Chapitre 8

381 31 0
                                    

J'étais retournée dans mes appartements dans lesquels je me préparais afin d'aller me promener dans les jardins tout en pensant à ce qu'il c'était passé il y a quelques instants.

J'avais mis, comme prévu, les bijoux pour assister au déjeuner du Roi.
Tout le monde avait eu les yeux rivés sur moi, et les courtisans se chuchotaient des choses sur mon passage. Je sentais leur regards remplis de jalousie et de malice.
La comtesse de Chateaubriant m'avait exprès emmené en première ligne avec elle, pour s'assurer que le Roi puisse me voir.
Il avait eu un air satisfait en me voyant porter son cadeau, quant à la Reine elle le regarda d'un air amer avant de se reconcentrer sur sa nourriture.
La comtesse se pencha vers moi et me chuchota à l'oreille

"À Versailles on ne parlera plus que de vous ".
Je ne savais pas vraiment quoi en penser. Je n'aimais pas vraiment attirer de l'attention lorsque je n'étais pas en représentation, en effet pour moi c'était synonyme de s'attirer des ennuis. Mais les choses étaient faites et il fallait que je m'y habitue.

Malheuresement ce repas avait paru plus long que d'habitude à cause de tous ces chuchotements. Je détestais être le centre de l'attention de cette manière-là.

Ce fut lorsque la famille royale eut fini de manger que l'heure de la délivrance sonna enfin. Ce fut alors le moment pour moi de quitter l'antichambre des grands couverts et de rentrer dans mes appartements.

J'avais fini de me préparer quand Anne rentra pour me prévenir que la comtesse m'attendait.
Elle était assise dans l'antichambre et observait un tableau sur le mur d'en face.
Elle portait une nouvelle toilette. C'était une robe à la française blanche brodée aux motifs fleuris.
"C'est une très belle robe que vous portez" la complimentais-je
"Merci beaucoup, c'est mon mari qui me l'a offert" . Elle me sourit.
"Etes vous prête ? "me demanda-t-elle.
"Oui nous pouvons y allez." Lui répondis-je
Elle me prit par le bras et sur le chemin se mit à me décrire les travaux interminables de son château.

***

Ça devait faire une demi-heure peut-être plus que nous nous promenions, et elle me décrivait toujours les travaux de son château. Cette discussion était décidément bien trop longue. Je ne savais pas comment elle arrivait à tenir une si longue conversion sur le type de marbre qu'elle voulait choisir pour mettre dans son vestibule.
Même Lorenzo qui était sculpteur et s'y connaissait ne m'avait jamais autant parlé de marbre.
Après son interminable monologue nous entrâmes dans une allée fleuris dans laquelle en face de nous se trouvait le Roi accompagné de Monsieur son frère et des courtisans les plus importants de la cour. Un peu plus loin derrière suivaient la Reine accompagnée de ses dames d'honneurs et de ses chiens. Bien sûr suite à la répudiation de la marquise de Montespan, aujourd'hui le Roi se promenait sans maîtresse.

Lorsque nous arrivâmes à son hauteur la comtesse et moi firent une révérence à la famille royale. Le Roi vêtu d'habits très riches hocha la tête, et nous nous relevâmes.

Il s'avança vers moi et me dit
"Mademoiselle promenez-vous avec moi"
Nous nous mîmes à avancer. La comtesse se plaça derrière nous et commença à discuter avec les dames d'honneur de la Reine.

« Ces bijoux vous vont à merveille, j'ose espérer qu'ils vous plaisent » Me sussura-t-il à l'oreille

« Ils sont magnifiques votre majesté, je vous en suis très reconnaissante ». Je lui fis mon plus beau sourire. Il me le rendit. Je sentis alors le rouge me monter aux joues. Je ne pouvais pas le nier, il était vraiment beau.

« Hier, je n'ai pas pu m'empêcher de constater que vous étiez très proche de Monsieur Beleuvre. Le connaissez-vous ? ». Il avait l'air de m'avoir posé cette question de manière détaché, mais avec le comportement qu'il avait eu envers moi je savais qu'il m'ordonnait d'obtenir des réponses rapidement. Je décidai donc de lui dire la vérité

« Un peu, il m'a remarqué lors d'une représentation théâtrale et voulu me rencontrer depuis. Lorsqu'il a appris que j'étais à Versailles et que lui aussi y était, il m'a proposé de se promener dans ces magnifiques jardins ». J'essayai de flatter son égo, pour m'assurer qu'il ne soit pas en colère contre moi « et nous avons beaucoup parlé, mais c'est tout ». Il hocha la tête et ne chercha pas à en savoir plus. Il entreprit donc de me raconter la signification derrière chaque statue présente sur les fontaines.

***

Il était entrain de me narrer l'histoire du bassin de Latone inspiré par Les Métamorphoses d'Ovide, lorsque Bontemps apparus dans notre champs de vision et interpella le monarque.

« Sire, le marchand anglais que vous avez  fait venir est ici avec son fils »

« Parfait faites les venir ». Il tourna la tête en ma direction « Mademoiselle j'ai fais venir d'Angleterre un marchand anglais, afin qu'il me fasse voir les tissus qui vont composer les tenues de cette grande représentation ». Le temps qu'il finisse sa phrase Bontemps était ré-apparu avec le fameux marchand et son fils.

« Sire, voici M. Martin et son fils » à l'écoute de son nom je tourna la tête tellement vite que j'aurais pu m'arracher le cou. Mon dieu ça ne pouvait pas être possible. Je le vis c'était bien LUI. Je me sentis soudainement très mal. Je commençai à avoir la tête qui tourne, je ressentais comme un poids qui compressait ma poitrine, mes mains étaient devenues moites.

« Mademoiselle je vais vous laisser je dois discuter affaire. » Je fis du mieux que je pouvais une révérence et tâchai de marcher le plus vite possible vers le Palais sous les regards étonnés de la Reine et de ses dames. J'avais l'impression de ne plus pouvoir respirer et je ne voyais presque plus rien à cause des larmes qui me montaient aux yeux. Heureusement il y'avait personne dans les couloirs, ils étaient tous dans les jardins.

Une fois arrivée dans mes appartements et après avoir refermé la porte, je m'effondrai contre cette dernière et me mis à sangloter comme une enfant.

***

Alors à votre avis qui est ce nouveau personnage ?

La Favorite du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant