Coma

880 47 8
                                    


/ TW / Comme son nom l'indique cet os évoque des choses pas très joyeuses. Prenez soin de vous, ne lisez pas si cela peut raviver de mauvais souvenirs ou vous rendre mal. <3

La Guerre. C'est un bien grand mot. 6 lettres, 2 syllabes, et pourtant il a plus de sens que la plupart de ceux que l'on emploie.

Un poids, une signification, un passé, une histoire, des vies, des âmes. Tout revient toujours à ces lettres.

La guerre ne date pas d'hier, et elle ne marque pas la fin d'une ère. Elle prend sans donner en retour. Elle arrache des vies et alors seuls des souvenirs subsistent. Des frères, des amis, des fils et des filles, des parents. Peu importe. Elle prend sans rendre en retour. 

Les bips incessants remplissaient la pièce. Un calme plat, rompu toutes les secondes par ce bruit.

Comme chaque jour, la porte s'ouvrit lentement. Cet intru ouvrit ensuite les fenêtres, changea l'eau des fleurs et s'assit à côté du lit. Les draps blancs n'avaient pas un pli, et laissaient à peine voir la forme du corps qui dormait au dessous.

Un bras fin, pâle, immobile se tenait sur le matelas.

Il se saisit doucement de cette main frêle et la serra doucement. Il la caressait avec son pouce, doucement. Il observait ces doigts fragiles au creux de sa main, silencieux, pensif. Il n'osait jamais ouvrir la bouche, s'adresser à cette personne endormie profondément. Mais aujourd'hui c'était différent. Il ne savait pas s'il pourrait continuer de venir ainsi, chaque jour, comme depuis bientôt un an.

Il releva doucement ses yeux aciers vers ces paupières closes. Il ne sentit pas ses épaules se relever, ni même ses yeux devenir humide. Il ne remarqua même pas la première larme qui coula sur sa joue. Il se contentait de le regarder, serrant doucement sa main.

- Je suis tellement désolé...

Il ne se sentit pas éclater en sanglots. Il ne sentit pas sa voix trembler, ni ses doigts se resserrer autour de sa prise. Il laissa simplement son cœur parler, dévoiler tout ce qu'il cachait depuis trop longtemps.

- Pardonne moi pour tout ce que j'ai pu te faire subir. Je voulais pas te faire du mal, je voulais pas qu'on s'insulte comme ça tous les jours. En fait, je crois que je voulais juste garder un lien avec toi, être proche de toi, devenir ton ami. Je voulais juste pouvoir te parler, et que tu rigoles avec moi comme tu le faisais avec tes autres amis. Finalement, j'étais juste jaloux que tu ne me perçoives que comme l'idiot qui t'insultait, et pas comme quelqu'un sur qui tu pouvais compter. Je... Pardon...

Il essuya doucement ses yeux, avant de sourire légèrement, le regard fixé sur les draps.

- Tu sais, enfin non, on a jamais vraiment parlé; mais j'ai jamais vraiment pu être moi-même. Cet air hautain et supérieur, c'est pas moi. Je voulais vraiment qu'on soit proche, je continue de penser qu'on aurait pu être très amis, peut-être même les meilleurs du monde. J'ai jamais vraiment été à ma place, que ce soit avec mes amis, avec ma famille, ou avec qui que ce soit d'autre finalement. Bizarrement, je ne me sens pas non plus à ma place ici. On n'a jamais été proches, ni même gentils entre nous. Et pourtant je continue de venir tous les jours. Au final, je suis arrivé à la conclusion que, peut-être, je ne mérite pas de vivre, ni d'avoir des amis, ou d'être heureux. Et, je suis vraiment triste que tu sois retrouvé dans cet état... Et j'aurai voulu que tu puisses continuer de sourire et de rigoler. D'être étincelant comme tu l'as toujours été. Désolé d'avoir gâché tes derniers moments avec tes amis, et de t'avoir embêté tout ce temps. Je regrette d'avoir été... D'être  ce que je suis. Pardonne moi...


Il marqua une pause, essayant de reprendre contenance.


- Au revoir, Harry. Prends soin de toi...


Le blond quitta la pièce. Il n'y revint plus jamais. On apprit quelques jours après sa disparition.

Lorsqu' Harry se réveilla, il fut mis au courant des visites quotidiennes de sa Némésis. Il alla déposer des fleurs sur sa tombe, pour le remercier.

- Tu es un Idiot...

Ce fut les seuls mots qu'il prononça devant les lettres gravées sur la pierre de son ennemi. Il sentit une larme couler, et un petit sourire se forma sur son visage. Il s'éloigna doucement de la stèle. 

- Tu avais ta place...

Et comme il l'avait fait pour lui, Harry revint chaque jour, puis chaque semaine, puis chaque mois, avant de reposer non loin de lui, pour toujours. 

Recueil Drarry/BlaironOù les histoires vivent. Découvrez maintenant