J'ouvre les yeux doucement. La lumière est réfléchie par les murs dont la peinture blanche est ternie. Je me redresse légèrement, encore dans mon sommeil. Mon petit-déjeuner est posé sur ma table de chevet, ce qui veut dire que je ne dois pas sortir de ma chambre.
Cette nuit, j'ai encore fait un cauchemar. Cela devient une habitude. Je cours dans cette ruelle sombre, éclairée par une vieille ampoule accrochée au mur de brique d'un batiment peu haut face à celui lui faisant face. Je cours jusqu'à arriver dans la grande rue. Mais au moment où j'arrive à l'angle de la ruelle, je m'arrête. Je ne sais jamais pourquoi, c'est comme si je ne me controlais plus. Je me retourne, pour faire face à celui qui m'a fait fuir, puis plus rien ! Je me suis réveillée. Impossible de voir ce mysterieux personnage qui m'effraie et qui m'intrigue en même temps.
Un bruit me sort de mes pensées. Il vient du couloir. Je lève la couche de couvertures de mes jambes et me mets debout. Cet endroit m'ennuie tellement que ma curiosité s'éveille au moindre petit évènement. J'entrouve la porte, mais le bruit vient de plus loin. On dirait que quelqu'un crie. J'avance en direction du bruit de plus en plus fort. C'est bien un crie, enfin plutôt une dispute entre plusieurs personnes. Je me rapproche jusqu'à être face à la scène. C'est un jeune homme qui se dispute avec les infirmières. Elles ont appellé la sécurité. Je ne l'ai jamais vu ici. Il doit etre nouveau. En général les nouveaux ne veulent pas venir, et encore moins rester. Cela se comprend. La sécurité attrape le jeune homme qui continue de crier. Il dit qu'il n'a pas besoin d'être ici, qu'il va changer. On l'a déjà tous fait celle-là. Ils arrivent dans ma direction. Je me décale du milieu du couloir pour les laisser passer. Les voilà qui sont à côté de moi. Je ne peux m'empêcher de regarder le nouveau. Je ne le quitte pas des yeux. Je pense qu'il l'a remarqué vu que lui non plus ne me quitte pas des yeux. C'est très... bizarre. Ce moment ne dure pas longtemps. Il est emmené dans une chambre pas très loin de la mienne.
Les infirmières nous demandent de retourner dans nos chambres, disant qu'il n'y a rien à voir. Avec elles, il n'y a jamais rien à voir, il faut qu'on reste dans nos chambres tout le temps sauf pendant les temps libres. Comment ne pas devenir fou ?
Je retourne donc dans ma chambre, je n'ai rien de mieux à faire. Je savais que je passerai devant la chambre du nouveau. En arrivant devant la porte de sa chambre ouverte, je l'aperçois, allongé sur son lit, calme. Je crois qu'il dort. Les infirmières ont dû lui donner des somnifères pour qu'il arrête de crier.