— Tu passes ta vie à la bibliothèque maintenant ?
Je redresse la tête. Le garçon qui m'a parlé est un terminale. Ses cheveux châtains en bataille tombent sur des yeux noirs rieurs. Il porte l'uniforme mais sa chemise est ouverte sur son torse imberbe. Je mets de côté mon exemplaire du journal du lycée en souriant :
— Et, tu fais quoi ici, Ben ? Ne me dis pas que tu vas essayer au dernier moment d'avoir un bon bulletin scolaire parce que le monde de la nuit de New Borough va être très déçu !
L'intéressé prend son sac et se lève de sa place pour s'asseoir en face de moi. Nous avons fait connaissance l'année passée. Benjamin était presque tout le temps en colle en même temps que moi. Il a essayé d'instaurer un jeu de séduction mais ce genre de chose ne m'intéresse pas. Depuis, on est restés proches sans être ami. Il prend le journal que je consultais :
— Qu'est-ce qui t'intéresse dans le tournoi inter-lycée de lacrosse des secondes avant ta promo ? Plaisante-t-il en tournant les pages. Ça en fait des souvenirs...
— T'étais dans l'équipe ?
— Ouep, viré à cause de mon comportement.
Je souris maladroitement. Contrairement à moi, Benjamin regrette son comportement. Ça a détruit sa relation avec ses parents. Et puis, il s'est souvent retrouvé à l'hôpital. Il me fait un clin d'œil comme s'il ne ressent rien. S'il y a bien une personne qui peut le comprendre, c'est moi :
— Du coup... Hasardé-je. Tu connais bien Ian Feller ?
Il hausse un sourcil en me regardant en coin avant de me rendre le journal. Je le saisis et le plie sur le côté alors que Benjamin se cale au fond de sa chaise. Il prend le temps de détailler chaque partie de mon corps avant de répondre :
— Ainsi, la rumeur est vraie : le grand Ian Feller donne des cours particuliers à l'indomptable Cora Scallario ?
— Je suis connue ? Minaudé-je.
— Au moins autant que moi. Réplique Benjamin avec le même ton enjôleur. Pour reprendre sur Ian, j'ai aucun conseil à te donner. C'est un bouffon. Il a fait partie des gens qui ont soutenu mon départ de l'équipe.
Je soupire en secouant la tête. Ça ne m'étonne même pas. Ian est bien le genre de gars qui ne fait attention qu'à son image. Il ne voudra jamais s'accoquiner avec quelqu'un comme Benjamin. Il n'est même pas capable ce qu'il pouvait lui offrir :
— Je cherche sa faille. Avoué-je. Je veux le faire tomber pour qu'il me laisse tranquille.
— Alors ça, ricana Benjamin, n'y compte pas. Même Minnie n'y est pas parvenue.
Je manque un temps d'arrêt. Minnie ? l'ex de Ian et mon ennemie depuis qu'il est mon tuteur ? Devant mon air dubitatif, Benjamin se penche à travers la table et me chuchote :
— Paraît que Feller la battait. Elle a voulu le faire virer du lycée mais le proviseur ne l'a pas soutenue. Seulement, encore une rumeur de ce genre et Ian peut dire au revoir à la Ivy League et surtout, Oxford.
J'écarquille les yeux. Je comprend mieux son inquiétude de la veille. Contrairement à ce qu'il me disait, Ian avait vraiment peur que je le dénonce. Il joue la nonchalance alors qu'il pourrait me supplier à genoux par crainte.
Je redresse le regard et mon cœur manque un battement. Ian est justement installé aux ordinateurs de la bibliothèque. Il ne joue la carte ni de la surprise, ni celle de l'espionnage puisque ses yeux glacials passe successivement de Benjamin à moi.
En fait, il nous foudroie même du regard. Il a vraiment de la rancœur pour lui. Je décide d'abréger ma conversation avec Benjamin en rangeant les journaux. Ce dernier s'étire le cou. Un bref coup d'œil du côté des ordinateurs m'indique qu'il a vu Ian :
— Alors, tu arrives à quelle heure chez Dom' ?
— Je n'y vais pas. Je suis punie.
— Oh ma pauvre ! Je pourrai passer te prendre ?
J'hausse un sourcil, n'osant pas entendre à proximité des oreilles d'Ian. Benjamin a une voiture. Malgré toutes ses frasques, ses parents ne la lui ont jamais reprise. Il faut dire que conduire en état d'ébriété est la seule limite qu'il n'a jamais franchie. Voyant mon hésitation, il insiste :
— Je serai à 23h30 devant ton immeuble. À cette heure, ta mère ne devrait pas être gênante ?
— Elle dormira. Assuré-je avec un sourire.
Le weekend est une période stressante pour elle alors, elle ne fait que travailler et dormir. Je tends ma main à Benjamin qui la serre avec vigueur. Mes yeux se posent sur Ian qui bouillonne. Je prends du plaisir à le torturer même si je n'ignore pas les répercussions.
*
— Tu ne vas pas me donner de devoirs ! T'es tuteur, pas prof !
Ian fait mine de ne pas me remarquer et et consulter son agenda. Je repousse vers lui les examens blancs qu'il m'a donnés pour ce weekend. Il y a en tellement que je ne pourrai pas les faire et aller à la soirée de Dominique à la fois. Et entre les deux, j'ai choisi. Ian hausse les épaules :
— Je dois te faire rattraper ton ton retard mais tu n'en fais pas assez par toi-même pour réellement progresser.
— J'ai eu un C- ! M'exclamé-je. Je te remercie d'ailleurs parce...
— C'est une note absolument ridicule. Me coupe froidement Ian. Je n'arrive pas à croire que tu te contentes d'un résultat aussi bas. Tu sais que ça ne sert à rien d'avoir le nom de cette école sur ton dossier pour l'université si tu n'as pas de bonnes notes ? Même les facs régionales ne voudront pas avec un tel résultat !
— Peut-être que je ne voudrais pas aller à la fac. Répliqué-je.
— D'accord. Abdique Ian en fermant son livre.
Je pense que j'ai gagné mais, il dépasse son bureau pour arriver à ma hauteur. Il me toise, posant ses deux mains de chaque côté de la table. Je me tiens droite avant même qu'il n'ouvre la bouche. Mais ses mots ruissellent sur moi avec tant de rage que je finis par courber le dos :
— Toi, tu t'en fiches de ton avenir. Tu ne penses bêtement qu'au présent. Ce n'est pas mon cas. J'ai besoin de que tu réussisses ton pari si je veux pouvoir intégrer la classe préparatoire d'Eton avant d'aller à Oxford. Et pour ça, il me faut l'accord du proviseur.
— Pourquoi tu n'utiliserais pas ta fortune personnelle ?
Je ne sais pas grand chose de Ian mais il est super riche. Chaque matin, un chauffeur en livrée le dépose dans des voitures de collection devant le lycée. Il secoue la tête en se détachant de moi :
— Tu ne comprends rien. Je veux y arriver par moi-même.
— C'est ridicule. Tu as tout, autant en profiter !
Ian ricane sombrement. Il me jauge comme si je suis un cloporte. Son regard me donne envie de me terrer profondément dans un terrier de lapin :
— Tu es comme les autres élèves. Je pensais que ton côté indomptable venait de ton envie d'être à part mais, tu es juste irréfléchie et idiote.
Touchée par ses mots, j'ouvre une bouche ronde sans parvenir à lui répondre. Le sourire d'Ian s'agrandit le rendant machiavélique. Je me sens vraiment humiliée. Je m'empresse de remettre mes affaires dans mon sac sous son regard moqueur.
Il ne se rend pas compte de ce qu'il dit. Oui, je suis superficielle et irréfléchie. Mais, c'est mon choix. Je sais que du jour au lendemain, on peut se retrouver sans rien car seuls les souvenirs restent. Et, je ne veux vivre avec aucun regret.
Je veux que mon adolescence et ma jeunesse et ma vie ne soient fait que du bonheur. Et, je ne ressens aucun bonheur à construire un futur stressant où seuls les chiffres doivent s'accumuler sans se soucier des gens qui nous entourent. Je quitte la salle sans un regard pour mon tuteur. Je n'ai pas de temps à perdre avec des gens comme lui.
*
Que va-t-il se passer à la fameuse soirée de Dom' ?
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Bises Silver
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Sweet Teacher
Teen FictionCora, 16 ans, déteste l'école. Elle est pourtant élève dans un prestigieux lycée. Après un énième rappel à l'ordre, elle fait un pacte avec le proviseur : si elle devient première de sa promotion pour le prochain trimestre, elle n'est pas virée. Po...