Chapitre 8

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[ELLIOT]
Chambre d'Elliot.6h47.

Ma convocation est à 7h30. Je reste planté devant le costume que ma mère a posé la veille sur ma chaise. Quelle idée stupide ! Un costume pour mourir...et puis quoi encore. Cette tenue ne m'inspire que ça, la mort. Il était dans mon placard depuis toujours, me demandant parfois ce qu'il faisait là. Il était toujours trop grand, mais aujourd'hui, il me va bien. Il coïncide d'ailleurs avec mon visage dénué de toute joie depuis la mort de Paul. Sur le costume se trouve une photo que ma mère a posé, celle d'Amandine.

Elle veux revoir une dernière fois mon sourire j'imagine. Et bien que je redécouvrais chaque jour sa beauté sur ce cliché, aujourd'hui, ça ne marche pas. Am ne peut plus rien faire. Je suis un homme mort.

[JADE]
Maison d'Emma.6h59.

DIIIIIIIIIIIINGDOOOOOOOOONG !

EMMA : Voilà, voilà !

Emma m'ouvre la porte et me regarde, interrogatrice.

MOI : Salut. T'es prête ?
EMMA : Salut! Ouais mais Am n'est pas là ?
MOI : Je suis passée la chercher mais elle m'a dit qu'elle préférait y aller à pied, seule.

Emma m'invite à rentrer. Elle a l'air pensive, et inquiète, et je ne peux m'empêcher de lui demander pourquoi.

EMMA : J'ai des choses à te raconter.

Elle m'explique alors toute l'histoire. Le fait que Am avait mis sa fierté de côté pour se confier à elle était sûrement un appel au secours de sa part.

MOI : On doit la voir avant. Je dois lui parler avant le passage d'Elliot.

EMMA : Si on court on arrivera peut-être à la rattraper.

MOI : Ouais....

EMMA : T'aime pas courir je sais, mais pour Am, tu peux faire ça ?

Je me relève rapidement et acquiesce.

MOI : C'est parti !

Alors on court. Emma et moi, pieds dénudés, nos escarpins à la main, courons comme nous ne l'avions jamais fait. Au bout de quelques minutes, on aperçoit la silhouette d'Amandine sur le trottoir, sa robe bleue en tulle caressant le sol dans une marche rapide. On continue à courir, nos pieds brûlés par l'asphalte qui bronze au soleil. Lorsqu'on l'atteint, elle nous regarde d'un air vide, et on continue son chemin.

MOI : Am ?
AM //toujours en marchant// : Heureusement que j'avais dit seule...
MOI : Mais...

Je m'arrête, comprenant qu'insister n'aurait servi à rien. Je remets mes chaussures, tandis qu'Emma marche à côté de moi, toujours le regard perdue dans ses pensées.

[AMANDINE]
Salle d'attente.7h15.

Le silence règne dans la salle, alors que nous ne sommes que trois. Le seul bruit perceptible est celui de mon pied qui s'agite par impatience et par stress. Soudain, la porte s'ouvre sur Elliot. Je me lève et court vers lui, le prenant dans mes bras. Mais les siens ne suivent pas mon étreinte. Je me détache et le regarde. Je recule en voyant l'état dans lequel il est. Son visage rougit par une cascade de larmes et de détresse. Son regard sans vie, n'inspirant et ne dégageant qu'un appel au secours. Il ne dit rien, ne me regarde pas. Je me sens tomber mais Jade et Emma arrivent à temps. Elle m'accompagne à mon siège.

J'attend alors un quart d'heure, assise sur une chaise en plastique alors que l'homme que j'aime attend la mort, sans se battre. Je me remémore la scène de mon test, me rappelant ainsi la confiance qui m'a inondé sur le pas de la porte, cette force qui...

Je me lève et tire le bras d'Elliot, le sortant ainsi de ses pensées.
Je le prends à part, tandis qu'il me suit d'un pas nonchalant.

MOI : Elliot, tu vas m'écouter maintenant.
ELLIOT : À quoi bon...
MOI : Tais-toi ! J'ai trouvé un moyen de tromper la machine... Ça a marché pour moi...
ELLIOT : Ça a marché pour toi parce que tu es quelqu'un de bien, moi...
MOI : Peu importe ce que tu es, c'est tes actions qui te définisse ! Qui que tu sois, tu ne mérites pas de mourir en raison de ta naissance.
ELLIOT : Si je m'avère être l'un d'entre eux, alors la mort sera mérité...
MOI : Qu'est-ce-que tu racontes tu...

La porte de bois s'ouvre aussitôt sur la mythique Révélatrice. Elle appelle Elliot à la rejoindre. Celui-ci se dirige vers elle, sans un mot à quiconque, ni à ses parents, ses amis, les filles, ni à moi. Alors qu'il passe le pas de la porte, je cris.

MOI : La confiance Elliot, c'est ça le secret...!

Mais la porte se referme sur mes paroles. Je m'attends alors à patienter quelques minutes mais la porte s'ouvre quelques secondes plus tard.

La Révélatrice, aux côtés d'Elliot, déclare la phrase qui, a ce moment-là me tue à jamais. Chaque syllabes prononcées agit en moi comme un balle en plein cœur. Je sens mon corps se détacher de toute vie, le sol disparaître sous mes pieds. Je tombe à genoux, la porte se refermant sur le visage inexpressif d'un vivant déjà mort. J'hurle de toute mes forces, de toute ma souffrance, n'attendant rien en retour. Je ne suis plus moi, je suis un ensemble de particules, rien d'autre. Mon corps pouvant encore marcher, je ne suis plus en vie.
La salle s'assombrit et je tombe dans le noir.

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Je dédie ce chapitre à Marie, qui au moment où elle lit cette phrase, est totalement dégouté de ce chapitre. Je te fais de gros bisous, et encore désolée.
Quant à vous, continuez à voter et à commenter. Ça me fait super plaisir de lire vos petits messages, commentaires comme privé, alors milles fois merci !! ♥

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