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   - Harry? appela Louis d'un ton variant entre un chuchotement et un cri auxquelles les fusées de détresse n'enviaient rien. Il entendit ensuite des bruits de pas, mais il était trop affolé pour reconnaître ceux de qui que ce soit. Puis Harry apparut au bas des escaliers, un air de soulagement se peignant sur son visage dès qu'il remarqua son copain.

   - Lou! s'écria le bouclé en rejoignant ledit Louis dans la pièce poussiéreuse, ne faisant que deux enjambées au-dessus des marches.

  Louis resta interdit un moment de plus avant d'enlacer Harry. Celui-ci lui rendit son étreinte sans rien dire, assez sonné.

   - T'es... parti, commenta Harry après quelques secondes. Juste... parti.

   - Ouais, répondit Louis, incapable de plus de paroles, avant d'éclater de rire. Harry le rejoignit dans son rire nerveux tandis que les trois autres arrivaient à leur tour au bas des escaliers.

  Une fois réunis, tous interrogèrent Louis, avec de vrais mots ou juste des regards confus.

  - Pourquoi... commença Niall.

  - Je sais pas, répondit Louis, qui s'était un peu détaché d'Harry. Panique.

  - Carrément même! Ça aurait été drôle dans un autre contexte, continua le blond, loquace même dans un tel moment.

  - On respire mal ici, intervint Zayn.

  Se tournant, Harry aperçut une lucarne. Il tenta de l'ouvrir à la manière douce avant de se rendre à l'évidence et d'utiliser plus de force que normalement nécessaire pour tirer sur la poignée. Celle-ci céda finalement et un filet d'air frais entra, sinueux, dans la pièce.

  - On est où, là? demanda Liam en jetant un regard autour de lui.

  - Ça m'a tout l'air d'un grenier, répondit Zayn avant de se renfrogner, se rappelant qu'il était censé être fâché envers le châtain.

  Celui-ci hocha la tête, continuant sa visite visuelle des lieux. Il scruta chaque recoin en faisant l'impasse sur les toiles d'araignées, et découvrit tout ce qu'il s'attendait à découvrir dans le grenier d'une maison de cet âge. Plusieurs malles en fer, la plupart fermées, un mannequin n'ayant qu'un buste en soie qui avait dut servir pour modeler des robes, et des jouets d'enfants, notamment un effrayant cheval à bascule à la peinture écaillée qui lui rappelait bien trop celle d'un certain clown tueur.

  - Je crois qu'on a atteint le max en niveau de creepy, lança Zayn mi-impressionné, mi-rieur.

  - Ouais, là, on a fait fort, acquiesça Harry.

  Après quelques secondes de silence, les garçons se regardèrent l'un l'autre en attente d'une parole. Il semblait qu'ils avaient tous envie de partir mais qu'aucun ne se serait risqué à le dire tout haut. En tout cas, se promit Liam, ce ne serait pas son cas. Il avait déjà atteint la limite de la couardise dans cette journée, il n'allait certainement pas mettre fin à l'horrible visite en premier. C'est pourquoi il fut soulagé, bien que surpris, quand Zayn dit :

  - Ok, je capitule. On peut se barrer?

  Les quatre autres acquiescèrent vivement et prirent le chemin inverse pour finalement sortir de cette maison si effrayante. Harry passa derrière Louis, Niall le suivant, et Zayn allait lui emboîter le pas - Liam était très décidé à partir le dernier de la maison, ou au moins de la pièce- lorsque la porte claqua. La vieille porte du grenier poussiéreux de la mystérieuse maison abandonnée venait de se refermer au nez de Zayn, et il ne pouvait plus l'ouvrir.

  - C'est coincé, commenta Zayn après avoir tourné la poignée dans tous les sens et s'être appuyé sur le vieux bois dans l'espoir de faire ployer la serrure.

  - Arrête tes blagues, commanda Liam dans l'espoir que Zayn lui rie au nez avant de lui annoncer que la porte s'ouvrait parfaitement.

  - Je déconne pas, répondit le brun, livide.

  - Laisse-moi essayer, demanda Liam en poussant Zayn et essayant lui-même d'ouvrir la porte. En vain.

  - On est coincés, murmura Zayn, les yeux dans le vide.

  - Non, non non non, pria Liam, comme si ça arrangerait les choses. Pitié, non.

  - On est coincés, répéta le plus vieux, un peu plus fort. Puis il le répéta encore et encore, comme une litanie, jusqu'à ce que sa respiration s'accélère et que sa voix se brise. Il dirigea finalement son regard sur Liam et lâcha, le visage déformé par l'angoisse et la respiration hachée :

  - On peut plus sortir.

  Puis il détacha son regard et commença à tourner sur lui-même, les mains tirant ses cheveux, le corps secoué de frissons.

  - Il faut sortir, supplia-t-il tout en cherchant une autre issue. Liam, il faut que je sorte!

  Son état ne s'arrangeait pas, loin de là et, avant que Liam ne puisse réagir, Zayn était en pleine crise de panique.

  - Merde, chuchota-t-il pour lui même. Il savait que Zayn était sujet aux crises de panique, mais il ne l'avait vu en avoir que deux, et il n'était jamais seul. La première fois, sa mère était là pour le calmer ; la deuxième, c'était Louis. Liam ne comprenait pas toujours les raisons de ce genre de crises, car elles étaient souvent impossibles à expliquer. Il n'avait par ailleurs aucune idée de la façon d'aider Zayn à se calmer.

   Liam se força à faire le vide dans son esprit pour tenter de trouver une solution qui fonctionne. Le faire sortir de cette pièce serait la meilleure, mais irréalisable sur le moment. Bon, passons. Le faire respirer dans un sac pour qu'il se calme automatiquement? Mais cette méthode ne marchait pas sur tout le monde, et il n'avait pas de sac à portée de main. Lui parler jusqu'à ce qu'il se calme? Pas mal, sauf qu'il n'avait aucune idée de quoi dire. L'embrasser jusqu'à ce qu'il soit bien obligé de reprendre son souffle d'une manière ou d'une autre? Liam se tapa le front de la paume de la main, en réprimande d'avoir de telles pensées. Quel monstre serait-il de profiter de la situation comme ça? Comme aucune autre idée ne venait et que Zayn ne se calmait pas, il décida finalement d'essayer de lui parler.

   - Zayn, commença-t-il en prenant doucement ses mains, jusque là emmêlées dans ses mèches noir corbeau, je suis là. C'est sûr que c'est pas l'idéal mais imagine si on avait même pas de lumière? Ou pire, si t'étais ici tout seul, ou encore que tu étais coincé avec un tueur en série et...

   Le regard paniqué que Zayn lui lança le fit s'arrêter sur le champ. Comprenant qu'il risquait d'aggraver la situation s'il continuait cette tirade, il décida de faire le vide dans sa tête. Puis il respira un grand coup et enjoignit Zayn à faire de même.

NIGHT CHANGES [ziam]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant