L'un des nôtres

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Trahison. Ce mot résonnait depuis des heures sur leurs lèvres, leurs regards déçus, dégoûtés, anéantis le fixaient comme Judas. Il était là, assis, condamné avant même d'avoir pu parler. Il aurait dû s'y attendre, au premier faux pas il serait banni à jamais de l'Ordre. Potter le lui avait bien fait comprendre, son statut de Mangemort ne le quitterait jamais et cela même si Hermione avait trouvé du bon en lui. D'ailleurs où était-elle ? Que faisait-elle ? Drago ne le savait pas, il ne l'avait pas vu depuis son retour au QG de l'Ordre.

Disgrâce. Il avait quitté un camp pour en rejoindre un autre, tentant de se racheter une conduite dans cette guerre immonde. Il avait sali le nom de ses ancêtres, anéanti les rêves de son père, détruit le peu qui pouvait lui rester. Il était venu nu à l'Ordre, leur offrant sa vie pour racheter ses fautes et expier ses péchés. Après avoir risqué sa vie, tué ses anciens compatriotes, affronté son Maître qu'il avait vénéré depuis sa naissance, ils le mettaient en disgrâce.

Sa parole n'avait-elle pas de poids ?

Où était Hermione ?

Esprit du mal. Il la sentait bouger, chaque jour il endurait mille souffrances en silence, mais elle seule savait quel mal il avait à cacher cette marque. Marque maudite qui lui gâcherait la vie, et ce à jamais. L'éternité pour expier ses fautes, l'éternité à servir pour racheter sa conduite. Cette erreur n'était même pas la sienne, ses parents avaient décidé pour lui ce qu'il devait être. N'avaient-ils jamais entendu parler de propagande ? Les Moldus en étaient gangréné, dire qu'il les haïssait alors que les sorciers n'étaient pas mieux, d'un côté comme de l'autre le bien et le mal ne se valaient pas. Ils disaient se battre pour le bien, mais laisser des gens mourir et en tuer d'autres s'appelait-il réellement faire le bien ? Non, c'était la guerre. Contrairement à eux Drago en était plus que conscient, il savait, il avait vu. Mais qui l'écoutait ?

Où est Hermione ?

Homme Maudit. La cadette Weaslette adorait l'appeler ainsi, lui rappelant chaque jour qu'il porterait sa disgrâce sur lui, imprégné à l'encre noir sous sa peau. Elle était là, présente, lui soufflant la voix du Seigneur des Ténèbres comme une mauvaise berceuse. Parfois Drago aimait l'appeler la Malédiction du Mangemort, c'était un doux mot pour exprimer l'horreur de cette marque apposée sur son bras.

La honte. Se réveillant un matin il avait eu honte de lui, honte de ce qu'il avait fait. Malgré la guerre il ne parvenait pas à se trouver d'excuse, à se pardonner ses actes. Mais était-elle réellement la seule expiation possible à ses fautes ? Peut-être pas. Drago était perdu, perdu dans ce monde fou qui tournait sans aucun sens autour de lui.

Quelle idée folle de rejoindre l'Ordre, il aurait dû s'enfuir, courir loin, se cacher où personne ne pourrait le trouver. Mourir seul si possible, loin. Car au final, il n'était pas l'un des leurs et ne le serait jamais. Il pouvait tout essayer, jamais il ne serait comme eux. Jamais il ne pourrait se voiler la face sur cette guerre qui faisait rage autour d'eux, il n'était pas comme eux.

Tu n'es pas comme nous.

Lâche. Oui, ça il l'était, il l'avait toujours été. Il n'avait même pas pris la peine de prévenir sa mère, il était parti comme un voleur.

Fuit. Il avait fui un soir de pleine lune, ne prenant que sa baguette pour seule compagne, fuyant ce qu'il croyait être le mal pour le bien. Mais ce bien il l'avait trouvé, derrière un énorme grimoire, assise sur un fauteuil.

Il sourit dans les ténèbres de sa cellule.

Il se souvenait de ses larmes, de ses yeux criant l'horreur sur le champ de bataille. Elle était belle, tellement belle dans son désespoir que son cœur avait flanché, s'ouvrant en deux pour laisser échapper son propre désespoir. Elle seule l'avait compris, elle seule savait ce qu'il était, elle seule connaissait chaque recoin de son corps, elle seule savait dessiner cette marque qui lui saignait le bras. Dans leur désolation commune ils avaient trouvé ce chemin qui les rendait heureux, heureux ne de pas être seul dans ce gouffre sans fond. Il ne saurait dire s'il l'aimait vraiment, mais sa présence chaude et réconfortante l'empêchait de pleurer seul, alors ils pleuraient à deux.

L'un des nôtres-OS-DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant