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Me voici encore seule, hésitante et incapable de poser le pied, de l'autre côté du portail. Ce monde est devenue bien sombre, effroyablement impitoyable pour une jeune fille comme moi.

Mes mains sont tremblante et glaciale, mon cœur se déchaîne tandis que mon esprit est en prison dans un souvenir effroyable. La terreur d'une nuit qui a fait de moi une orpheline. Je n'aime pas ce mot pourtant c'est ce que la policière n'a cessé de répéter, les larmes aux yeux, lorsqu'elle regardait mon petit frère et moi, assis dans l'ambulance.

Cette nuit là, a bouleversé nos vies, bani cette confiance en moi et effacé ma perspective d'avenir. Celle que j'avais construite depuis mon enfance à Woodvillage.

Pourtant me voici, face au portail ghotique en fer forgé du pensionnat, dans une tenue qui aurait été un sujet de plaisanterie avec ma mère. Les jambes flageolantes, une petite valise noir à la main et cette furieuse envie de fuir.

Je ne manquais pas de courage avant le drame, j'étais une autre personne. Ma témérité est devenue spectatrice de cette vie, se réjouissant du mélodrame quotidien.

Mon frère, Jarod, a gardé son âme d'enfant, des terreurs nocturnes le réveil encore la nuit. Contrairement à moi, Jarod a décuplé son courage, il est bien plus brave que moi. Et il en faut pour continuer à vivre avec notre grand-mère. Sa mégalomanie avait contraint notre mère à fuir avec mon père qui n'était certainement pas le choix parfait pour sa fille. Elle était promise à un jeune héritier, un pacte qui avait été conclus par mon arrière grand-père avant sa mort. La veille du mariage, elle a tout quitté, la richesse, l'opulence et la sécurité d'une vie toute tracée. Comment pouvait-elle se marier avec un homme qu'elle n'avait jamais rencontré ? Alors que son coeur appartenait au fils d'un simple ouvrier d'usine.

Il m'arrivait d'espionner les conversations de mes parents, les reproches avaient créé un personnage désagréable et présomptueux. Ceci est devenue bien réel lorsque Jacod et moi sommes venus nous installer chez elle. Tout a changé a l'instant même où le regard de ma mère terrorisée et rempli de larme s'est éteint. Je pouvais jouer le rôle de la rebelle n'acceptant pas ses conditions, ses ordres et son envie de nous modeler comme l'élite d'une famille de la haute société. J'aurai tant voulu être cette jeune femme. Je suis devenue docile à l'instant même où j'ai compris que Jarod avait besoin de cette sécurité. Je culpabilisais de ce qui lui était arrivée lors du cambriolage.

Ainsi quand ma grand-mère a décidé qu'il était nécessaire que j'intègre le célèbre
Campus de Pebble Beach en Californie, pour honorer la mémoire de mon arrière grand père, j'ai accepté à contre-coeur. Qui aurait pu imaginer que moi, Hayley Miller, jeune étudiante de 16 ans dans un lycée public aurait accepté de rejoindre l'élite que ma mère avait tenté de nous faire fuir.

Une lutte intérieur entre l'ancienne Hayley et le modèle de la fameuse famille Ricklefs m'immobilise devant ce grand portail. Au loin mon regard, effrayait par l'ampleur et la frénésie de ces jeunes étudiant qui arpentent les allées du lycée, me terrorise. Un souffle chaud se glisse dans ma nuque faisant tournoyait une mèche le long de mon épaule.

- Quoi que tu puisses penser ces personnes sont bien pire !

Mon coeur s'accélère lorsque mon corps marque ce sentiment de peur par un sursaut. D'un pas, il se retrouve face à moi, amusait par la situation qu'il vient de provoquer. Ce n'est pas un jeune homme d'apparence ordinaire, ni trop maigre, ni trop gros, les cheveux brun très court. Des yeux vert vif et étincelant qui accompagne des lèvres moqueuses. Il me dévisage, j'ai un sentiment de malaise qui plane autour de moi. Il n'est pas vêtu de ce fameux uniforme imposait par l'établissement mais d'un pantalon de costume noir et d'une chemise bleu parfaitement lisse, les manches légèrement retroussaient sur ses avant-bras.

- As-tu besoin d'une escorte ?

Il semble tellement sur de lui. Pense-t-il vraiment pouvoir sauver une petite princesse pour flatter son égo?

- Je suis désolée mais t'ai-je donné l'impression que c'etait le cas?

Il glisse ses mains dans ses poches de pantalon prenant une pose plus solennelle après avoir simuler un léger haussement d'épaule.

- Mademoiselle Miller ?

Le son d'une voix féminine interrompt se regard imposant que l'on s'inflige. Aucun de nous deux ne voulait lâcher les armes.
Une petite femme en tailleur noir arborant les armoiries du pensionnat sur la veste se positionne au côté de ce jeune homme.

- Mademoiselle Miller je suppose ?

- Oui ...

- Madame Ricklefs ne vous a t'elle pas appris la ponctualité ? Nous vous attendions à 8h00 et sauf erreur de ma part il est presque 8h30 ... Monsieur Parker pourriez-vous me donner l'heure ?

Il prend un malin plaisir de lire l'heure sur sa montre illuminant son visage moqueur d'un léger sourire.

- 8h26 Mlle Jones ! J'ai pourtant essayé de la convaincre de rentrer... J'ai même proposé de l'accompagner !

Je suis passée d'un malaise à une volonté profonde de le faire taire. Les tremblements de ma main aimeraient rencontrer son arrogance en se déposant violemment sur sa joue. Il me rend folle de colère ! tout en s'amusant de la situation il continue ses grimaces en présence de Mademoiselle Jones.

- Monsieur Parker pourriez vous déposer la valise de Mademoiselle Miller dans le hall ? Ne perdons pas de temps veuillez me suivre ...

D'un pas léger et rapide elle me précède et d'un long monologue elle détail les lieux. Je la suis, entraînait dans un spectacle éloquent d'un lieu familier pour une partie de ma famille. Le pas lourd de Monsieur Parker m'agacent... Il prend soin de rester derrière moi jusqu'au hall d'entrée.

- Je vous remercie Monsieur Parker. Il vous attend dans son bureau.

- Très bien . Au plaisir Mademoiselle Miller !

Pris d'une légère quinte de toux, Mlle Jones, me fixe du regard.

- Nous avons beaucoup de travail à faire ... Je pense que Monsieur Parker pourrais obtenir un remerciement de votre part Mlle Miller !

Je me tourne dans sa direction avec une obligation déroutante. Son visage gagne en insolence, un regard qui me met au défis. Il glisse de nouveau ses mains dans ses poches et reste immobile en attente d'une phrase qui gonflerait son égo.

- Merci .

Je ne peux pas m'empêcher d'y joindre un léger sourire amer. J'aurai voulu y ajouter un petit geste correspondant à mon agacement. Lever ce majeur dans sa direction, tendu et verticale en signe d'hostilité aurait conclus cette rencontre à la perfection. Théâtralement, il quitte le hall et traverse un couloir sombre et austère.

L'amour Des Sens (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant