Chapitre 13

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Anne se trouvait dans l'antichambre et dressait la table. J'avais finalement décidé de revoir Lorenzo et de l'inviter à déjeuner avec nous. En effet, ma mère m'avais toujours dit de prêter une attention particulière à la signification de mes rêves, et cette nuit je n'avais fait que de rêver de lui. Cela signifiait surement que je ne devais pas essayer de l'effacer de mon passé.
Après tout il avait longtemps été quelqu'un d'important pour moi. Je ne pouvais pas l'éloigner tout simplement parce que j'avais peur qu'il révèle mon secret. De plus cela ne serait pas intelligent de sa part car par jalousie le Roi pourrait s'en prendre à lui.

***

J'étais assise à table, accompagnée d'Anne et nous attendions son arrivée. À midi pile deux coups retentirent contre la porte. Il avait toujours été ponctuelle. J'avais toujours aimé cette qualité chez lui.

Anna se dirigea vers l'entrée alla lui ouvrir. Il portait une tenue bleue qui lui allait à ravir, elle mettait en valeur ses beaux yeux verts. Il avait aussi amené avec lui un énorme paquet. Je me demandai ce qu'il pouvait bien y avoir à l'intérieur.
Il posa son paquet et vint nous saluer.

Je lui présentai Anne et nous nous mîmes à déjeuner. Nous étions en train de passer un bon moment, nous parlions de tout et de rien. Il avait commencé par nous raconter des anecdotes de ses derniers voyages, néanmoins je ne sais pas pourquoi mais aujourd'hui il était d'humeur taquine et décida de mentionner tous les moments gênant ma vie dont cette fameuse chute dans le canal de Venise.

3 ans plutôt :
Lorenzo m'avait emmené avec lui en Italie. Il avait reçu une commande importante de la riche famille De Médicis et il se devait de l'accepter. J'étais heureuse de partir avec lui, c'était la première fois que j'allais dans ce pays. Nous étions d'abord allés à Rome puis nous nous étions finalement arrêtés à Venise. La journée je l'aidais dans ses tâches, après tout c'était devenu mon travail, et la nuit nous allions à des bals. Je ne m'étais jamais senti aussi libre. Je découvrais enfin le monde.
Hier il m'avait promis que nous ferions un tour de gondole sur le canal afin de mieux visiter Venise. Il m'avait prévenu de faire attention à mon équilibre car la gondole allait tanguer avec le mouvement de l'eau. Ce que je ne savais pas c'est que la gondole allait tanguer à ce point-là. Moi qui pensais pourtant avoir un excellent équilibre grâce à la danse.

Fin Flashback:

"Elle me disait toute fière, je ne vais pas tomber, je suis une excellente danseuse. J'ai un excellent équilibre. Mais elle avait à peine terminé sa phrase qu'elle avait perdu son fameux équilibre et était tombé dans l'eau" nous éclatèrent tous de rire. Il est vrai qu'à ce moment-là j'aurais dû me taire et éviter de vanter mes talents de danseuse.

"Tu ne m'avais même pas aidé à sortir de l'eau tellement tu étais occupé à te moquer de moi. C'est le gondolier qui m'a aidé à me relever. Tu aurais dû avoir honte pour ce manque de galanterie" lui rappelai-je. Ce dernier l'avait d'ailleurs réprimandé sur son comportement qui manquait cruellement de courtoisie.

"La mia bellissima, tu sais très bien que ce soir-là j'ai su me faire pardonner ce léger écart". Je rougis au rappel de ce qu'il s'était passé ce soir-là. Pourquoi fallait-il toujours qu'il fasse ce genre de remarque accompagnée de regards rempli de sous-entendus à caractère charnelle et surtout avec Anne à nos côtés. Je voulais changer le thème de la conversation avant que cette dernière ne devienne de plus en plus gênante.

"Lorenzo que nous as-tu rapporté ?" lui demandai-je en pointant le paquet posé à côté de la porte.

"Ça mon ange, c'est l'accomplissement d'une promesse" Je fronçai les sourcils. De quoi parlait-il ? Face à ma visible incompréhension il m'éclaira sur le sujet.
"Il y'a deux ans lorsque je t'ai demandé ce que tu voulais pour ton anniversaire, tu m'as répondu qu'un jour tu aimerais avoir ton propre portrait. Eh bien le voici". Il se leva rapporta le paquet qu'il ouvrit et en sortit un large portrait de moi.
Il était magnifique. Je ne parvenais pas croire que c'était moi qu'il avait peinte. Il était fier de son œuvre.

"Tu as été mon meilleur modèle, et tu possèdes des traits réguliers faits pour la peinture. J'espère que cela te plait" Je lui souris.
"Je ne sais pas quoi dire, c'est magnifique. Je ne pensais pas que tu allais me faire un tel cadeau"
"Je tiens toujours mes promesses" Il me fit un clin d'œil. J'étais sur le point de me précipiter vers lui pour le prendre dans mes bras lorsque la porte s'ouvrit. C'était le Roi. Nous fîmes tous une révérence et nous redressâmes une fois qu'il nous l'ordonna. Il avait l'air étonné de voir Lorenzo dans mes appartements. Il fronça les sourcils lorsqu'il vit mon portrait appuyé contre le mur. Il ne savait pas que je connaissais Lorenzo.
"Est-ce un portrait de ma belle Nephtys au sol " je rougis
"Oui majesté" lui répondis-je
"Vous vous connaissez ?" il avait un visage impassible mais je savais qu'il devait se poser des milliers de questions.
"Oui majesté, j'ai été son assistante ". Il avait l'air perplexe.
"Je vois"

Lorenzo sentait la tension qui s'était installé et commençait à se sentir de trop. Il demanda alors à se retirer. Ravi le Roi accepta. Il congédia aussi Anne afin qu'elle nous laisse seul.
Une fois seul il s'approcha et me pris dans ses bras afin de poser un délicat baiser sur mes lèvres.
Il fallait que je vois la vérité en face. Je ne pouvais pas, ne voulais pas le repousser. Sa présence m'enivrait. Jamais je n'avais ressenti une chose pareil. Dans ses bras je me sentais si importante. Parmi toutes les femmes de la cour c'était moi qu'il avait choisi. C'était donc cela qu'avait ressenti toutes ses maîtresses avant moi. C'était ce sentiment qui avait amené la Montespan à empoisonner ses rivales. Cette pensée me fit froid dans le dos.

Le Roi me fit sortir de mes songes lorsqu'il m'annonça que demain à l'aube il allait m'apprendre à monter à cheval.
Perplexe je lui demandai

"Etes-vous sûre que c'est une bonne idée Louis" Ça me faisait bizarre de l'appeler par son prénom, mais cela semblait lui plaire car il affichait un sourire ravi.
"Pourquoi ce doute?" Il me caressa la joue
"Je suis très mauvaise cavalière " il était hors de question que je ridiculise devant le Roi
"Justement c'est pour cela que c'est une excellente idée. Anne vous apportera une tenue pour monter à cheval. Elle a été confectionnée spécialement pour vous. J'espère qu'elle vous plaira". Il m'attira un peu plus contre lui, j'en profita alors pour l'embrasser à mon tour. À ses côtés je perdais le contrôle que j'avais sur mon corps.
Il approfondit le baiser qui se voulait passioné, et la main qui était posée sur ma joue descendit le long de mon corps pour se placer sur ma hanche. Il se fit plus pressant, plus ardent et cette même main se posa sur ma fesse. Ce contact, si près de mon intimité, déclencha en moi un désir si puissant que j'avais eu envie de me donner à lui. Je pouvais d'ailleurs sentir son désir contre mon ventre. Malheureusement ou plutôt heureusement Bontemps nous interrompit de nouveau.
"Je sens que Bontemps veut tomber en disgrâce à force de nous interrompre". Cela me fit rougir, j'étais sur le point de commettre une erreur.
"Si ce soir je ne peux pas vous voir, je vous verrai demain". Il m'embrassa de nouveau et s'en alla.

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La photo que vous pouvez voir au début du chapitre est le portrait de Nephtys. Louis devient de plus en plus entreprenant.
J'espère que le chapitre vous a plu, n'hésitez pas à voter et à commenter!

La Favorite du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant