Chapitre 12

16 8 0
                                    

Je fais face à ces deux gamins, toujours en train de s'esclaffer. Le deuxième a répondu à son pote « Elle est un Alien donc ça n'est pas très étonnant qu'elle trafique je ne sais quoi ». Sous le choc et en même temps extrêmement agacée, je leur adresse un sourire mielleux et leur lance : « Faites gaffe, la folie c'est contagieux ». Aucune envie de m'attarder avec ces deux idiots, j'ai d'autres chats à fouetter. Je les contourne et ramasse mes chaussures ; j'observe du coin de l'œil qu'ils me fixent, hébétés. Ils s'attendaient à ce que je réplique longuement ou que je pleure, comme les années précédentes. Au fond ça ne sert à rien, autant revenir à la maison et faire ce qui me semble important.

Une fois arrivée, je file en haut et m'assure que chaque bouchon est bien placé. J'entre dans la salle de bains, confiante. Ces mêmes sensations, une oppression, une sorte de tournis qui donne mal au crâne. Je me sens soulevée par quelque chose d'imperceptible et je me retrouve allongée comme d'habitude, la tête prise dans un étau. Toujours cette satanée lumière ! Il faut vraiment que je m'habitue à ce changement d'intensité. Je peine à me relever, je suis seule. Je commence à paniquer, d'habitude Séléa est toujours proche. Toujours cette même fumée blanche, les battements de mon cœur s'accélèrent et je commence à ressentir un fort tambourinement dans ma poitrine, quitte à en devenir une gêne prononcée. Ma respiration devient sourde, le tournis me reprend. Ma vision se floute, la peur m'a gagnée. La peur d'être seule dans ce cube fermé, sans personne, sans sortie... Je ne sais toujours pas ce qui provoque mes voyages envers les deux mondes ; j'ai seulement constaté que Séléa fermait les yeux pendant quelques minutes puis je me retrouvais propulsée vers « l'ailleurs ».

Peut-être que je peux aussi le provoquer, je ferme les yeux et attends. L'attente commence à peser et je ne ressens rien. Enfin si, du vide et de l'air aussi qui sur ma peau, finit par me faire frissonner. Une tape sur mon épaule droite me force à faire un bond vers l'avant. Mille mercis c'est Séléa ! J'ai traversé tellement d'émotions en l'espace de peu de temps que je saute dans ses bras, ravie de voir que je ne suis pas seule. Elle tressaille de surprise et me serre dans ses bras. Elle me sourit, je me sens bien. J'ai l'impression d'être déjantée à m'accrocher à ce monde parallèle, fictif peut-être ; je me sens bête de m'attacher à une créature qui risque de disparaître d'un moment à l'autre. Puis un jour viendra, elle aura trouvé son box et ce sera la fin des allers retours vers ici. Les larmes me montent et je sens mon visage chauffer. Séléa pose sa main sur mon bras ; je tente de cacher mon trouble, esquissant un sourire.

Elle pose son regard sur les flacons, je lui tends immédiatement.

- J'espère que cela va fonctionner ! Je t'ai apporté de l'eau de mer et de l'eau dite potable.

- Je suis désolée Emy... Cela ne fonctionnera malheureusement pas, ton eau est restée sous un état liquide or ce n'est pas ainsi que ça sauvera la fleur.

- Oh mince... Je pensais que ça irait ! Tu n'aurais pas une idée de quelle eau je pourrais ramener ? Je n'ai vraiment aucune idée de comment m'y prendre.

- Je suis sûre que tu vas trouver, fais-toi confiance, écoute ton instinct.

La déception dans les yeux de cette belle créature me fait de la peine, je n'ai pas été à la hauteur. Je vais me reprendre et y arriver, il le faut !

Je comprends qu'il est temps que je retourne chercher la bonne eau, Séléa ferme les yeux. Le trajet vers mon monde se fait toujours avec ces sensations de vide, d'oppression, de tournis et toujours ce fichu mal de tête ! Je ne vais jamais m'y habituer complètement...

Je me sens de plus en plus exténuée lorsque je reviens dans ma salle de bains, comme si ça puisait dans des énergies qui sont externes à mon corps. Des sensations de lourdeur qui m'enferment dans une raideur, avec un poids physique et psychique intense. J'espère que tous ces va-et-vient vont finir par être efficaces.

SéléaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant