Chapitre 1

305 20 5
                                    

Une forme sombre remuait légèrement dans une cellule glaciale, soumise au vent violent et l'air salin. Appuyé contre un mur humide, la forme tremblait, sa magie ne lui étant d'aucune aide pour trouver un semblant de chaleur, bien qu'elle ait oublié depuis longtemps cette idée.

Bellatrix Lestrange a depuis bien longtemps perdu l'espoir de lutter contre le froid. Ce froid glacial, humide qui pénétrait jusqu'à ses os, gelant tout sur son passage. Ce froid mordant qui enserrait son cœur et qu'elle endurait depuis maintenant quatorze longues années. En soupirant, elle apposa la tête sur le mur derrière elle, et ferma les yeux. Elle se rappela très bien son procès qui l'a mené jusqu'ici. Une salle pleine a craqué, tous voulant voir la fameuse Bellatrix Lestrange sur le banc des accusés, enfin plutôt dans la cage des accusés, enchainée comme un animal. Elle avait pourtant prévenu Croupton jr que torturer les Londubat était une très mauvaise idée. Elle aussi a été en colère à la disparition du Seigneur des Ténèbres, mais il aurait fallu agir intelligemment. Au lieu de ça, ils ont foncé tête baissée sans avoir le recul nécessaire pour comprendre quoi faire. Bellatrix a aussi été aveuglée, elle devait bien le reconnaitre, mais quand elle a voulu arrêter et laisser en vie les Aurors, se rendant bien compte qu'ils n'avaient aucune information, Barty a pris le relais, ne voulant rien entendre, les torturant jusqu'as la folie. Ils ont été pris sur place, mais pas sans combattre.

Bellatrix, bien qu'enchainée, n'a pas baissé les yeux, au contraire. Elle sut garder son attitude hautaine, fière. Bellatrix était une magnifique femme, pas très grande, mais un certain charisme se dégageait d'elle. Elle refusait de répondre à leurs questions, et leur a hurlé au visage que son maitre n'était pas mort et qu'un jour il reviendrait. Il les récompenserait alors, eux, les Mangemorts qui ont su lui rester fidèles.

Et elle le pensait encore maintenant. Même si maintenant ses cheveux pouvaient servir de nid d'oiseaux, si des cernes lui mangeaient les yeux, si son corps était tellement maigre à force de privation et de mauvais traitements, si ses dents étaient gâtées faute d'entretien. C'est cette certitude qui la maintenait en vie. La certitude que son maitre allait la délivrer. Et ce n'était pas les détraqueurs qui pouvaient lui enlever cela. Elle pouvait s'accommoder de la faim, le froid également même si c'était plus difficile. Mais elle redoutait plus que tout les détraqueurs, et les créatures l'avaient bien compris. Régulièrement, ils venaient dans sa cellule, goutant son âme, voler les dernières miettes de souvenirs ou sentiments heureux qu'ils puissent encore trouver. Mais il y a bien longtemps qu'ils ont déjà tout prit, ne laissant absolument rien derrière eux qu'un sentiment de vide, et de désespoir absolu. Après toutes ces années passées ici, la santé mentale de Bellatrix s'était fortement dégradée. Depuis toute jeune, elle avait déjà quelques troubles, de la difficulté à gérer sa colère, à canaliser en général les émotions fortes. Mais depuis qu'elle est en prison, Bellatrix avait l'impression d'être complètement folle.

Aussi immobile que les pierres de sa cellule, une larme roula sur sa joue. Bien qu'elle garde une confiance aveugle en Voldemort, elle eut aussi l'impression qu'elle n'allait pas pouvoir tenir encore des années. Elle était tout simplement arrivée au bout de ses forces et les jours ici se ressemblaient tous.

Une douleur lancinante dans l'avant-bras lui fit ouvrir les yeux. Lentement, elle leva le bras à son visage et observa le serpent qui ornait sa peau blanche, se mouvoir lentement. Un sourire apparut sur ses lèvres, il était de retour. Un grondement lui fit lever la tête, et elle n'eut le temps que de se relever comme elle le pouvait et reculer avant que le mur qui la séparait de la mer n'explose, laissant qu'un trou béant. Elle s'avança, se tenant au mur, puis aux pierres tenant encore debout, ayant des difficultés à marcher. Elle respira à plein poumon l'air frais de la nuit, puis éclata d'un rire libérateur. Elle a eu raison. Elle a eu finalement raison dans son entêtement. Son maitre l'a finalement libéré, la bataille allait pouvoir reprendre. Pourtant, étonnement, sa pensée suivante allait à sa sœur, Narcissa. Elle allait enfin pouvoir la revoir, passer un peu de temps avec elle. Par Merlin, elle lui a tant manqué. C'est donc tout naturellement au Manoir des Malfoy qu'elle transplana avec le peu de force qu'il lui restait. Même si sa tête était volontaire, Azkaban avait considérablement affaibli son corps.

Une lueur dans les TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant