14 : DYLAN + VOITURE = RUPTURE

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CW : Discussion d'addiction/alcoolisme.

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Mon bras m'a démangé. En y portant mes ongles pour le gratter, j'ai senti une perfusion. Une main bienveillante m'a empêché de la retirer. Les paupières lourdes, j'ai discerné un à un le monde autour de moi. La pluie contre le carreau, le lit à roulettes et les murs d'un orange agressif. Mon corps me lancinait, pire que le week-end d'avant. J'avais la gorge sèche et les muqueuses de la bouche pâteuses. Dans un siège, sur ma droite, ma mère me veillait, son sac à main sur les genoux.

─ Bonjour, a-t-elle salué d'une voix douce.

Mon énergie frôlait le niveau de la mer. Je n'ai pas trouvé la force de répondre, j'ai à peine réussi à esquisser un sourire.

─ Comment tu te sens ?

─ Bof, ai-je soufflé.

Les souvenirs de la veille me revenaient par flashs. Je les ai vite chassés, c'était trop la honte. Un coma éthylique. Moi, Gina, j'étais assez misérable pour faire un coma éthylique. Je n'avais même pas bu tant que ça.

─ Tu veux de l'eau ? m'a-t-elle proposé.

J'ai opiné du chef, et maman a saisi la bouteille sur la table de nuit, avant de me faire boire du bout des lèvres. La fraîcheur a percé ma gorge et est remonté dans mon cerveau. Un étau s'est resserré contre mon crâne.

─ L'infirmière ne devrait pas tarder à passer, elle te donnera des médicaments.

Maman s'est rassise, mais elle a gardé une main maternelle contre ma joue. J'ai blotti mon visage contre sa paume chaude et ai alors réalisé que j'étais frigorifiée. Dans un effort commensurable, j'ai articulé :

─ Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Les bribes d'images qui me revenaient ne suffisaient pas. Je me rappelais de Kärcher et l'anecdote de son prénom, de la dispute avec Teresa. J'avais de vagues éclairs d'une salle de bain et d'un parking, des bras de Dylan et de l'odeur du shampooing de ma petite sœur. Maman m'a dit :

─ Tu n'as pas une idée ?

Si, bien sûr, mais elle ne coïncidait pas. Je me suis justifiée :

─ Je n'ai pas bu...

─ Gina, m'a-t-elle coupé, pensant que je cherchais à lui mentir.

─ Attends. Je n'ai pas bu tant que ça.

Maman a soupiré.

─ Tu avais 2 grammes d'alcool dans le sang.

─ Hein ? ai-je gémi. Non !

─ Et on a retrouvé des traces de drogues dans ton corps.

Je me suis tue. Vous me croyez si je vous dis que j'avais encore envie de pleurer ? Ma mère m'a attrapée la main, il n'y avait pas de jugement dans sa voix, il n'y en avait jamais eu. Même si, dans ses traits, on lisait une déception immense et une impuissance profonde. Elle m'a conseillé :

─ Le médecin te le demandera. Ne mens pas.

J'ai acquiescé, consciente que cette fois, je devais cesser mes conneries.

À ceux et celles qui lisez mon histoire, pardon de ne pas avoir dit la vérité. J'ai bu bien plus que quatre bières, j'ai pris les pilules de Jennyfer, et j'ai bu d'autres shots. Ce qui est pratique, quand on raconte sa propre histoire, c'est qu'on choisit les passages à mettre en lumière. Et vous pouvez croire que je les ai très bien choisis.

Dylan Mercier doit payerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant