Attirée

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Cela faisait maintenant deux heures que nous étions tous rentrés chez nous, mais je continuais encore la discussion avec Lisa par téléphone:

- Tu vois, je t'avais dit que cette enquête n'était pas un plan foireux, on a une piste très sérieuse. Tout fonctionne comme sur des roulettes!

- Oui, je dois avouer que tu avais raison. En plus, on risque de voyager un peu. Outre l'enquête, on va pouvoir un peu se reposer de toute la paperasse enchaînée du mois. Et puis, on est avec Denis, on va pouvoir se marrer un peu.

- Tu serais pas un peu amoureuse toi ? remarquais-je en rigolant.

- Non. Nonnnnnnnn!!! Je ne vois pas du tout de quoi tu parles... non, non, non.

- Hmmhmm... 

- Bon d'accord, j'avoue: il m'intéresse. Ça va, t'es contente ?

- Très. Mais j'en étais sûre de toute façon.

- Mais c'est léger, je suis pas accro. Mais je sais pas, il m'attire. C'est sûrement son côté un peu grognon, tu ne crois pas ? Mais ne vas pas t'imaginer des trucs, hein.

- Mais non, t'inquiètes pas, par contre, j'ai cru comprendre qu'il venait de se séparer il y a deux semaines de sa copine Ella. Je ne la connaissais pas spécialement, mais apparemment, il l'aimait beaucoup. Il doit être assez fragile, en ce moment. Il m'a paru assez fatigué ces derniers temps, il ne doit pas bien dormir.

- Oui, je le savais, une sale fille cette Ella. Disons qu'on était dans la même classe en terminale, et que pour faire court, c'était le genre de fille qui, quand tu n'étais pas pote avec elle, faisait en sorte que les gens ne t'adressent pas la parole. Évidemment, je n'étais pas pote avec elle. À ton avis, pourquoi je suis policière aujourd'hui?

- Ma pauvre, sache que je serais toujours là pour toi. Ça, je peux te l'assurer. Et il vaut mieux pour Denis qu'il ne soit plus avec elle crois moi. T'as toutes tes chances maintenant. Bon je te laisse, on a une longue journée qui nous attend demain. Bonne nuit, bisous.

- Bonne nuit, dors bien.

Je raccrochai et posai mon portable sur la table de nuit. Après avoir relu brièvement le journal que m'avait gentiment fourni le concierge, je fermai les yeux, fis le vide dans ma tête et quelques minutes plus tard, je m'endormis.

01h25 - Maison de Lisa Brica.

La conversation avec Emilie m'avait fait beaucoup de bien. J'étais bien plus sereine vis à vis de ma relation avec Denis. C'est vrai que dans ma vie, plusieurs malheurs se sont abattus sur moi. Ça a d'abord commencé par la mort de mon chien, pris à l'âge de 6 ans, deux ans plus tard, ma tante est décédée d'une crise cardiaque, elle n'avait que 44 ans. Enfin, mon père m'a quittée à cause d'un cancer lorsque j'avais 15 ans. Alors pour une fois, j'étais heureuse qu'il m'arrive quelque chose de bien. Je posais mon iPhone sur le rebord de mon lit après avoir lu l'actualité, et quelques instants plus tard, me glissais dans les draps chauds et m'endormis.

Samedi matin, je rentre d'une soirée super cool avec des amis. Je suis encore à 5 kilomètres de ma maison. Ma voiture roule un peu vite, mais bon, il n'y a personne donc ça va.Je consultai mon portable. 2h45 du matin, oulllaaaa, je dois tirer une de ces tronches, qu'est ce qu'on a picolé ce soir. J'ai que 19 ans faut que je fasse attention moi. Hahaha, vilaine Lisa, t'es bourrée ma vieille. Je baillais d'épuisement. Quand soudain...                                                                                                                                                   

-Hein, hein, mais... mais qu'est-ce que ? ATTENTION! Je dérapais d'urgence, le crissement de pneus retentit avec force. Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!! BANG !!!!!!!!!!!!!                                                                                                                    La voiture avait percuté la jeune femme qui traversait la route. Je sortis de mon véhicule à moitié debout. Le corps de la fille gisait au sol, sans vie. Une flaque de liquide rouge se répandait autour de son crâne. Je fondis en larmes, les yeux rouges de sang.                                                                                                                                                                                Non, non c'est, c'est un accident, et puis, je... je... je ne peux pas l'avoir tuée. Répond! Répond! Répond j'te dis! tu... tu es vivante. Ell... elle n'est pas morte. Hein ? Ce n'est pas possible ! Ahhhhhhhhhhhhhhhhh !!! Connasse, connasse, connnnnnaasssssse !!! J'avais une envie folle de m'exploser la tête contre le sol. Mais c'est pas possible, ça recommence! On inspire, on expire... calme toi Lisa, il... il est tard, et... et personne ne t'as vu... tou... tout va, trè... très bien. Je n'arrivais plus à réfléchir. On va réagir sereinement et prendre la meilleure décision possible.                                                     J'enfilais des gants que j'avais trouvé dans ma boîte à "gants" et précautionneusement, je pris le corps de la jeune femme entre mes bras. 

MariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant