Le Châtiment

Prologue

La clarté de la lune baignait les lieux d'une lueur légèrement bleutée, rendant l'atmosphère quelque peu mystique. Seul le bruissement de la brise remuant les feuillages alentours se faisait entendre et il était possible d'apercevoir les contours mouvants de lapins insouciants. Un ruisseau sinueux parcourait la vallée et sa surface était parsemée d'admirables nénufars. Soudain, un son insolite vint briser la quiétude de ces lieux paisibles. Cependant, il n'avait rien de déplaisant : au contraire, il semblait ajouter un élément indescriptible à l'harmonie générale. Ainsi, alors que le son s'intensifiait, les nuages se déplacèrent de manière à former un tunnel brumeux et apparut l'Ineffable dans toute sa sublimité.

Tout en Lui échappait à la compréhension humaine et Le décrire se révèle être une tâche bien fastidieuse. Sa surface était entièrement constituée de ramures et de branchages. D'immenses feuilles verdoyantes brassaient l'air telles des ailes titanesques et les battements de Son cœur retentissaient tels des tambours. Il vint du firmament par un procédé dont l'Humanité n'aura jamais connaissance et Il atteint la Terre dans d'incroyables secousses. Qu'était-ce que cette créature à la fois merveilleuse et insolite ?

Après avoir atterri, l'être ailé poussa un mugissement sonore et les branchages qui Le constituaient s'écartèrent pour former un passage feuillu. Alors, d'étranges Silhouettes s'extirpèrent de l'entité par la brèche et une fois qu'elles parvinrent à l'air libre, les ramures s'animèrent et obstruèrent l'accès. Les Silhouettes semblaient vêtues d'un manteau d'étoiles et leurs corps n'étaient pas visibles sous leurs obscurs capuchons.

Alors, l'une d'elles prit la parole... Mais sa voix n'en était pas réellement une : c'était une mélodie cristalline dont les notes « s'entrelaçaient » de manière à former des syllabes.

« MES CONFRÈRES, CETTE TERRE EST CONDAMNÉE... MÈRE NATURE SE MEURT ET SES PROGÉNITURES SONT EN GRAND PÉRIL.

« LE PAYSAGE QUE VOUS CONTEMPLEZ FUT PRÉSERVÉ DE LA DÉSOLATION... MAIS SACHEZ QUE SI NOUS DÉSIRONS METTRE FIN À CETTE DÉVASTATION, IL NOUS FAUDRA PÉNÉTRER DANS LEURS IMMENSES CITÉS. TOUT SIMPLEMENT PARCE QUE JE REFUSE D'ANNIHILER UNE ENTIÈRE CIVILISATION SANS L'ÉTUDIER. »

Sur ce, les Silhouettes quittèrent les lieux, lévitant légèrement quelques centimètres au-dessus du sol.