signifiait tant de choses, qui criait tant de joie et qui pourtant, était à la fois, si calme, si silencieux. Je m'approchais de lui, il feignait de ne pas m'avoir remarquer.

"Tu veux mourir? lui braillé-je dans ce bruit épouvantable.
-Et toi? me réplique-t-il sans consendre à tourner le visage vers moi.
-Peut-être aujourd'hui, d'overdose."

Seule sa main tenant un verre d'alcool se déplaçait jusqu'à sa bouche. Il restait impassible. Je sortis alors un sachat de cocaïne coincé entre ma poitrine, étala la poudre, me boucha une narine et approcha l'autre de ce poison, de cette farine meutrière. Je relevais ma tête qui vacillait légèrement en avant et en arrière, le fixant d'un air ébahi et rit bêtement.

"Tu veux crever avec moi? lui dis-je en pointant du doigt le reste de la drogue dispercée sur le bar."

Il ne me répondit pas et se contenta de faire la même chose que moi. 

"Proposition acceptée, me réplique-t-il en passant sa main dans ses cheveux.
-T'es aussi tarée que moi."

Et à chaque phrase qu'il prononçait j'avais la sensation qu'une éternité s'écoulait avant que je ne lui réponde. La musique résonnait de plus en plus fort contre mes tympans et mon corps entier s'embrassait. Mon âme explosait, dansait, tandis que mon corps ne parvenait plus à la suivre, à la retenir. Cette impression de ne plus s'appartenir, de plus être soi-même, de s'oublier le temps d'une soirée m'avait énormément manquer. C'est ce que j'appréciais le plus dans la drogue: le fait de s'abandonner, d'oublier qui on est ou qui on a pu être. C'est alors qu'il plaça sa main dans le creux de ma taille, m'amenant avec lui sur la piste de danse où ces gens titubaient comme des zombies.

"On ne t'a jamais dit de ne pas parler aux psychopathes? lui dis-je ironiquement en riant aux éclats."

Soudain, il plaqua sa main contre ma joue et m'embrasa furtivement.

"Jamais. Et, encore moins de les embrasser."

D'un coup, une main se colla sur ma nuque, c'était Shad. Je me retournais vers lui, le sourire remontant jusqu'aux oreilles. 

"Tu as.., me braille-t-il en me lançant son regard le plus noir."

Il me prend brusquement par le bras et m'emmène avec lui dehors.

"Je savais que t'allais refaire une connerie.
-Ferme-là."

La porte s'ouvrit derrière nous et le jeune homme apparu la cigarette au bout des lèvres. 

"Casse-toi de là, tocard! hurle Shad.
-C'est à moi que tu parles? réplique l'inconnu."

Je m'interposa. 

"On ferait mieux de partir, dis-je en admirant Shad de mes yeux explosés.
-Viens là que je te porte."

Je montais sur son dos m'aggripant à ses épaules musclées.

"Je m'appelle Simon, crie-t-il."

Sa voix se propageait tel un écho. Un écho s'échouant dans le firmament, dans le coin de mon antre, dans le saignement de mon coeur. J'orientais mon regard vers lui me mordant timidement la lèvre inférieure. 

J'espère le revoir.

Dans la peau d'une salopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant