Chapitre 8 - Café moka et cappucino froid

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Publié le 25 février 2021

2009 mots

*

Un vent glacial se déchaînait dehors, charriant même quelques minuscules flocons de neige. Ces petits points blancs, à peine perceptible depuis les fenêtres, fondaient à la seconde où ils touchaient le sol. Personne ne s'attardait à l'extérieur – on traversait la cour au pas de course, soigneusement emmitouflé dans son écharpe, avant de se réfugier dans la chaleur apaisante des salles de cours.

Mes amis et moi ne faisions pas exception : nous étions arrivés devant l'amphi avec une bonne demi-heure d'avance, pour discuter autour de la machine à café. C'était déjà notre dernière semaine de cours – ensuite, il y aurait les partiels, et puis ce seraient les vacances de Noël. J'étais à la fois épuisée par mes révisions et rendue fébrile par l'approche des fêtes de fin d'année.

Autant dire que je considérais le café comme une denrée nécessaire à ma survie.

« Et toi, Ambre, avec qui est-ce que tu vas au gala du nouvel an ? »

Je fronçai les sourcils. La question d'Olivia venait de soulever un nouvel objet de préoccupation.

« Je ne sais pas encore, dis-je en remuant le fond de mon café moka. J'ai repoussé la question à la fin des partiels.

– Et bien, tu vas bientôt être au pied du mur, observa Bertrand. Jonas de Saint-Courmand ne t'avais pas invitée ? »

Je n'étais même pas surprise que Bertrand soit au courant d'un truc pareil – c'était le prince des ragots. Littéralement. Olivia m'adressa un sourire de soutien, tandis que je réfléchissais à ce que j'allais répondre.

« Jonas m'a invitée, oui... Mais je ne suis pas sûre d'accepter. Tout le monde risque de se faire des idées, lui le premier.

– Et alors ? Fit Olivia. Il est plutôt canon, ce ne serait pas un gros problème.

– C'en serait un si Ambre avait quelqu'un d'autre en vue, j'imagine. »

Je n'aimais pas beaucoup le regard suspicieux que Bertrand venait de m'adresser – ni le tour général de la conversation, à dire vrai.

« Et toi, Bertrand ? Fis-je rapidement. Tu as invité Marc ?

– Hum, je ne suis pas sûr que Marc soit le cavalier idéal, c'est un danseur horrible, répondit-il sérieusement. J'aimerais mieux venir avec Lila, mais elle risque d'être prise avec sa copine, tu sais, la militante écolo... »

Ça avait été un coup habile : Bertrand s'engagea immédiatement dans une logorrhée passionnée sur sa vie sentimentale. Olivia m'adressa même un léger clin d'œil, tout en posant des questions sur la copine de Lila. Pour une fois, je remerciai intérieurement la difficulté qu'il y avait à comprendre toutes les relations de notre ami polyamoureux.

J'avais commencé à m'amuser à démêler l'écheveau compliqué de ses fréquentations – directes et indirectes – quand deux silhouettes surgirent à l'angle du couloir.

« J'ai vraiment besoin d'un café, dépêche-toi.

– Tu ne veux pas l'acheter à la cafet' ? Il est meilleur.

– On n'a pas le temps... Allez, dépêche-toi, Cassy ! »

Je déglutis lentement, tout en observant Cassy suivre son amie vers la machine en traînant des pieds. Elle ne m'accorda pas un regard.

Nous ne nous étions plus revues depuis cette fameuse nuit – ça faisait presque deux semaines, maintenant. J'avais rapidement compris qu'il y avait eu un malentendu entre nous, mais il avait été impossible d'éclaircir la situation. Cassy avait royalement ignoré le SMS que j'avais envoyé après son départ, et je ne parvenais même plus à la croiser dans les couloirs de la fac – j'en étais venue à me demander si elle n'avait pas carrément arrêté de venir en cours.

Piégée par la nerd [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant