Chapitre 4

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« Lola, pourquoi n'acceptes-tu pas notre aide ? Déclara le garçon au bout d'un moment sur un ton contrarié et triste.

— Je ne vous connais juste pas et, vu les rumeurs qu'ont m'a raconté sur cette ville, je préfère me méfier.

— Désolé... J'aurais dû m'en douter. C'est juste qu'on croise pas beaucoup d'enfants ces derniers temps et, moi-même, lorsque Tioki m'a proposé un logement, j'ai sauté sur l'occasion sans hésiter, elle m'inspirait confiance...

Je baissais la tête, ne sachant quoi répondre. Mes pensées s'emmêlaient, s'entrechoquaient, se battaient dans ma tête.

— J'accepte mais que pour une nuit. Me surpris-je à répondre.

Elias s'arrêta net et me fixa. Un sourire lui fendit alors le visage. Ce sourire sincère et aimable que j'avais rencontré tout à l'heure.

— Dépêchons-nous alors, la nuit tombe vite ici !

Il me prit la main et m'entraîna au pas de course.

— Dis Lola ! Quel âge as-tu ? Me lança-t-il tandis que nous doublions les passants à vive allure.

— 13 ans !

— Pareil ! Et pourquoi es-tu venue ici ?

— Pour... Pour une affaire personnelle !

— Normal, me cria-t-il en ricanant, c'est la ville des affaires ! »

Un rictus amusé se forma au coin de mes lèvres. Je me sentais bien là, à courir, dépasser, esquiver les passants sans même observer le paysage urbain. Je ne voyais que lui, filant tel un guépard dans les rues, sa poigne chaleureuse agrippant ma main.

« Arrêtons nous un peu, regarde ! »

Nous étions dans une grande rue. Les façades des résidences bordant l'allée principale était richement décorées et reflétaient la lumière orangée du soir. Quelques petits marchands s'étaient installés aux rez-de-chaussée des immeubles.

« C'est beau... remarquai-je.

— Oui, tu as de la chance, c'est l'une des avenues la plus habitée et la plus riche. »

Nous restâmes là quelques instants à admirer la rue dans les derniers rayonnements de la journée.

« Maintenant, je t'emmène à notre base ! »

Je n'eus pas le temps de répondre qu'il m'entraîna de nouveau dans sa course folle.

☀︎☀︎☀︎

C'était sombre mais accueillant. Des torches étaient accrochées sur les murs en béton défraîchis et des aménagements avaient été faits pour rendre le milieu habitable.

« Bienvenue chez nous » m'avait dit Elias lorsque nous étions entrés dans le bâtiment abonné. Il me présenta ensuite toutes les personnes présentes. J'avoue m'être sentie comme de retour chez moi ; tout le monde était gentil même si je n'étais pas dans leur « clan ». Le soir, ils organisèrent même une fête car cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas accueilli quelqu'un.

« Beth, Vincent ! Venez m'aider ! » Les appela Tioki.

Les deux enfants étaient des faux jumeaux et les mécaniciens de la bande. Ils avaient fuit leur famille à cause de la discrimination qu'ils subissaient par leur génie. Ils ont ensuite découvert la mécanique et elle est devenue leur passion. Autour de moi, Azur et Lia discutaient des décorations pour la fête ; eux s'occupaient de tout ce qui était architectural : plans de construction, aménagements du lieu au profit de la bande, etc. Plus loin, Gabin était aidé au buffet par Lucas et Aurore.

« Elias, est-ce que je peux aider ? Je me sens très inutile... »

Le garçon me regarda d'un sourire mystérieux et me montra des enceintes poussiéreuses entassées dans un coin. Je lui rendis son sourire complice.

« Gabin ! On aurait besoin de toi pour soulever ces caisses s'te plaît !

— J'arrive !!! »

Le garçon déboula les escaliers à une telle vitesse que je crus qu'il chuterait. Lucas et Aurore le suivirent en glissant sur la rampe. Nous les fixâmes, amusés : de vrais enfants.

Une fois tout en place, Elias prit le premier tour en tant que technicien du son. Je dois reconnaître qu'il avait des bons goûts, il s'y connaissait.

La fête dura jusqu'à tard dans la soirée mais, comme nous allions travailler le lendemain, il fallait être raisonnable. Tioki m'offrit un lit que je reçus avec gratitude.

☀︎☀︎☀︎

Le réveil fut difficile. Après m'être préparée, on m'offrit quelques sablés pour tenir la journée.

Je quittai l'endroit après avoir remercié tout le monde. J'avais de la peine tout de même, je sentais qu'ils allaient me manquer. Je réussis ma journée sans trop de difficultés, mais les cordes vocales en feux... Je reçus 30€, de quoi m'acheter quelques repas. J'effectuai mentalement la liste de tous les commerces, vendant de la nourriture, que j'avais croisé ou vu sur l'une des carte. Le moins cher étant toujours celui de la 3e avenue et mon ventre criant famine, je commençai à m'y diriger.

La chaleur du pain me réchauffa le corps tandis que la fraîcheur de la soirée commençait à tomber. Après toutes ces aventures, cet instant me parut être mon premier moment de relaxation.

« Salut !

Je me retournai brusquement, j'avais cru mourir.

— Ça va ?

Je me tenais la poitrine.

— Penses-tu utiles de poser la question là tout de suite ?

Ce rire. Encore et toujours.

— Sérieusement ! Quelle idée de me faire peur comme ça !

— Désolé Lola, répondit Elias gêné.

Un silence malaisant s'empara de nous.

— Elias, je peux te poser une question ?

Il me regarda, intrigué.

— Est-ce que, si je voulais rester parmi vous, dans votre clan, je pourrais ? » déclarai-je finalement, fuyant son regard.

Aucune réponse ne vint. Je relevai la tête et aperçus son sourire brillant accompagné de sa main, tendue vers moi comme une invitation. Je la saisis et, tel un petit animal, il bondit dans l'allée et reprit sa course effrénée comme la veille. Il me ramenait à la base, je reconnaissais la route.

L'atmosphère avait radicalement changé dans le lieu. Les torches murales étaient moins nombreuses ce qui donnait à l'endroit une atmosphère déserte presque hostile. J'aperçus alors, dans l'ombre des lampes, les membres de la bande. Seul Tioki était placée au milieu de l'estrade, bras croisés, le visage dur.

« Lola. »

Elias me lâcha et rejoignit les autres, me laissant seule devant l'adolescente.

« — Tu es donc revenue. Tu veux faire partie de notre clan ; nous nous en doutions. Sache que tu dois d'abord suivre un entraînement pour passer les épreuves de fidélité. T'en sens-tu capable ? » déclara-t-elle.

Ça, j'avais pas prévu. J'étais déjà stressée mais, à ce moment, ce stress, si infime jusqu'alors, explosa. Je paniquai. N'arrivant pas à me calmer, je hochai simplement la tête et, après quelques instants, finis par articuler :

« Oui, je suis prête. »

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 06, 2023 ⏰

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Coupable de mon nomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant