Piégée par la nerd [terminé]

Chapitre 2 - De la maîtrise du droit d'auteur

Publié le 11 février 2021

2198 mots

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Le cours de droit de la propriété intellectuelle venait de s'achever, à mon plus grand soulagement. Cette fois, le professeur n'avait empiété sur son horaire que d'une demi-heure, ce qui – comparé à certaines de nos pires séances – était presque acceptable. Mais j'étais lessivée.

Comme d'habitude, l'amphithéâtre se vida immédiatement de ses occupants. La plupart des étudiants fuyait à la seconde où l'enseignant terminait son cours : c'était une stratégie calculée pour l'empêcher de se remettre à parler un quart d'heure de plus.

Je m'apprêtais évidemment à suivre le mouvement, quand quelqu'un m'interpela depuis les gradins.

« Éh, Delacroix, t'as une minute ? »

En me retournant, je reconnus Cassandra Dupont qui m'adressait de grands signes de la main. Je retins une grimace, en détaillant sa chevelure rose bonbon et ses collants déchirés. Il suffisait d'un regard pour deviner que cette fille n'étudiait pas le droit. Pour une raison qui m'échappait, elle et une poignée d'autres nerds du département d'informatique assistaient à certains de nos séminaires.

Ce n'est pas que leur présence me dérangeait, bien sûr, je ne suis pas une personne si fermée d'esprit. Mais je ne voyais pas quel intérêt ils tiraient de nos cours, à part celui de m'avoir raflé la meilleure note au semestre précédent. C'était à cause de ça que j'avais remarqué l'existence de Cassandra Dupont, même si ses tenues punk avaient aussi tendance à m'irriter les yeux.

« C'est important ? Demandai-je.

– Très important. »

Je soupirai, passablement ennuyée d'être retenue à la fin de ce cours interminable. La plupart de mes amis étaient déjà partis, et je fis signe à Bertrand de partir sans m'attendre, avant de redescendre dans les gradins.

« Très bien, qu'est-ce que tu veux ? Fis-je en abaissant un siège pour m'asseoir à côté d'elle. Je te préviens, je ne suis plus au bureau des élèves, donc si tu as des réclamations je ne peux pas t'aider.

– Ça n'a aucun rapport avec le BDE, répondit-elle de façon évasive. C'est plutôt une affaire d'ordre personnel. »

Elle regarda sereinement le professeur quitter l'amphithéâtre, totalement indifférente à mes soupirs impatients. Puis, quand nous fûmes absolument seules, elle se tourna vers moi avec une drôle d'expression. On aurait dit un chat qui s'apprêtait à dévorer un oiseau.

« C'est marrant, dit-elle, parce que je n'imaginais pas qu'une meuf comme toi aimait le BDSM. T'es moins coincée que t'en as l'air. »

Je restai muette quelques secondes, incapable d'assimiler ce que je venais d'entendre.

« De... quoi tu parles ? Articulai-je difficilement.

– Disons que je ne trouve pas que « Carré d'As » soit un titre très aguicheur, mais par contre, le contenu... C'est osé, mais je veux bien croire que tu trouves ton public avec ce genre de saloperies. »

Je me contentais de l'observer avec un regard vide, trop sonnée pour trouver quelque chose à répondre. Mon pire cauchemar était littéralement en train de se dérouler sous mes yeux – ça avait de quoi choquer un peu.

« J'ai intercepté ton manuscrit, expliqua-t-elle face à mon manque de réaction. Je sais que c'est toi qui écris ces bouquins scandaleux, là. J'en ai vu plusieurs à la librairie, au rayon romance, on dirait qu'ils ont pas mal de succès. »