La soirée bat son plein. Les verres se vident aussi vite que les esprits, et chacun noie sa monotonie dans ce breuvage insensé. Les dossiers fusent sur chacun d'entre nous qui profite de la nouvelle arrivée pour sortir les anecdotes que tout le monde connait. Je crois que chacun en a pris pour son grade. Wendy s'entend bien avec Caleb et Erwan. Elle a l'air joyeuse et enjouée et elle s'entend vite avec le reste du groupe. Elle n'est pas timide, parfois même effrontée. On cause peu tous les deux, elle m'en veut encore ?
Je m'écarte pour rejoindre la fenêtre et allumer ma deuxième source de lumière. Elle me rejoint et m'emprunte mon briquet pour allumer le sien, qu'Erwan lui a gracieusement offert. Elle a un sourire étrange en inspirant la première bouffée.
-T'as l'air dans ton élément.
Elle me regarda en expirant son nuage d'euphorie. Je ne voyais jamais un sourire quand elle s'adressait a moi. Son regard était froid et constamment agacé.
-Contrairement à toi.
J'eu un petit rire a sa provocation ce qui ne faisait que l'agacer encore plus.
-Et pourtant au départ il n'y avait que Caleb Nora Jerem' et moi.
Elle me regardait étonnée, gardant le silence en train de fumer son joint. Elle regardait par la fenêtre écoutant cette douce musique que sont les cris des étudiants et jeunes adultes faisant la fête dans cette rue piétonne.
-C'est plus joyeux que Paris.
Elle avait dit ces mots avec une voix emprunte de nostalgie. Elle avait un sourire presqu'endeuillé en regardant dehors. Pas si joyeuse que ca notre petite Wendy.
-T'es chiant Mel.
-Qu'est ce qui t'arrive ?
-Tu fais la gueule, tout le temps.
J'émis un bref silence avant de lui répondre.
-J'ai la dalle je vais chercher un truc à bouffer.
Je me dirigeai vers la cuisine et prit une part de pizza que je commençais à manger. Je la déprime vraiment ? Je réfléchissais a un moyen de briser la glace entre elle et moi en me servant un verre de rhum. J'entendis des pas derrière moi, des ongles claquer sur la table, et une voix cristalline s'élevée et réciter d'une manière mélancolique un texte que je connaissais bien.
« La pluie tombe malgré la lune brillante
Elle vient des étoiles qui ont cessé d'être étincelantes
Elles gouttent sur les pavés d'une rue pourtant bien vivante
Aux charmes éclairés de ces esclaffes assourdissantes
L'heure tourne... »
Je fermai d'un coup sec le carnet qu'elle avait dans la main. Mon carnet. Mon texte. Mon intimité. Instinctivement je fouillais dans la poche arrière de mon jean. Je lui lançais un regard froid et accusateur.
-C'est pas a toi. T'as rien à faire avec ca.
Elle me regardait étrangement sans dire un mot. Elle était toujours aussi belle, toujours aussi charmeuse, mais son regard était différent. Il était curieux, attentionné, presque admiratif. Ses yeux bleus profonds me sondaient, m'étudiaient. Ils étaient emprunt d'une sensualité dévorante.
-T'es un abruti Mel. Mais t'es un abruti que j'aime bien.
Je bus cul sec mon verre de rhum. Et lui en servit un.
-Crois moi ma grande. On va voir si tu vas continuer de m'apprécier dans quelques minutes.
Elle eu un sourire assuré et répondit parce que je voulais entendre. Surprend moi Wendy.
-Je vais t'étaler Mel.
-J'attend que ca ma Wendy.
Elle finit cul sec son verre. Chacun notre tour on enchainait les verres et les vers. Enfin, une autre ivre des mots. Enfin droguée à la poésie.
- A deux doigts, je veux son temps se consumer a mes lèvres
Inspirer son bonheur, et sentir monter la fièvre.
- Allongé, son essence coulant dans mes veines,
Mon extase grandit là où elle a planté ses graines.
- Si la nuit remplit de doutes et pourfend les cœurs
La substance additive remplie des cerveaux déjà ivres de bonheur
- Les baisers se font plus brûlants que la liqueur
La souffrance oubliée par des touchés baladeurs
- Mon étoile s'est envolée bien au dessus du premier ciel
Mon astre cérébral curieux d'une beauté irréelle.
Chaque vers s'accompagnait d'un autre verre. Chaque liqueur brûlait nos gorges autant que nos âmes. Puis l'euphorie arriva a son tour chassant les idées noires et les tourment. L'amour naissant dans les mots de l'autre. Une passion commune qui réunissait nos mains dans une danse aussi tournoyante que nos têtes. Perdition, amour, colère, admiration, rancune, attirance, tout ces sentiment qui ne font qu'un après quelques verres et qui se mêlent au rythme effréné qu'est cette danse anarchique.
On s'écroula épuisés. Le rire nerveux, l'œil divaguant, les couleurs trop fortes.Elle avait le regard perdue, le corps s'évanouissant sur sa chaise, son verre presque vide à la main. L'ivresse lui va si bien. Caleb entra dans la pièce, bien saoul lui aussi.
-Eh ben vous en tenez une bonne vous deux haha. 'Vous écroulez pas d'suite, Erwan a ramené « L'alcool qui rend fou ».
Je me redressai prêt a avaler encore quelques verres. Wendy se redressa, prête a en assumer encore un ou deux elle aussi, et on retourna dans cette ambiance si particulière qu'est l'ivresse festive. Celle pour qui mon amour est eternel.
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Il Pleut Sur Nos Joints
Teen FictionMel, un jeune adulte qui profite de sa vie. Drogue, Alcool, amour ; une prison, une libération ? Qu'importe, il va vivre cette histoire a fond.