Je regrette aussitôt d'avoir ouvert la bouche, lorsque ses sourcils se fronce et que ses yeux noirs s'assombrissent encore plus. Les muscles de sa mâchoire tressautent, signe qu'il se contient d'exploser. Il s'adosse au dossier de son siège, pose ses coudes sur les accoudoirs sans détourner son regard du mien. D'un sourire arrogant, il porte son verre à ses lèvres, sans me quitter des yeux. Son attitude est semblable à un prédateur prêt à fondre sur sa proie, et à cet instant, c'est moi la proie.
- Je pense que tu oublies à qui tu t'adresses.
Je déglutis et baisse la tête devant son ton extrêmement froid. Récupérant ma cuillère, je me remets à manger, l'estomac noué. S'il n'y avait pas la vie de Raph en jeu, je lui aurais bien balancé au visage le dégoût qu'il m'inspire.
- N'oublie pas que le sort de ton ami dépend de moi. Ajoute t-il, d'un ton sec.
Le reste du repas se passe dans une atmosphère tendue. Je bats plusieurs fois des cils pour empêcher mes larmes de couler. Je refuse de lui offrir une nouvelle occasion de m'humilier. Une fois mon assiette terminée, je m'empresse de quitter la table après un bref merci et me précipite sur la sortie. À l'instant où j'ouvre la porte, celle-ci se renferme brutalement. Une main sur la poignée, je relève la tête lentement et constate qu'une de ses mains est posée contre la porte.
- Où compte tu aller ainsi Kenza ?
Sa voix profondément grave et son accent arabe donne un air affreusement sexy à mon prénom. Je peine à réprimer les frissons qui parcourt mon corps tout entier. Une étrange chaleur, plutôt agréable se répand dans mon bas ventre, puis remonte dans ma poitrine. Mon cur tambourine si fort dans ma poitrine, que je suis sûr qu'il l'entend.
- Je ... D-Dans ma chambre. Bredouille-je, d'une petite voix.
Je sens sa respiration s'alourdir derrière moi, son souffle tiède s'écrase contre ma nuque. Une nouvelle vague de frisson me parcours, mes joues chauffes aussitôt. Des fourmillements me chatouille le bas ventre. Je ne comprends pas ce qui m'arrive et c'est effrayant.
- Regarde-moi dans les yeux ! M'ordonne-t-il.
Je ferme les yeux un instant et inspire pour me donner un minimum de courage, avant de me retourner. Dans un premier temps, mes yeux tombent sur son torse couvert d'une djellaba blanche. Cette tenue traditionnelle lui confère un charme irrésistible. Je relève la tête pour rencontrer son regard, où brille une lueur possessive. Intimidée, je baisse les yeux sur mes mains croisées. Cela semble l'irriter, puisqu'il creuse mes joues de son pouce et son indexe pour me forcer à relever la tête.
Instinctivement, je pose mes mains sur son bras. Il baisse la tête vers moi et m'observe un moment sans un mot.
- Tu ne peux pas m'échapper. Et même si tu y parvenais, sache que je te retrouverai toujours. Ne l'oublie pas.
La tête rejetée en arrière, je n'ai pas d'autre choix que de faire face à son regard furieux. Ses yeux louche sur mes lèvres un instant, puis remonte pour accrocher mon regard. Il me force à reculer contre la porte, son corps se presse contre le mien et son bras libre m'agrippe fermement la taille. Il rapproche encore plus son visage du mien, mon cur s'affole aussitôt, sa prise se resserre sur ma mâchoire à m'en faire mal, je gémis de douleur. De sa poigne, il penche ma tête sur le côté.
Son nez frôle ma joue gauche, puis descends dans mon cou, qu'il renifle. Le bout de ses lèvres caresse la peau de mon cou, mon corps réagit aussitôt. Fermant les yeux, je sens mes larmes couler sans que je ne puisse les contrôler. Il me relâche brusquement, sans réfléchir une minute de plus, j'ouvre la porte et m'enfuis de la pièce. Heureusement, il n'essaie pas de me retenir, je grimpe rapidement les marches de l'escalier, une fois la porte de ma chambre fermée à double tour, je fonds en larme sur le lit.
« Tu ne peux pas m'échapper. Et même si tu y parvenais, sache que je te retrouverai toujours. Ne l'oublie pas. »
Sa phrase inlassablement dans ma tête.
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La danseuse voilée [T1]
RomansaContraint par son père, le Sultan de l'Arabie Saoudite, le prince Amir Al Chabat s'attendait à tout en allant au mariage de son cousin. À tout, mais sauf à ça.