CHAPITRE 4 - SEVEN

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Affalé en travers d'un fauteuil en plastique loin d'être confortable puisque je commence à ne plus sentir mon cul, vu que je suis assis dans ce truc depuis plusieurs heures maintenant, je pianote ma cuisse du bout des doigts, en rythme avec la mus...

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Affalé en travers d'un fauteuil en plastique loin d'être confortable puisque je commence à ne plus sentir mon cul, vu que je suis assis dans ce truc depuis plusieurs heures maintenant, je pianote ma cuisse du bout des doigts, en rythme avec la musique qui se joue dans mon casque audio. Suite aux intempéries, liées à cette bonne période de Noël, notre vol a été retardé. Depuis, on attend désespérément de pouvoir enfin rentrer chez nous.

Saoulé, je grimace et change de position pour essayer d'en trouver une plus confortable, mais en vain. Je penche la tête pour regarder par-dessus mes genoux et jalouse les jumeaux de réussir à dormir dans des positions pareilles. Recroquevillés sur eux même, prêt à tomber de leurs sièges, je ne serais pas étonné qu'ils se chopent un paquet de courbatures une fois réveillés.

Romeo quant à lui a été le plus intelligent de tous puisqu'il s'est allongé à même le sol, un sac à dos sous la tête en guise d'oreiller et sa paire de lunette noire pour se cacher de la lumière. Mon regard se pose ensuite sur Juliet qui, installée sur le siège, ses pieds posés sur le dessus de la caisse de transport de Minuit, semble gribouiller quelques choses dans un carnet à dessin. Une paire d'écouteurs dans les oreilles, elle hoche la tête en rythme avec la musique et du bout des lèvres, elle murmure les paroles de sa chanson.

J'esquisse un sourire et change de position. Planqué derrière mes lunettes noires aux carreaux teintés de la même couleur, je balaie l'aéroport des yeux pour observer ce qui m'entoure. C'est mon truc ça, rester en retrait, observer, analyser. La plupart du temps, c'est comme ça que j'arrive à cerner les gens.

Quand j'étais gosse, je passais beaucoup de temps seul. J'observais les autres gamins qui vivaient avec moi au foyer et grâce à ça, je savais qui je devais éviter pour ne pas me retrouver avec un œil au beurre noir ou pire. Ce truc, cette manie de tout détailler, je crois que ça me permet de rester connecté au reste du monde. Car, j'ai beau faire partie d'un groupe, j'ai beau avoir des amis géniaux que je considère comme ma famille, je me sens quand même seul par moment. Comme s'il me manquait quelque chose d'important.

Je me pince la lèvre du bout des dents, soudainement captivé par une femme blonde et son petit garçon aux cheveux aussi dorés et bouclés que ceux de sa mère, installés à quelques mètres de moi. Par réflexe, j'approche ma main de mon torse et fais glisser la longue chaîne en argent entre mes doigts tatoués, puis je caresse le petit pendentif, une toute petite paire d'ailes d'ange qui pend au bout. Ce bijou, il appartenait à ma mère et il ne m'a jamais quitté depuis la nuit où elle m'a laissé. C'est la seule chose qu'il me reste d'elle en dehors du Walkman à cassette. Ce sont les deux choses dont je ne me séparerai jamais. Ça et ma guitare bien évidemment.

Soudain, les haut-parleurs de l'aéroport se mettent à grésiller, puis une femme fait une annonce concernant notre vol alors en comprenant qu'on va enfin pouvoir se casser d'ici, je me lève de mon siège et m'étire.

— J'ai pas rêvé ? Elle a bien dit que notre avion allait décoller ! s'exclame MK qui se redresse d'un seul coup.

— Ouais, on va enfin pouvoir rentrer chez nous, je réponds tout en remuant Naël avec mon pied pour le réveiller.

— Putain ! Arrête ! Fous-moi la paix MK... grogne mon pote, persuadé qu'il s'agit de sa sœur.

— C'est pas moi, abruti, c'est Seven.

J'éclate de rire et Naël râle tout en frappant mon pied pour le dégager de ses côtes.

— Lève-toi, mec. On y va, j'ordonne avant de récupérer mon sac à dos et mon étui à guitare.

Tout le monde réveillé et sur ses deux pieds, on prend la direction de notre porte d'embarquement. Nos billets contrôlés, on embarque à bord de notre avion tout comme le reste des passagers, pour certains sûrement aussi pressés que nous de rentrer chez eux. Quelques minutes plus tard, mes affaires rangées dans le coffre à bagages, je m'installe dans mon siège, imité par Juliet et Romeo qui sont assis dans la même rangée que moi.

— Je suis contente de rentrer, souffle Juliet en déposant la boîte de Minuit à ses pieds.

— Pas trop triste de quitter Yumma ? demande Romeo en posant une main sur la cuisse de sa copine.

— Non, je sais qu'on se reverra bientôt. Au moins, lui, même en étant à des milliers de kilomètres, je le vois. Pas comme Nikka.

— On s'en branle de Nikka, rétorque aussitôt Romeo, toujours aussi amère envers elle.

— Non, c'est mon amie.

Romeo lui répond quelque chose que je n'entends pas et mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles, je lance la musique. Une voix féminine envahit mes tympans et je pose ma tête contre le hublot.

Soudain, les doigts tatoués de Juliet entrelacent les miens et je baisse la tête sur nos mains avant de lever les yeux vers elle. Elle me sourit et je le lui rends. À l'aller déjà, elle avait mêlé ses doigts aux miens ainsi qu'à ceux de Romeo. Pour se sentir rassurée, en sécurité. Il Faut croire que notre ange aux ailes argentées n'aime apparemment pas voler. Apaisé de sentir la chaleur de sa peau contre la mienne, je ferme les yeux, bercé par les notes de guitare qui se jouent dans mes écouteurs.

Lorsque nous arrivons à New York, je suis impatient de quitter cet avion. Impatient de frôler le sol américain. Ces dernières semaines ont été éprouvantes, autant psychologiquement que physiquement, et je dois avouer que je suis tellement crevé que je pourrais dormir plusieurs jours d'affilés.

Les jumeaux devant moi, je fais tomber mes lunettes sur mon nez et nous traversons l'aéroport pour en sortir.

— J'ai trop besoin d'un café ! déclare soudainement notre starlette à la mèche violette.

— Ouais, j'suis d'accord avec MK, enchaîne Romeo dans mon dos.

— Regardez, il y a un Starbucks ! annonce Naël en montrant le café du doigt.

— Bon, eh bien... puisque vous avez l'air chaud pour un café, allons-y, je souffle en suivant mes potes.

Nos boissons commandées depuis un petit moment, je récupère enfin mon gobelet contenant mon Caramel Macchiato avec supplément crème fouetté et rejoins les autres déjà installés à une table. J'ôte le couvercle pour commencer à manger la crème quand juste devant moi, une petite blonde se prend les pieds dans la bandoulière de son sac qui se trouve sur le sol. Elle perd l'équilibre et s'emmêle les pieds un peu plus alors sans perdre une seconde, je jette presque mon gobelet sur une table vide pour la rattraper juste à temps. Une main posée au creux de ses reins et l'autre au niveau de sa taille, je la fais pivoter d'un seul coup et la maintiens penchée en arrière. Mon visage à quelques centimètres du sien, je suis hypnotisé par la beauté de ses yeux. Noisette, cerclés d'un marron un peu plus ambré et parsemés d'éclat doré.

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