These are midnight stories

Une mer de mensonges.

Les vagues de mensonges.

Les vagues déchaînées s'abattaient sur le rivage

Tandis que moi, demi-portion parmi ces géantes,

Je cherchais la frayeur d'un monde nouveau qui me fascinait.

Droite devant les hautes et étincelantes vagues hurlantes

Eclaboussée d'écume suintante

Consciente du danger du courant

Je restait là pendant des heures, à confronter cette peur

Peur qui ne viens jamais, peur assoupie, peur dominée.

Chaque jour, encore et encore je faisais face aux vagues meurtrières,

Qui dans la tendre enfance de ma mère avaient été responsables de milles maux,

De son nez bousculé, de son asthme continu, des cicatrices dans son dos.

On m'avais appris à me méfier de ces vagues, comme d'une maladie talentueuse

On m'avais inculqué la peur d'un paysage que je ne connaissait

Trop gris pour que l'on y voit bien, trop mouvant pour l'on s'y tienne bien.

C'était un paysage de misère, un paysage en colère,

Colère de Dieu inspirée par la désobéissance de la présence de pieds fragiles sur le sable rugueux.

Paysage du diable,

Maudissant de contemplations les âmes possédés de folie

Une folie divine au-delà de toute raison,

Une contemplation coupable d'âmes qui s'adonnent à rêver

Lorsqu'il est l'heure de préparer le souper.

Et j'avais grandi dans cette peur d'un inconnu qui m'attirai,

Une peur qui ne pouvait contenir les torrents déchaînés de ma curiosité.

Une peur immuable, dont j'avais appris à m'accommoder.

Alors je quérissais cette peur

En l'implorant de venir à moi, si chétive face à une force capable de soulever des montagnes

Capable de faire pousser du blé, capable de donner à un enfant du lait.

Je quérissais cette peur comme si ma vie en dépendait

Comme si rien au monde n'aurait pus plus me combler,

Que d'avoir peur d'un paysage si tranquille

Rempli de mot bleus et de nuance comportant une infinité de possibilités,

Dans un avenir qui ne faisait que commencer.

Soudainement, et aussi rapidement que la mouette qui venait de décoller,

Les vagues disparurent, comme avalées.

Elle retournèrent en arrière,

Rebroussaient chemin vers le passé,

Le passé lointain, encore inachevé.

Comme j'enviait ces vagues souveraines du temps

D'un bleu azur face auquel mes yeux verts faisaient pâle figure.

Des vagues que rien ne suffoque,

Pas même la grise fumée des véhicules,

Pas même la lune, dans ses jours les plus mornes.

Je sentais en cette mer de souvenirs

Une puissance ancestrale.

Qui avait décidé d'a son tour,

M'abandonner, orange de solitude.

Alors que je me sentais partir,

Et ce pour de bon

La mer revient se loger à mes pieds dans un vacarme charmant

Amenant avec elle les voix et chants des cœurs de naufragés,

Lançant un ultime appel à l'aide,

Dans une monde ravagé.

La mer, donc, revient se loger en entrainant avec elle ses amies montagnardes,

Dure comme la pierre à l'œil nu

Bleu éclatante comme leurs précédentes venues.

Ces montagnes accompagnée d'une brise déversant à mes pieds

Comme des mosaïques brisées,

Des animaux souffrant de milles maux humains,

Qu'aucun mot de pourrait soigner.

Des animaux dans de bien drôles écharpes,

Des animaux avec des yeux verts bouteilles.

Et je pris peur.

Pris peur d'une réalité dont je n'avais jamais eu conscience

Peur finalement, de ce monde d'adulte

Un monde où c'étaient eux le danger,

Et que cette peur n'était là qu'un mensonge.

Mes larmes salées et impuissantes roulèrent sur la carapace dure mais toute aussi impuissante,

D'une tortue, noire d'encre

Enveloppée d'une méduse à pictogrammes.

Au comble du désespoir,

Seule et abandonnée de tout foi en une humanité menteuse et trompeuse,

j'entendis un son sourd, venant du nord.

Un aboiement, d'un chien craintif,

Une autre âme que le mensonge avait corrompue,

Une âme aux yeux brisés, pleurant pourtant d'amour pour sa nouvelle conjointe.

Brisée mais réveillée, je fis face à la mer désolée

Ne l'ayant jamais trouvé si forte,

Qu'en ces instants de faiblesse compatissantes.