Mais tu ne l'avais pas fait. Non. Mon- notre premier baiser est arrivé plus tard. Et c'était différent de ce que j'avais imaginé. J'avais tout un scénario dans ma tête : ça se serait passé après un de nos rendez-vous. Tu m'aurais raccompagné ; on aurait marché dans un silence confortable dans la nuit sombre, avec pour seule lumière celles des lampadaires et celles des rares voitures qui passaient. Et arrivait devant chez moi, avant que je ne puisse passer la porte, tu m'aurais retournée et, dans un geste à la fois brutal et doux, tu aurais scellé nos lèvres. Et à ce moment, des milliers de frissons auraient parcouru mon corps et un feu d'artifice se serait déclenché dans mon estomac. Mais non, ce n'est pas comme ça que ça s'est passé. C'était un dimanche après-midi. On était sur ton lit, tu lisais un livre et je jouais sur mon téléphone. J'avais déjà fait plusieurs fois le tour des applications et je commençais à m'ennuyer. Donc, j'ai commencé à t'embêter. Au début, tu m'ignorais. Mais en voyant que je n'arrêtais pas avant d'avoir reçu un peu d'attention, tu as posé ton livre et tu as contre-attaqué. Et c'est après plusieurs minutes à chahuter que, étant au-dessus de toi, je t'ai embrassée. Tu étais surprise au départ, mais tu y as vite répondu. Et au final, je n'avais eu ni frisson, ni feu d'artifice. Mais c'était bien quand même, parce que je t'avais toi.