Chapitre 14

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MATHIEU
lundi, 11h03

Je m'étire et attrape vite mon téléphone que j'avais laissé par terre mais toujours rien. J'ai pas de réseau dans ce village pourri.

Je suis partie en Pologne samedi, avec mon père, ma grand-mère et mon frère. C'est cool des vacances en famille, mais là ça commence à m'casser les couilles.

Je suis trop con, j'aurai dû demander à Charlotte de m'passer son numéro, là elle doit croire que je suis un gros lâche qui assume pas de l'avoir embrassé vendredi.

Je me décide enfin à sortir de mon lit et rejoins le reste de ma miff dans le salon. J'ai la tête dans le cul et j'ai déjà envie de rentrer à Paris. Mais je suis là pour dix jours encore.

Après le repas de famille, je m'en vais dans ma chambre. J'ai pas envie d'être dérangé par mes tantes qui vont m'casser les couilles avec les cours.

Au bout d'une heure à fixer le plafond, ma grand-mère me rejoint et referme la porte derrière elle.

- Tu connais la loi de l'attraction ? elle demande en s'asseyant à côté de moi.

- Nan, c'est quoi ?

- C'est un croyance. Si tu penses très fort à quelqu'un alors elle pensera à toi en retour.

Je sais pas comment ma grand-mère à deviner que j'pensais à une meuf, mais ça m'étonne même plus. Elle a toujours su ce qui me tracassait, j'ai pas besoin de lui parler pour qu'elle me comprenne.

- J'y crois pas trop à ton truc mamie, j'suis sûr qu'elle pense pas à moi du tout là.

C'est les vacances, elle a pas de nouvelles de moi et y'a des soirées tous les soirs. À tous les coups elle va rencontrer des nouvelles personnes et elle va me zapper. Elle est grave sociable, c'est une pipelette.

- Si ça s'trouve elle a d'jà rencontrer un autre gars je soupire en jouant avec mes doigts.

- Mathieu, ça fait que trois jours que tu es parti..

C'est énorme trois jours, elle se rend pas compte. Et puis je suis parti sans rien dire, elle va croire que c'était juste une pulsion et que maintenant je la zappe. J'passe pour un bouffon.

- Tu sais à mon époque y'avait pas les téléphones, ça nous empêchait pas de s'aimer à distance tente de me rassurer ma mamie.

- Ouais mais c'était avant, l'amour c'était plus fort.

- L'amour n'a pas changé, et je suis sûr que cette fille est en train de penser à toi en ce moment.

J'hausse les épaules, pas convaincu du tout.

- T'as qu'à lui écrire une lettre. Tu as son adresse ?

Je fronce les sourcils en tournant la tête vers ma
mamie. Sérieux.. une lettre ? Et quoi encore ? Elle veut que je lui envoie un pigeon voyageur aussi ?

- Elle va p'rendre pour un ringard à lui écrire une lettre. Et puis j'écris trop mal.

- Tu t'appliqueras, et je t'aiderai pour l'orthographe. Les filles adorent les lettres, c'est pas ringard, c'est romantique.

- Tu crois ? je finis par dire alors.

Ma grand-mère hoche la tête et en réfléchissant bien je suis sûr que je peux me souvenir de son adresse.

- Va dans le bureau de ton grand-père et prends des feuilles et un stylo.

Je me lève d'un coup et sors dans le couloir pour monter les escaliers et aller dans le bureau pour prendre ce dont j'ai besoin. En rejoignant ma grand-mère, j'arrive même pas à croire que je suis en train de faire ça. Je passe pour un gros canard alors que c'est même pas ma meuf.

Mais elle a grave souffert avec Maël, il l'a mal traité et moi je veux pas qu'elle pense que je suis comme lui. Elle mérite mieux.

Je m'assois au bureau en bois de ma chambre, stylo à la main, sous le regard soucieux de ma mamie qui m'aide à ne pas faire de fautes à chaque mots.

Quand on a fini, ma grand-mère me sourit fièrement et je relis une énième fois ma petite lettre. En espérant que Charlotte ne m'oublie pas.

Charlotte, je suis en Pologne chez mes grands-parents. C'est un tout petit village et j'ai pas de réseau. Je sais que je suis con et j'aurai dû te demander ton numéro de téléphone mais j'ai oublié.

Je pense grave à toi et j'espère que tu vas pas m'oublier.

Envoie moi un message : 0675251500

ps : c'est encore ma mamie qui m'a aidé pour l'orthographe 

Tu me manques,
  Mathieu.

NastolatkiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant