Chapitre 5

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Benjamin jauge ma robe rouge de bas en haut. Je tire sur le tissu pour qu'elle recouvre jusqu'à mes genoux. Ce n'est pas de lui que je me cache mais des autres. Je veux être belle mais pas désirable. Benjamin roule des yeux avec un sourire ironique :

— Tu aurais dû mettre un jogging si tu ne voulais pas attirer les regards.

— Je n'irai pas en jogging à une soirée ! Je n'irai nul part en jogging, même pas à la salle de sport.

Hilare, Benjamin désigne son propre bas de survêtement. Je ris. Sa personnalité éclipse tout ce qu'il pourrait mettre. Ou plutôt, elle met en valeur son physique de jeune premier très mignon. Je sais qu'il est populaire auprès des filles du lycée mais, on ne l'a encore jamais vu être sérieux avec l'une d'entre elles : 

— Ravi d'être au bras de la belle Cora pour la première soirée de l'année. Me lance-t-il en se garant dans la cour intérieur de chez Dominique.

Je ris de plus belle. Je suis beaucoup trop contente. Une semaine que ma vie sociale se résume à parler avec Valentine et Alexia au lycée. Puisque je suis passée du F au D, j'ai eu le droit à une heure de téléphone hier soir. Mais, je suis sur un nuage de revoir la vraie vie :

— Alors, je te reconduis à cinq heures trente ? Soupire Benjamin en mettant un réveil sur ton portable. Ca a va être difficile de se réveiller !

— Merci pour ça. Répondis-je. Je te le revaudrai.

Benjamin tourne la tête vers moi. Il cligne de ses cils de biche. Puis, il prend ma joue dans sa main et pose ses lèvres sur l'autre, à la commissure de ma bouche. Surprise, je le dévisage alors qu'il sort de sa voiture. 

Mes yeux exorbités se pose sur la vitre. Mon cœur s'arrête de battre. Ian nous observe tous les deux, adossé à un arbre. Qu'est-ce qu'il fait au juste ici ?

J'ai l'impression de vivre la pire soirée de ma vie. J'ai manqué une semaine de réseau sociaux et je ne comprend plus rien. Valentine m'a présenté son nouveau plan cul dont j'ignorais l'existence. Alexia passe la soirée avec une certaine Lys qui serait dans notre classe de littérature. 

Benjamin ne me parle pas mais dès que je pose les yeux sur lui, il m'observe. Et puis, Ian est ici. Il ne boit pas, ne danse pas, parle à peine mais il est parfaitement intégré au sein d'un groupe de garçons de terminale. Pour passer le temps, j'enchaîne les vodka-orange.

Le sol se met à tanguer sous mes pieds. Je m'agrippe à des inconnus pour aller aux toilettes. Je ne connais pas trop la maison de Dominique. Ce n'est pas sa première soirée mais il n'est pas non plus parmi les organisateurs les plus prolifiques du lycée. J'arrive à atteindre le couloir. La musique ne tambourine plus dans mes oreilles. Je calme ma respiration :

— Yo.

Je me tourne. Un gars que je ne connais pas me fait face. J'hausse les épaules sans lui répondre. Il est vraiment glauque à se tenir derrière moi. Je finis par atteindre les toilettes. Il n'a pas bougé du fond du couloir. Mais, quand j'ouvre la porte des toilettes, il fonce sur moi et tente de m'enfermer avec lui. 

Je me débats ne comprenant pas ce qu'il se passe. Il agrippe mes cheveux et plaque son autre main sur ma bouche pour m'empêcher de crier. J'enfonce mes dents dans sa chair. Il lâche un cri rauque et me repousse dans le couloir. 

Je suis à terre. Son pied s'enfonce dans mon ventre. Je lâche un cri alors que je suis projetée contre le mur. La douleur couplée à l'alcool m'empêche d'avoir pleinement conscience de moi. Je ne parviens même pas à me redresser. Je ne sais pas même pas si je rêve.

Dans mon dos, l'agresseur s'est arrêté. J'entends les gémissements étouffés d'une bagarre. Le temps que je me retourne, deux mains m'ont agrippée et mise sur mes pieds. Je distingue à peine le visage en face du mien. La main de mon sauveur se glisse dans la mienne. Il me tire à travers la fête et je me retrouve en face de Benjamin qui me dévisage :

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Crie-t-il pour couvrir le bruit de la musique.

— Espèce d'abruti ! C'était ton devoir de la protéger !

Je sursaute en reconnaissant la voix de Ian.

— J'ai pas besoin de tes sermons de chevalier servant. Râle Benjamin avant de se tourner vers moi. Tu veux faire quoi ?

Je hausse les épaules ne comprenant pas ce qu'il s'est passé :

— Elle veut profiter de la soirée. Traduit Benjamin à Ian. Quand tu veux rentrer, viens me chercher.

Ce dernier secoue sa tête. Je vois qu'il se contient. Il voudrait aussi mettre son poing dans le visage de Benjamin. Ce dernier se détourne de nous. Je reste bloquée sur place. Ian reprend ma main dans la sienne. Il me tire à travers la salle. Nous repassons par le couloir aux toilettes. Je frissonne et me colle à son dos.

Affalé contre le mur, mon agresseur peine à reprendre sa respiration, son visage baigné dans le sang. Des élèves sont attroupés autour de lui. Ils essayent de retrouver le responsable mais visiblement, il a pris des substances illicites et ne parvient pas à aligner deux mots. Tant mieux.

Ian me fait entrer dans une chambre tout en gardant la porte ouverte. Il doit être un ami de Dominique parce qu'il sait qu'une petite salle est attenante à la pièce. 

Alors que j'attends docilement sur le lit, Ian revient avec un gant mouillé. Il se baisse à ma hauteur. La fraîcheur de l'eau me fait du bien alors qu'il le passe sur mon front. Il le descend sur mes paupières mais je l'arrête :

— Mon maquillage... Expliqué-je en balbutiant.

— Sérieusement ? C'est tout ce qu'il t'intéresse là ?

— J'ai mis du temps...

— Tu te rends compte de ce que tu dis ? De ce qu'il s'est passé ? Et toi, tu me parles de ton maquillage...

— Je n'ai pas envie d'en parler là.

Pour le couper dans sa réponse, je saisis le gant pour m'asperger  d'eau. Je remarque alors ses phalanges en sang. Je décide d'à mon tour, le soigner un peu. Je ne sais pas si l'eau le soulage mais, il ne fait rien pour m'en empêcher quand je passe le gant sur sa main. 

Je sais son regard sur moi alors que mes yeux ne se détournent pas de ses doigts. Le sport lui a forgé des mains puissantes et calleuses. J'aurais besoin des deux miennes pour encadrer la sienne. Tout en finissant, je sens le sommeil s'emparer de moi et m'affale dans le lit.

*

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Bises. Silver

Sweet TeacherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant