Mariage

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Sans cesse, il me renvoya des lettres, chaque jour depuis 96 heures, tantôt pour me dire que nous allions vivre ensemble pour l'éternité, tantôt pour m'inciter à rompre avec Victor. Chaque fois que j'en recevais une, je me dépêchais de la mettre au fond d'un tiroir. Je n'avais même pas pris la peine de lui répondre tellement j'étais agacée de son obstination, j'en faisais d'horribles cauchemars la nuit. Heureusement qu'il y avait le mariage dans 4 jours, cela me permettait de penser à autre chose. Durant les 3 jours précédant la cérémonie, j'avais l'interdiction de m'approcher de mon futur époux, telle était la tradition, alors on s'envoyait des lettres d'amour dans lesquelles nous nous partageâmes notre excitation. Mais quel était le destin qui m'attendait ? Je n'en avais pas la moindre idée.

5 Mai 1954: 

Plus qu'un jour avant le mariage, je ne pouvais plus attendre, et trépignais sur place toute la matinée, quand le facteur vint une énième fois avec une lettre à la main; mais cette fois, notre dialogue fut bien différent:

- Bonjour mademoiselle Lerman, toujours de pleine vitalité à ce que je vois, comment se prépare votre mariage ?

- Eh bien disons qu'il avance à grands pas, je vous remercie, mais je vois que vous avez encore aujourd'hui un courrier pour moi !

- Il se trouve en effet que vous avez raison; et je présume que vous savez de qui il provient depuis le temps. Je ne voudrais pas paraitre indiscret, mais le propriétaire me la rendu en main propre, si vous voulez je peux essayez de vous faire sa description.

- Cela m'aiderait beaucoup, si toutefois cela ne vous dérange pas trop, je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse.

- Oh non, pas du tout, j'ai tout mon temps; il se trouve que l'homme qui m'a remis cette lettre était dans la quarantaine, il avait des cheveux bruns et les yeux verts, la barbe du dimanche commençait à se voir, et son nez était légèrement épaté, hmmm... Ah oui ! il possédait de tout petits trous au niveau des oreilles, j'espère que cela pourra vous aider.

- Je l'espère de tout coeur, mais je vous remercie d'avance pour votre aide, car ce problème me chiffonne particulièrement. Je vais tout de même vous prendre votre lettre et rentrer à l'intérieur. 

- Cela a été un plaisir de vous aider, me répondit-il. Et si vous avez le moindre problème, faites moi signe, je ferai mon possible. Bonne journée et surtout bon mariage mademoiselle Lerman.

- Au revoir, et bonne journée à vous aussi.

Une fois le postier parti, je filai dans ma chambre pour ouvrir une nouvelle fois le papier, mais cette fois-ci, il n'y eu pas de longues et belles paroles comme à l'habitude. Seulement trois mots: Je t'aime, écris en gros. Un peu désorientée, je posai la lettre sur mon bureau et descendit dans la cuisine rejoindre ma mère. Qui engagea la discussion:

- J'ai une bonne nouvelle pour toi ma chérie, crois moi tu ne risques pas d'être déçue.

- Qu'est-ce, mère ?

- J'ai obtenu une autorisation du maire qui nous autorise à inviter Victor à venir passer le repas ce soir chez nous, n'est-ce pas fabuleux ?

- Quelle agréable nouvelle, répondis-je, à quelle arrive t'il ? Que je sois un minimum présentable.

- Ne t'inquiètes pas pour ça, il n'est que 13h30, et Victor n'arrive qu'à 19 heures, tu as donc tout à fait le temps.

Après le déjeuner, je passai le restant de l'après-midi dans notre cour en pensant à la journée du lendemain: grande joie, orchestre, petits fours, tout allait être parfait. Le temps passa vite, j'eu à peine une heure pour me préparer quand mon chevalier servant toqua à la porte. Ma mère alla ouvrir, le débarrassa et nous nous installâmes dans nos sofas. La soirée commençait à merveille, nous parlâmes de tout et de rien, et rigolâmes beaucoup. Nous avions hâtes d'être au lendemain. Victor eu à un moment besoin d'aller aux toilettes, monta à l'étage pour y aller en passant à côté de ma chambre et celle de ma mère, et revint cinq minutes plus tard. Le dessert terminé, nous nous souhaitâmes bonne nuit et mon futur mari rentra chez lui vers 23 heures; après quoi, nous allâmes nous coucher pour être en forme pour le mariage, car nous avions bien à faire le lendemain.

