Chapitre 1

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Je suis Lola Nandolf, prisonnière française dans un asile étranger. Je n'ai pas toujours été une fugitive ou, plus publiquement appelée, une assassin. Cette situation n'est pas seulement ma faute et je n'ai pas toujours été ainsi... Enfant, je voulais même être une héroïne !... Mais ce nom me suivait partout : « Nandolf ». « Merci pour votre aide jeune fille ! Quel est votre nom ? » Je répondais toujours la même chose, sans honte de mon patronyme : « Je m'appelle Lola, Lola Nandolf » ; et c'est toujours là que les gens se mettaient à fuir. Peu importait la façon dont je les avais aidés, que ce soit au péril de ma vie ou une simple bonne action, on me rejetait, on me fuyait. Un jour, une femme m'implora même de ne pas lui faire de mal, avec les larmes aux yeux. Une autre fois, deux enfants me sautèrent dessus et, en me frappant, me crachèrent : « Pour notre frère ! Sale monstre ! »

C'est un soir, la veille de mes 13 ans, que tout bascula réellement. Nous étions en plein déjeuner, mes parents et moi, lorsqu'on toqua à la porte. Ma mère se leva et, après un bref coup d'œil à travers le judas, elle me lança d'un ton sec : « Dans ta chambre, maintenant ». Mon père alla la rejoindre et, par la serrure de ma porte, je les aperçus, tous deux tenant une arme à feu, et ouvrant la porte. Je me recroquevillai d'un coup, comme voulant sortir de ce cauchemar, et j'entendis des coups de feu. Rapides. Tel une courte sonnerie stridente amenant un silence pesant. Je m'étais bouché les oreilles et fermais vigoureusement les yeux. Je serrais les dents en espérant que tout aille bien. Tout était redevenu silencieux. Pas un souffle se faisait entendre dans l'air froid de l'appartement. Seul le vent sifflait dans les arbres, dehors, derrière la fenêtre. Je m'agenouillai et regardai de nouveau par la serrure mais le cauchemar devint réel. Je les vis, étalés sur le sol et recouverts d'un liquide pourpre et visqueux. J'ouvris la porte à la volée. Cette vue du sang sur les corps immobiles de mes parents marqua la fin de mon innocence sur les horreurs de ce monde. Je me précipitai à leur chevet sans prendre la peine de vérifier que je ne risquais rien. Avant leur dernier souffle, ils me firent des aveux. Je ne me rappelle pas de tout car cela remonte à longtemps, mais je me souviens « l'essentiel » : mes parents étaient des fugitifs se battant pour le bien de tous mais avaient été entrainés dans une affaire quelque peu suspecte. Contre leur gré, ils devinrent alors des assassins. Cette révélation me fit le même effet qu'autrui : je m'écartai et fuis ; prenant quelques affaires au passage. J'avais pourtant perçu une discussion quelques jours plus tôt dans laquelle j'avais appris que mes parents étaient complices de je ne sais quel meurtre ; ça aurait dû m'alerter ! Les larmes aux yeux et le cœur lourd, je dévalais l'escalier à toute vitesse et, après avoir repris mon souffle, je m'évadai encore plus loin. Je courrai sans savoir où aller, terrifiée à l'idée d'être hantée par l'impardonnable comportement de mes ascendants. Mes pensées se bousculaient, j'en devenais folle, je ne savais plus quoi faire, je voulais de l'aide ! Mais personne ne viendrait, j'étais seule, je n'avais plus personne, je ne pouvais plus rien faire, j'étais perdue !

Quand j'arrivai enfin à me calmer et que je m'arrêtai pour reposer mes poumons en feu, j'étais hors d'haleine et assoiffée. Pourtant j'y étais arrivée, j'avais couru jusqu'à cet endroit.

Coupable de mon nomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant