Menace (Pikulena)

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Je marchais dans ces rues vides et délabrées des bas-fonds de la ville. Quel coin pourri. Tout paraissait sale et désordonné en ces lieux. Bien que l'apparence de cet endroit ne devait pas être ce qui préoccupait le plus ceux qui y habitaient. Ce qui comptait, c'était la survie. L'arme dissimulée sous ma veste en était une énième preuve. Je devrais rebrousser chemin et rentrer chez moi, j'avais déjà rôdé dans les parages durant une bonne heure déjà, et rester sans arrêt sur mes gardes commençait à m'épuiser. Et puis, si je ne voulais pas me faire repérer, je ne devrais pas m'éterniser ici. J'avais recueilli suffisamment d'informations pour le moment. Une fois plus rapprochée du centre-ville, je saisis mon téléphone afin d'appeler mon supérieur et le tenir au courant de ma situation. Il décrocha au bout de deux sonneries et prit la parole en premier, comme à son habitude.

- Magath, j'écoute.

- J'ai terminé mon observation pour aujourd'hui, je vous envoie mon rapport dès demain matin.

- Entendu.

Sans plus d'effusions, nous raccrochions en même temps. Inutile de se perdre en bavardage futile, surtout en un tel lieu. Alors que je m'apprêtais à continuer mon chemin en direction de mon appartement, je déviais subitement ma route, un mauvais pressentiment m'ayant saisi. Est-ce que quelqu'un m'avait suivi depuis que je revenais des bas-fonds ? Je ne pus vérifier sans exposer clairement mes doutes. Que faire pour en avoir le cœur net ? J'avais déjà eu à faire à des situations bien plus complexes, il fallait que je garde mon sang froid pour pouvoir prendre une décision rationnelle. Je fis mine de me gratter les côtes pour me saisir de mon couteau et le cacher dans ma manche.

Je passais devant un restaurant géré par un couple d'amis. Si je rentrais à l'intérieur cela pourrait faire fuir mon potentiel traqueur, car il pourrait vite faire la conclusion que j'ai pu leurs faire part de ma situation et donc avoir une porte de sortie en cas de danger. Mais si je choisissais cette option, je ne saurais pas qui me suivait et pourquoi. Et supposons que cette personne ait un quelconque rapport avec mon enquête, alors le risque serait d'autant plus élevé. Je décidais alors de continuer ma marche vers des rues de plus en plus isolées. Je sentais toujours sa présence, plus aucun doute n'était permis.

Aucun témoin aux alentours, je bondis alors sans prévenir sur la personne à mes trousses, collant la pointe de mon couteau contre sa gorge en guise de menace. Dans le même temps, elle pointa une arme à feu sur le haut de mon crâne. Désormais au sol, nous nous observions alors mutuellement sans que la moindre parole ne soit prononcée. C'était une femme plutôt grande avec de courts cheveux blonds et un ridicule postiche censé porter à confusion.

- Tu parles d'un déguisement, engageais-je la conversation.

- Miss Finger, pourquoi flânez-vous donc dans ces rues aussi tard ? Ce pourrait être dangereux.

Elle avait un sourire narquois et semblait confiante. C'était sûrement le genre de personne que l'on ne pouvait intimider facilement.

- Si vous connaissez mon nom je suppose que vous connaissez également la réponse à votre question.

- En effet. Posez donc ce couteau vous risqueriez de blesser quelqu'un par accident.

- Par accident ? C'est ce qu'on verra.

Notre position n'avait pas changé, aucune de nous deux ne voulut céder. Nos regards étaient plantés l'un dans l'autre et, comme dans un jeu enfantin, la première qui dévierait serait la perdante. Je l'avais observé suffisamment longtemps pour constater que, malgré cette barbiche, c'était une belle femme. Cette arrogance gravée sur son visage donnait du charme à son personnage.

O.S. AOT/SNKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant