CHAPITRE 56 : « L'espoir est le remède de l'âme »

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E D E N

La bulle des tracas de l'amour a volé en éclat en quelques jours, quelques heures mêmes. La vie a un goût de douceur, tandis que le printemps prend place sur Terre. Pendant que des teintes océans peignent le ciel, les allées, les rues se remplissent de bourgeons. La ville devient toile des saisons. Les arbres reprennent un vert criard, les parterres de fleurs laissent éclore des couleurs pastels et la brise tendre agite les buissons de délicats crépitements. Alors que les rayons timides du soleil arrosent le paysage, mon âme soigne lentement. J'éprouve une profonde fascination, en percevant combien ce renouveau éloigne mes pensées sombres. Me sentir spectateur de ma propre vie était une sensation si désagréable que sentir la vie glisser abondamment dans mes veines fait changer toutes mes perspectives. Les vagues de tristesse ne parviennent plus à me noyer, maintenant que je peux de nouveau respirer, avec la tête hors de l'eau. L'ouragan reviendra, mais le calme est si doux.

— Alors ? Tu viens ? s'impatiente Adès.

Sa main tire la mienne et je manque de perdre l'équilibre, face à son enthousiasme grandissant. Son sourire me permet d'observer combien la joie est complémentaire à son être. En déambulant dans les couloirs du lycée à sa suite, je scrute les lueurs de malice dans son regard. Je ne sais pas ce qu'il mijote, mais ça m'intrigue fortement. Quelques regards appuyés sur nos mains liées font frémir mon cœur, pendant que mon poing droit se crispe dans un réflexe stupide. Cependant, la fierté de tenir la main de mon amoureux dans la mienne étale un sourire sans pareil sur mes lippes. A cause de la précipitation et de l'enthousiasme de Adès, mon corps percute la silhouette d'une lycéenne et je m'excuse piteusement avant de me laisser emporter par le blond.

— Accélère, p'tit ange !

Mon cœur devient victime des intonations de sa voix, du timbre de son rire, de la couleur de ses iris et du dessin de son sourire. Plus le temps passe et plus l'amour déploie ses ailes dans le creux de ma poitrine. Je commence à comprendre pourquoi tant de gens disent qu'il est compliqué d'aimer quelqu'un qui ne s'aime pas. Avec mes peurs et mon dégoût paradoxal, j'avais réussi à métamorphoser le sourire de Adès en d'affreuses larmes. Maintenant, à chaque seconde, la confiance gagne un peu plus mon corps. A chaque instant, la joie de vivre gonfle un peu plus mon cœur. Mon bien-être contamine un peu plus mon petit-ami. C'est comme un échange de flux coloré d'amour et de douceur.

— Tu vas trop vite pour moi, je grommelle.

Le rire de Adès fait vibrer mon palpitant dans ma cage thoracique. La spontanéité de nos moments me fait sourire si sincèrement que mes joues brûlent d'euphorie.

— C'est ce qu'ils disent tous ! Mais j'suis sûr, qu'un jour, tu m'supplieras d'aller plus vite, il se moque avec un clin d'œil.

Mes joues prennent une teinte si écarlate que je peux pratiquement sentir le sang frémir contre mes tempes. Sous son sourire amusé, je me cache derrière ma seule main libre, dans l'espoir de me soustraire à son regard provocant. La gêne me collant au corps, je laisse Adès ricaner pendant quelques secondes, avant de lui envoyer doucement mon coude dans les côtes. Sans un mot, notre course effrénée reprend, dans les couloirs du bâtiment principal. Nos pieds foulent le carrelage frais en rythme, alors que nous slalomons entre les silhouettes d'adolescents inconnus.

— Vous pourriez vous cacher au moins. Allez en Enfer !

La voix fluette d'une jeune blonde retentit derrière nous. Elle aurait pu passer inaperçue tant son timbre est faible, pourtant chacun de nous l'entend. Mon cœur manque de dégringoler à mes pieds, tandis que Adès se fige brutalement. Le demi-tour qu'il effectue lentement permet à ma respiration de ne pas se bloquer dans ma gorge. Je ne suis pas seul. Peu importe ce que peuvent dire les autres, la solitude ne peut plus me hanter totalement. Malgré mon cœur déchainé, je parviens à lire l'amour que mon petit-ami m'envoie à travers un simple regard, avant qu'il ne se tourne complétement vers l'auteure de ces propos.

Le Fracas de nos CœursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant