Aujourd'hui, j'ai atteint mon objectif et j'en suis fière. Il est midi passé de quelques minutes et je suis prête. J'ai réussi à réaliser toutes mes tâches. Je suis à l'heure pour me rendre sur le lieu de mon rendez-vous, à l'autre bout du village. L'idée vient d'Ariane. Elle a remarqué que mon efficacité grandissante me permettait de dégager du temps libre sur chacune de mes journées, et m'a donc suggéré d'aller visiter une personne, complètement surchargée de travail, afin de lui proposer mes services, si toutefois, a-t-elle cru bon de préciser, il s'avérait que je fasse l'affaire. Pour l'heure, je n'en sais pas plus, ni sur la personne, ni sur les activités en question.
Je quitte la ferme en jetant un dernier regard derrière moi pour m'assurer que tout est en ordre. Je suis scrupuleusement l'itinéraire que m'a indiqué Ariane. Me voici arrivée devant une grande falaise blanche percée de cavités sur toute sa hauteur et sa largeur. Il s'agit sans conteste de l'habitation troglodytique qu'elle m'a décrite avec force détails. Le heurtoir en fonte représentant un serpent s'enroulant autour d'un arbre me convainc que je suis à la bonne adresse. Je saisis l'anneau massif des deux mains pour toquer à la porte en bois. Personne ne répond. J'actionne la poignée épaisse ornée d'une tête de cheval, et pousse de toutes mes forces la porte dont les gonds se mettent à grincer. Je pénètre dans une première pièce au plafond voûté. Les murs percés d'étroites ouvertures laissent deviner des enfilades d'autres salles creusées dans la roche. Je suis saisie par la fraîcheur et l'humidité du lieu. Par son encombrement aussi, bien visible, malgré la pénombre. Je demande timidement :
- Il y a quelqu'un ?
Une voix masculine, énergique et accueillante me répond du fond d'une des cavités :
- Oui, bonjour Ysia, entre, je t'attendais. Ariane m'a prévenu. Je suis à toi tout de suite. Approche.
Je m'exécute et m'oriente en direction de la voix, avec une lenteur calculée pour me permettre d'appréhender, un tant soit peu, l'immense cabinet de curiosités dans lequel je déambule. Ici, le vide n'existe pas. Chaque recoin est chargé de caisses en bois, de bahuts et d'étagères elles-mêmes enfouies sous des fioles, des bocaux et des jarres de toutes tailles. Des livres anciens reliés de cuir sont entreposés un peu partout, dans un méli-mélo d'animaux empaillés, de squelettes et de crânes. Sur des paillasses taillées à même la roche j'aperçois des alambics fumant et glougloutant, crachant des potions colorées et nauséabondes. Dans ce dédale, j'oublie la présence de mon hôte qui finit par se manifester.
- Voici ma caverne d'Alibaba ! dit-il en souriant. Je me présente, je suis Doc, le médecin-chirurgien-dentiste-vétérinaire-apothicaire-rebouteux et j'en passe, de tout le village ! Comme tu peux voir, j'ai beaucoup d'occupations ! Mais, bienvenue dans mon univers !
L'homme de taille moyenne, un peu bedonnant, a un sourire jovial et sa poignée de main solide et franche m'accueille avec une chaleureuse bonhommie. Ni barbe ni cheveux sur sa tête, aussi ronde que ses petites lunettes bricolées avec du fil de fer. Les cernes qui ourlent ses yeux et de fins sourcils séparés par un profond pli creusé par les tracas, encadrent le regard absorbé de l'homme, rompu à résoudre mille problèmes pour venir en aide à ses congénères. Il est de la race des humanistes-philanthropes condamnés à sacrifier leur vie pour celle des autres. Quoi qu'il arrive, on sait pouvoir compter sur eux.
A cet instant, je perçois des gémissements dans la pièce d'à côté. Le praticien m'y entraîne tout en m'expliquant :
- C'est Vigo. Il s'est fait une mauvaise blessure. Ça s'infecte. Je teste un nouvel antibiotique. Pour l'instant, je le garde en observation... Si ça peut m'éviter de faire une amputation...
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YSIA 3063
Science FictionLa vie d'Ysia s'écoule douce et sereine, dans un confort parfaitement réglé et paramétré. Ce bonheur la comble et la rassure. Mais un beau jour, et à son grand étonnement, tout bascule, brutalement, irrémédiablement ... Son destin se met alors en ma...