6 Mai 1954:

Je me levai de bonne heure, et commençai déjà à m'impatienter, je faisais le ménage, mon lit, ma chambre, en attendant que nous puissions partir. Ma mère ne tarda pas à me rejoindre dans la salle à manger, elle avait l'air aussi excitée que moi:

- Alors ma fille, es-tu prête pour le grand jour, j'espère que tu n'es pas trop stressée du moins ?

- Maman, ne t'inquiètes pas, tout va pour le mieux, j'ai vraiment très bien dormi et je suis en pleine forme. J'ai hâte de partir vers le lieu de cérémonie !!!

- Eh bien tu vas être contente, car nous avons tout juste le temps de déjeuner et puis nous devrons partir, car nous irons chercher ta robe chez le tailleur, vérifier que tout est bien mis en place et que les invités sont au rendez-vous. Alors dépêchons-nous, car nous n'avons que très peu de temps.

- D'accord, je me vais tâcher d'être rapide.

La fin de matinée passa donc très vite, nous eûmes tout juste le temps de monter dans la 2 cheveaux que le clocher sonna 12 h. Les invités devaient arriver à la salle vers 17h30, nous avions donc à peu près cinq heures pour tout finaliser. Nous commençâmes donc par nous rendre au lieu de rendez-vous, qui était, ma foi, sublime. Les cuisiniers s'affairaient aux fourneaux, des gens se baladaient dans le jardin, des employés préparaient la décoration.Je remarquai à peine que le mystérieux Rolland ne m'avait plus envoyé de lettres. À 14h 30, nous partîmes chez le tailleur pour que je puisse enfiler ma robe avant de repartir au bal, malheureusement, notre voiture eu un problème et nous eûmes beaucoup de retard, alors arrivées au lieu où attendait sagement ma vesture. Ma mère prit alors l'initiative de me laisser toute seule et de repartir accueillir les invités que je revienne. Il était 17h 15 et ma robe était prête, je décidai d'attendre à l'extérieur de la boutique le temps qu'un gentleman veuille bien m'escorter. La rue était vide. Un homme avec un voile sur la tête arriva vers moi et m'attrapa par le bras:

- Mais qu'est ce que vous faites, hurlai-je, lâchez-moi vous me faîtes mal, qui êtes-vous ? Je repensais à Rolland, était-ce cet homme dont je ne voyait pas son visage. Il me couvrit la bouche. 

- Hmmm, MMhmmm, MMMMMmmmmmmhhhhhhhhh.

- Ne t'inquiètes pas, tu vivras avec moi... pour l'éternité. Je te le promets.

Et ce fut le néant.

Pendant ce temps au mariage ( Vision de la mère ):

- Mais où est Emma, il est presque 18 heures, elle devrait déjà être revenu depuis longtemps ? J'interrogeai tous les gens que je croisais dans l'espoir qu'il l'aie aperçue, mais personne n'avait vu tendre fille. Ni Edouard, Paul, Louise ou encore Gérard son témoin ne l'avait remarqué. Même Victor ne savait pas où elle était. À 18h 45, je commençais à m'inquiéter réellement.

Un policier vint m'accoster:

- Nous n'avons toujours pas de nouvelles de votre fille Madame Lerman, mais nous vous promettons que nous faisons tout ce qui est possible pour la retrouver.

Je fondis en larmes, ma fille était tout ce qui me restait dans ma vie, si il lui était arrivé quelque chose, je ne m'en remettrais jamais. Je restai toute la nuit sur un banc à attendre des informations venant de la police, mais au petit matin, personne n'avait revu ma Emma.

Fin du prologue:

Nina est morte un an plus tard, après s'être suicidée à cause du chagrin. Victor, lui, s'était exilé en Belgique tant il était bouleversé de la disparition de sa bien aimée. Beaucoup d'entourages avaient été choqué par ce qu'ils avaient appris, mais cela n'avait pas du tout soutenu la mère d'Emma. La police avait tout fait pour retrouver la jeune femme en vain; Rolland avait tout de suite été soupçonné, mais l'on avait jamais trouvé aucune preuve.

Nous allons arriver en 2021; Emma et Victor auraient fêté leurs 67 ans de mariage.


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