Instinct

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''Apprenez à suivre votre instinct. Il sait ce que votre tête n'a pas encore compris.''

9 ans. Depuis neuf longues années, je suis à la tête de cet empire, j'ai volé, torturé et tué des centaines de personnes de mes propres mains, mené à bien chacun de mes plans, écoutant toujours le moindre de mes pressentiments, suivant mon instinct. Mais pas cette fois, Nan j'étais bien trop absorbé par ma vengeance et pourtant je n'ai jamais fait cette erreur, pas une fois en 9 ans alors pourquoi aujourd'hui ? pourquoi ai-je refusé d'écouter mon putain d'instinct alors qu'il ne m'a jamais fait défaut!?

La haine s'insinue doucement en moi, remontant le long mes veines, glaçant et empoisonnant chaque cellule de mon sang, à chaque respiration mes poumons me brûlent et cette froideur, elle enserre mon cœur et je ne serais dire si celui-ci bat toujours. Parce que tout ce que mon corps est à présent, c'est une enveloppe charnelle qui ne contient plus que haine, antipathie, aversion...

Dans ce salon qui devrait déjà n'être plus qu'un tas de cendre, mes hommes et moi faisons face à Carlos Jamirez et très bientôt, je le sais, nous serons encerclés. Pour l'instant aucun de nous ne baisse son arme et malgré l'infériorité numérique je sais qu'aucun de mes hommes le fera sans mon ordre. Alors j'observe chaque homme présent dans cette pièce et je me réjouis de voir qu'aucun d'eux n'ose me regarder dans les yeux, tous sauf un. Se dressant fièrement devant moi, Carlos me dévisage et me défie du regard jouissant de me savoir à sa merci. Alors je plonge mes pupilles qui je le sais ne sont plus que deux billes noires dans les siennes et quand il croise mon regard, il y voit tout ce que mon âme prévoit de lui faire, il y voit danser le diable et les damnés dont t'il fera très bientôt partie. Et un éclaire de terreur traverse ses pupilles, c'est rapide, trop fugace pour que quiconque le remarque, mais je l'ai vu oh oui je l'ai vu et c'est mon être qui a vibrait tout entier sous la joie sadique que ça m'a procurée... Parce que même là, Charon terrifie et ce n'est que le début.

- Bem, tout se passe comme tu le souhaites Charon ?

L'ironie de sa voix et son sourire en coin ne font qu'accentuer mon envie de lui trancher la gorge, mais il faut que je patiente encore un tout petit peu. Je le fixe et lorsqu'il comprend que je ne lui répondrais pas il reprend la parole :

- Je t'ai connu plus bavard, particulièrement lorsqu'il s'agissait de me donner des informations très utiles, d'ailleurs je t'en remercie, je me suis fait un paquet de fric.

Plissant légèrement les yeux, je ne le lâche pas du regard, si mon visage reste impassible mon sang lui, boue follement dans mes veines parce que ce cabrón est très clairement entrain de se foutre de ma gueule. Alors soit cet homme cherche à me pousser à bout ce qui serai probablement arrivé si je ne contenais pas aussi bien mes émotions, soit il cherche quelque chose. Et mon cerveau se met en marche, tout s'assemble, très vite, je comprends que le temps lui fait défaut. Il veut jouer à ça ? Il veut du temps ? Très bien, je vais lui en donner, je vais le laisser parler parce que moi aussi le temps me manque, maintenant reste à savoir lequel de nos comptes à rebours s'arrêtera en premier.

- Vois-tu Charon, mes hommes sont plus nombreux que les tiens alors je te conseille de leur ordonner de baisser leurs armes à moins que tu souhaites qu'une vingtaine des tiens meurent bêtement ?

Après un geste de ma part, mes hommes baissent lentement leurs armes, prêts à tirer aux moindres mouvements suspects du camp adverse. Le sourire de Carlos s'agrandit, dévoilant ses dents noircies par le tabac et le manque d'hygiène. Il pense avoir le dessus et pouvoir m'énerver, et je dois admettre que j'ai vraiment eu du mal à garder mon sang-froid lorsqu'il a menacé mes hommes mais il a commis une erreur sans même sans rendre compte, il vient de me donner l'avantage. Car comme il vient de si bien le faire remarquer seulement vingt de mes hommes sont présents dans ce salon or il n'y a ni Rafael ni son groupe. Ce qui confirme aussi que cet homme est stupide pour penser que je viendrais m'occuper de lui avec aussi peu d'hommes.

Charon, au sommet du CartelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant