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Les talons de Mademoiselle Jones résonnent dans les couloirs. Je découvre l'endroit où je vais passer les prochains mois de ma vie. Les classes, le réfectoire, l'administration et enfin la chambre. Un endroit spacieux. Une sorte d'appartement où au centre se trouve la pièce commune desservant quatres chambres. L'endroit semble s'être figé dans le temps. L'odeur du vieux bois et d'une cheminée appuie l'image d'une vieille demeure. Les étagères remplis de vieux livres qui ont dû connaître des générations d'amateurs. Je me demande si mon arrière grand-père était l'un des premiers lecteurs. De ses doigts, il a feuilleté, chacune de ses œuvres en privilégiant certains de ses auteurs favoris. Des plantes ont trouvé leurs places sous les fenêtres en bois, deux vieux fauteuils ont été déformé par l'usure du temps et une table en bois remplis de trace de tasse de café finit en beauté la singularité de cette pièce.

Mademoiselle Jones ouvre une porte grinçante tout en me dirigeant vers l'intérieur.

- Voici votre chambre. Vous la partagerez avec Mademoiselle Wilson. Nous ferons les présentations plus tard .

Je remarque alors une délimitation minutieusement installait. Un côté de la pièce est sobre, sans réelle caractère, même le lit semble malheureux de ce destin. L'autre est plus gai, coloré et organisé. Les bureaux soulignent les deux fenêtres et comme pour le lit, l'un d'eux est bien seul. L'odeur y est agréable , un brin fleuri. Je n'y vois, ni photos ni souvenir de la vie de ma future colocataire.

- Bien! Nous en avons terminé ... Je vous conduis dans le Hall. Monsieur Barnes, le directeur de l'établissement va vous recevoir.

Je reste toujours silencieuse face à cette femme. Elle est intimidente. J'ai bien trop peur d'être maladroite, lui donnant d'autres raisons de faire de ma vie un enfer. A son tour, elle traverse le couloir me laissant dans une solitude agréable. Les mains derrière le dos, je m'approche des vitrines qui ornent l'entrée. Certaines photos sont d'une autres époques mettant en avant l'excellence de cette école. Le nom des Ricklefs en gros caractères paré de fines feuilles d'or ne fait qu'augmenter la pression de faire parti de la descendance du fondateur de cet école.
Ma grand-mère, Mary, a obligatoirement fait l'éloge de notre famille lors de notre emménagement. De l'arbre généalogique à l'ampleur de leur dynastie, j'ai du apprendre tous les détails pour espérer ne plus l'entendre se plaindre de mon éducation. A croire que nous ne vivions que d'amour et d'eau fraîche sur une île déserte à l'écart du monde civilisé.

- J'ose espérer que vous honorerai le nom de votre arrière-grand-père Miss Miller ?

Interrompu par un homme mûr, d'une tenue soignée et d'un visage plus aimable qu'est la teneur de sa voix.

- Je l'espère ... Ma grand-mère a du vous soumettre mon désir de ne pas divulguer la généalogie de ma famille.

- Effectivement. Je comprends votre envie d'anonymat même si il y a de quoi être fière de ses origines Miss Miller !
Il n'y a pas de favoritisme ici ... On se démarque que par son talent !
Bien suivez- moi .

Il entre à son tour dans ce fameux couloir sombre qui mène je ne sais où mais qui me conduit obligatoirement vers la fin de mon ancienne vie. Il entrouve une porte, la silhouette d'une femme en tailleur se redresse à l'apparition de Monsieur Barnes.

- Je reçois Mlle Miller merci de ne pas me déranger.

- Très bien Monsieur Barnes.

Il referme la porte derrière lui pour me conduire dans son bureau. A l'image de l'école, un grand bureau en acajou flammé où s'accumulent d'innombrables dossier en chemises multicolore. Un immense tableau d'un navire très sombre accrochait en face du bureau donne à la pièce une projection d'un musée que je n'aurai même pas visiter. Je retrouve l'odeur particulière que j'avais senti dans la pièce commune.

- Asseyez-vous Mademoiselle Miller.

Face à son bureau, une panoplie de cadre photos. J'imagine une grande famille qu'il admire quotidiennement entre deux rendez-vous. Ma curiosité est ébranlé par le manque de visibilité face à des cadres bien positionné devant lui. Il tapote sur le clavier de l'ordinateur tandis que ses yeux font des va-et-vient entre les touches et l'écran.

- Bien. Votre dossier n'est pas si catastrophique. Qu'est ce qui vous motive ?

- Euhhh...

- Qu'est ce que vous aimez faire ? Votre matière préféré ?

- Je ne pensais pas devoir passer un entretien...J'avoue que je ne sais pas ce qui me motive, ce que j'aime, ce que je veux faire de ma vie ... Je me lève le matin avec le désespoir de vivre une nouvelle journée.

Mes yeux sont légèrement larmoyant lorsqu'il dépose son stylo sur son bureau et qu'il intensifie son regard dans ma direction. Il devient légèrement plus doux.

- Je suis vraiment désolée pour vous Mlle Miller. L'annonce du décès de vos parents ont été une véritable tristesse pour moi .
J'ai connu votre mère durant nos études !
D'ailleurs vous lui ressemblez beaucoup... Je vais faire en sorte de vous aider à créer votre avenir.

Ma voix est nouée de chagrin, mes mains serrent si fort le bas de ma jupe pour m'empêcher de fondre en larme. Je me concentre sur ma respiration. Il continue de parler du programme de l'école. Il n'imagine pas a quel point je ne suis plus là. Je veux seulement que cette journée se termine, que je puisse me blottir contre le foulard de ma mère . Sentir son odeur, l'imaginer me sourire avant de m'endormir.

- Très bien ... Si vous avez des questions où seulement besoin de parler n'hésitez pas à prendre rendez vous avec ma secrétaire. Je suis ravi de vous compter parmi nous Mlle Miller. Votre avenir est à portée de main ...

Il se lève et me précède jusque la porte de son bureau. D'un petit sourire amicale ... Ce même sourire que les personnes arborent en apprenant la mort de mes parents... Compatissant ! Il pose maladroitement sa main sur mon épaule espérant montrer à quel point il éprouve des maux ou de la souffrance envers mon histoire.

- Merci Monsieur Barnes...

Il étire son bras vers l'avant obligeant à sa manche de découvrir sa montre afin d'y lire l'heure.

- Vous pouvez vous installez dans votre chambre et parcourir le campus. Mademoiselle Wilson vous retrouvera à la fin des cours. Bonne journée Mlle Miller

- Merci vous aussi .

Il referme la porte derrière moi me laissant de nouveau seul et hésitante. J'affronte chaque journée comme un défi. Vais-je vivre de cette façon jusqu'à mon dernière souffle. J'imagine que si Jarod n'existait pas j'aurai baissé les bras depuis longtemps. C'est insupportable et atroce de vivre avec cette peine et cette terreur quotidienne.

L'amour Des Sens (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant