7 - Conversation intérieure

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Allongé sur son lit, Albus fixait vaguement le plafond en repensant à sa journée. Il avait fait visiter le village tout entier à Gellert mais rien n'avait plus intéressé le jeune homme que le cimetière. Albus n'arrivait encore pas à croire que le hasard avait mis sur sa route un jeune homme de son âge qui cherchait les Reliques avec autant de ferveur que lui. Ils avaient continué à en discuter longuement après avoir quitté le cimetière de Godric's Hollow et avaient échangé sur les pistes qu'ils avaient déjà explorées, les idées qui leur restaient. Albus devait admettre qu'il était satisfait d'avoir trouvé un partenaire de conversation aussi brillant que lui. De toute évidence, Gellert était doué d'une indéniable vivacité d'esprit et son masque de sarcasme cachait une grande intelligence. Albus avait vite décelé chez lui une ambition qui entrait en résonance avec la sienne. Comme lui, Gellert semblait prêt à des sacrifices pour atteindre ses objectifs, et ne semblait pas passer beaucoup de temps auprès de sa famille. C'était la première fois que le jeune homme tombait sur quelqu'un qui semblait pouvoir le comprendre, quelqu'un de son âge, entendait-il par là.

Gellert et Albus ne semblaient pas avoir tout à fait la même vision du monde ou de la morale, mais le jeune anglais n'y prêtait pas grande attention ; il se concentrait plutôt sur ce qui les liait, et la recherche des Reliques en faisait partie. Il se remémora les mots qu'ils avaient échangés à la sortie du cimetière, près de la petite église.


"- Pourquoi les cherches-tu ? avait demandé Gellert avec intérêt.

Albus avait relevé les yeux vers lui.

- Pour... avoir le pouvoir de vaincre la mort ?

C'est la réponse la plus évidente, l'objectif même des trois frères du conte. Au fond, c'était un peu plus terre à terre que cela, même si, en effet, l'objectif final était toujours le même : rester en vie suffisamment longtemps atteindre tous ses objectifs. La pierre lui eût permis de parler à son père et à sa mère, et de s'excuser enfin de son absence. C'était une idée plus que séduisante, une idée nouvelle dans l'esprit d'Albus. Mais il avait tu cette pensée et ajouté :

- Pour changer le monde. Avant que quelqu'un d'autre ne le fasse.

Il n'était pas encore prêt à rentrer dans les détails avec un inconnu.

- Et quel est ton monde idéal, Albus Dumbledore ? avait demandé Gellert en appuyant sur son nom de famille comme si cette simple évocation en racontait toute l'histoire.

- Un monde où l'on aurait plus à se cacher, avait répondu Albus. Où l'on aurait plus honte d'être des sorciers.

- Comme à dû le faire ta sœur ?

Albus avait tiqué. Gellert avait le don de pointer au bon endroit. Oui, sa soeur avait dû se cacher, alors même que c'étaient des moldus qui étaient coupables de son attaque. Et son père avait péri à Azkaban pour avoir simplement vengé sa fille. Albus ne se faisait pas d'illusions, il savait pertinemment que tous les moldus n'étaient pas capables d'agresser une fillette de 6 ans, et que des sorciers pouvaient se montrer violents eux-aussi. Il ne faisait aucune généralisation. Mais la même pensée tournait en boucle dans sa tête : si les sorciers n'avaient pas eu à se cacher, alors ces moldus n'auraient pas trouvé étranges les pouvoirs d'Ariana. S'ils avaient tous vécus ensemble, alors personne n'aurait attaqué personne. Il connaissait l'histoire, il savait que par le passé, les sorciers avaient été victimes des moldus. Mais c'étaient des temps anciens. Aujourd'hui, les sorciers étaient nombreux, talentueux, et ils avaient tout à fait le pouvoir de se défendre. Il savait qu'avec un peu de temps, leur vie en harmonie était possible. Et il était persuadé que se cacher pour se défendre n'était jamais, jamais la bonne solution. Une sourde colère l'envahissait lorsqu'il songeait à ceux qui avaient pris de pareilles décisions. Tout cela devait changer, pour le bien de tous.

L'éternité est amèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant