Needed

Chapitre 8

J'insérais les clefs de ma maison dans la serrure. Je les tournais jusqu'à entendre le clic qui signalait que la porte était déverrouillée. Ross était derrière moi, je sentais son regard dévorer mon dos.

Je mis ma main sur la poignée et la tournai, me laissant découvrir mon petit hall d'entrée vide de vie. Je demandais à Ross s'il voulait bien attendre dehors deux petites minutes. Je voulais vérifier si mon père était là.

Tout le long du trajet, j'avais le pressentiment que j'allais passé ma soirée seule. J'allais dans le salon, dans la cuisine, je montais à l'étage pour voir si mon père était là. Personne. Je redescendais et rejoignis Ross dehors.

Moi - Mon père est pas là... Tu... veux... entrer ?

Je me suis surprise moi-même à lui proposer une telle chose. Les parents de Ross ne devait pas être pauvre : Ross était super bien habillé, avait des lunettes de soleil Ray Ban, et avait même son permis. Il avait son permis et moi je ne savais pas faire du vélo. Ross allait voir ma petite maison, qui devait faire bien minuscule par rapport à la sienne.

Ross - Avec plaisir.

J'avais dit à Ross qu'une fois chez moi ma soudaine bonne humeur partirait en courant, j'avais raison. Mon père n'était encore une fois pas là, et je savais ce qu'il faisait. Ça me rendait triste, parce que mon papa était malheureux. Il était malheureux par la faute de ce qui me servait de mère, par ses problèmes d'argent et par moi qui n'avait pas une vie normale.

Je fermais la porte et allais dans la cuisine suivie de Ross.

Moi - Tu veux quelque chose ?

Ross - Ça va, merci.

Je me servais un verre d'eau, et en me retournant je découvris sur la table un morceau de papier avec mon nom dessus.

Je le pris et le lisais sous les yeux attentifs de Ross.

"Zoeylla, ma fille.
J'ai beaucoup de travail en ce moment, mais je pense être sur le point de toucher une prime. La mauvaise nouvelle c'est que tu vas être seule ce soir, demain et dimanche toute la journée. Je sais que tu ne me vois pas souvent mais c'est pour que plus tard nous puissions vivre comme tu en rêvais quand tu n'avait que dix ans.
Je n'aime pas quand tu es seule, alors si tu pouvais t'arranger pour aller chez des amis (des amis sans problèmes), ça me rassurerait.
Je t'aime mon ange, à très vite.
Ton papa."

C'est la cinquième lettre en deux mois.

Une larme coula le long de ma joue pour finir sur le papier.

Ross - Hey pourquoi tu pleures ?

J'essuyais ma joue avec la manche de mon t-shirt.

Moi - Je pleure pas.

Je ne pleurais jamais. Je me l'interdisais (même si depuis la rentrée ça m'arrivait plus que d'habitude). Mais j'avais besoin de mon père. Je n'étais pas la meilleure fille du monde, c'est clair, mais je restais tout de même une humaine avec le besoin d'avoir des parents. Au moins l'un des deux.

J'écrasais la lettre entre mes main puis jetais le papier à travers la cuisine. Je pris appuis sur le plan de travail en posant mes mains dessus, toujours dos à lui.

Ross s'approcha de moi et me demanda ce qu'il se passait.

Je levais la tête et regardais Ross droit dans les yeux. Il semblait perturbé par ce qu'il venait de se passer. Je voulais parler mais aucun son ne sortait de ma gorge. Il me demandait une nouvelle fois ce qu'il se passait.