Recueil Drarry/Blairon

Une décision [Drarry]

J'étais en boule dans un coin de l'école, au détour d'un couloir, coincé entre deux colonnes. Je ne savais pas ce que je faisais, j'étais une boule, je me tenais le coeur, je pleurais. Ma crise d'angoisse ne se calmait pas, et je ne savais pas quoi faire d'autre que de rester seul, en boule, dans mon coin, à me balancer.

Il m'aimait. Il m'avait dit qu'il m'aimait et moi j'étais parti en courant. Je n'osais même pas imaginer ce qu'il avait pu penser, ressentir.

Mais qu'est ce que j'aurais pu faire ? Je l'aimais tellement. Je l'aimais à en mourir. On ne se voyait que la nuit, discrètement après les cours. On se parlait à travers nos hiboux. Déjà à ce moment je savais que je ne devais pas. En fait, je ne savais pas pourquoi j'avais fait ça : on s'insultait, comme d'habitude, et un jour on s'est décidé à juste faire une trêve, à apprendre à se connaître. Et aujourd'hui, j'étais amoureux de lui. Mais demain je serai mort, et ça je le savais très bien. Il le savait très bien.

Et alors quoi ?

J'essayais de fusionner avec les murs de cet immense château. Et ensuite ?

Je séchai mes larmes, tentai de calmer ma respiration. On devait avoir une discussion. Je devais lui dire que je ne pouvais pas accepter ses sentiments, qu'importe combien dire ces mots me feraient mal. Je devais mettre un terme à cette histoire. Il aurait mal quelques jours et il passerait à autre chose.

Je me levai, doucement. Tout mon corps était engourdi. Je rejoignai l'endroit où je l'avais laissé, sachant pertinemment qu'il ne serait plus là. J'allai alors vers ma chambre, attrapai une feuille, griffonai à la hâte quelques mots que je savais, il serait le seul à comprendre. Je ne savais pas comment lui transmettre avant le soir, alors je me disais que l'accrocher sur la porte de la grande salle serait tout aussi bien, et tant pis pour la discrétion.

La journée passa à la fois avec une lenteur extrême et une rapidité excessive. J'étais là, à notre point de rendez-vous, emmitouflé dans ma robe. Je ne savais pas vraiment ce que j'allais dire. J'y avais réfléchi toute la journée sans trouver les mots justes, sans savoir quoi choisir entre ce que je voulais et ce que je devais faire.

Lorsque je l'ai vu, j'ai su que ce serait la dernière fois. Je le regardais, longuement, muet. C'est lui qui initia.

- Tu avais quelque chose à me dire ?

- Je suis désolé.

- C'est un peu tard..

- Je sais.

Un nouveau silence. C'était à moi de parler, mais comment commencer ?

- Je sais que tu ressens la même chose pour moi.

Je ne savais pas quoi répondre, alors je décidai d'aller directement à l'essentiel.

- On doit s'arrêter là.

- Pourquoi ?

- Parce que je ne suis pas ce que tu crois. Au fond de moi, tout au fond, il y a quelqu'un d'horrible qui n'attend qu'une chose : sortir pour tout dévorer. Si je reste avec toi, tu seras englouti en même temps que moi. Si je reste avec toi, tu mourras lors de la bataille finale. Je suis la moitié de Voldemort. Je vois ce qu'il voit, je ressens ce qu'il ressent. Je ne suis peut-être pas lui, mais parfois je me demande si c'est Harry qui parle ou si c'est lui. Je ne peux pas t'imposer ça. Je ne peux pas t'emmener à la mort avec moi.

- Si tu peux.

- Drago...

- Non.

Je fronçai les sourcils en le regardant. Je ne savais pas où j'allais dans mon discours. Je voulais y mettre fin, fuir, mais tout mon être me hurlait d'aller vers lui.

- Si j'étais toi j'aurais pris la fuite.

- C'est déjà ce que tu as fait. Pas très Gryffondor.

- Je sais..

- Harry, écoute moi bien. Je risque de mourir dans cette guerre, quoi qu'il se passe. Alors je veux profiter du temps qu'il me reste pour prendre mes propres décisions, vivre ma vie, être avec ceux avec qui je me sens bien.

Je baissai la tête. Qu'étais-je censé répondre à cela ?

- Je vais mourir dans cette guerre.

- Non, personne ne te laissera mourir Harry.

- Alors quoi ? Je vis ma vie comme un inconscient ? Je suis heureux avec toi quelque temps et puis on meurt tous les deux ? Ou bien je meurs et je te laisse tout seul ?

- Et pourquoi pas ?

Je ne comprenais pas, ou je ne voulais pas comprendre. Pourquoi était-il si têtu ?

- Je ne veux pas que tu meurs. Encore moins à cause de moi.

- On meurt tous un jour, Harry.

- Pas toi. Tu es trop jeune. Tu dois découvrir ce que c'est de vivre.

- Toi aussi.

- Arrête. Tu sais très bien que ce n'est pas pareil. je suis destiné à mourir dans cette foutue guerre pour laquelle je n'ai rien demandé. tout ce que je voulais, c'était pouvoir profiter un peu, être avec toi.

- Rien ne t'empêche de continuer.

- Drago, tu sais très bien que ca va te mettre en danger. Et s'Il le découvrait ? Il s'en prendrait immédiatement à toi.

- Je suis prêt à prendre ce risque.

Je ne savais plus quoi dire. Je voulais tellement qu'il me prenne dans ses bras, qu'il me dise que tout allait bien se passer, que toute ma vie n'avait été qu'une immense blague et que la seule chose qui m'attendait serait un immense gâteau et une partie de Quidditch. Mais ce n'était pas le cas, et Drago ne me prit pas dans ses bras. A la place, il avait caché ses mains dans ses poches et me fixait de ses sublimes yeux gris.

- S'il te plait..

Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais parlé. J'avais seulement entendu ma voix se briser comme un miroir qui éclate contre un sol trop froid.

- Je ne te laisserai pas t'enfuir encore une fois. Je suis amoureux de toi Harry, et je sais que tu ressens la même chose.

Je restai silencieux, les larmes aux yeux.

- Je veux être avec toi.

- J'ai tellement peur... J'éclatai en sanglot. Drago... je ne veux pas te blesser, je ne veux pas qu'Il prenne le contrôle quand je suis avec toi, je ne veux pas que tu me détestes, je ne veux pas que tu meures et que tu m'abandonnes comme tous les autres...

Drago me prit doucement dans ses bras, passant sa main dans mes cheveux pour les caresser. Il m'embrassa doucement la tempe et me serra contre lui. 

Pour la première fois depuis très longtemps, je me sentais à ma place, enfoui dans ses bras.

- Tu n'es plus seul.