Trahison

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                Lorsqu'il lève les yeux dans ma direction, je lui rends un sourire. Il commence alors à remuer lentement son bassin. Je sens sa chaleur s'insinuer plus profondément en moi. Enlacés, il pose une main sur ma joue, puis s'avance pour embrasser mes lèvres. Ses cheveux sont décoiffés par l'oreiller. Il murmure mon nom. Lorsqu'il ajoute que ses sentiments à mon égard sont là depuis le jour de notre rencontre, je rougis comme une fleur des champs. Il embrasse ma poitrine pour cacher son visage cramoisi. J'enroule mes bras autour de sa tête pour le serrer contre moi. Je sens le souffle de sa respiration sur ma peau. Aliocha remue de plus belle, accélérant le rythme de ses hanches. Bien que nous soyons en hiver, la température de la chambre augmente inexorablement, et il fait bientôt aussi étouffant qu'au mois de juillet. Des gouttes de sueur coulent le long de mon dos et perlent sur le visage d'Alekseï, tombant sur sa moustache. Lorsque je l'embrasse, ses lèvres ont un petit goût salé.

              Bientôt, je sens poindre en moi une vague, grandissant au rythme de ses coups de reins. Aliocha me serre plus fort contre lui et je devine qu'il doit ressentir la même chose. D'un coup nos regards fiévreux se croisent et nous sentons aussitôt le plaisir jaillir entre nos deux corps. Nous nous couvrons mutuellement la bouche d'une main pour éviter de crier, sans nous quitter des yeux. La voix d'Aliocha émet des grondements irrésistibles qui m'étaient jusqu'alors complètement inconnus. La main toujours sur sa bouche, il pose son front contre le mien.

                Tandis qu'il halète, les oscillations de son bassin perdent en frénésie et je sens son membre perdre de sa vigueur. Alekseï se retire doucement puis pose un baiser sur mes lèvres. Il reste allongé sur le dos. Lorsque je pose ma tête au creux de son épaule, il glisse son bras autour de ma taille et me serre contre lui. Je caresse son torse, son cou et sa moustache. Aliocha me sourit. Il remonte le drap, dépose un baiser sur mes cheveux, puis souffle la bougie. Dans l'obscurité de la chambre, j'entends les battements amplifiés de nos cœurs. La chaleur de son corps me berce et je ne tarde pas à fermer les yeux et à tomber dans le sommeil.

                Le lendemain matin, le pâle soleil d'hiver perce à travers les persiennes. Il est déjà tard. D'un bond, je me redresse, faisant sursauter l'homme à côté de moi. La logeuse ! Il faut à tout prix faire sortir Aliocha, avant qu'elle ne vienne m'appeler pour le petit déjeuner. Je le pousse sans ménagement hors du lit et le presse de s'habiller, enfilant mon caraco à la vitesse de l'éclair. Lorsqu'il entend les pas lourds dans l'escalier, il se précipite sur ses vêtements et se cache derrière la porte. 

                La logeuse ouvre brusquement celle-ci sans même prendre la peine de toquer. Alekseï est debout, entièrement nu, ses vêtements roulés en boule devant son bas-ventre. Il retient sa respiration. Je remonte prestement le drap, arrangeant d'une main mes cheveux en bataille. La logeuse me dévisage d'un air circonspect et tourne la tête suspicieusement à gauche et à droite. D'un air sévère, elle me rappelle les règles en vigueur dans cette pension puis m'invite à descendre pour déjeuner avec les autres chastes pensionnaires. Lorsqu'elle referme la porte et que le bruit de ses pas disparaît dans l'escalier. Alekseï pousse un énorme soupir de soulagement, puis aspire de petites goulées d'air rapides, reprenant son souffle. Nous échangeons un regard amusé, avant d'éclater de rire.

                Craignant que la logeuse ne nous entende et ne nous surprenne, nous posons soudainement de concert nos mains sur la bouche pour en étouffer les bruits. Aliocha quitte sa cachette pour s'asseoir à côté de moi sur le lit. Il pose une main sur ma joue et m'embrasse, puis se tourne et commence à enfiler son caleçon. Je regarde ses mollets et le tissu glisser sur ses cuisses. Il se relève et couvre le galbe de ses fesses. Puis, il enfile prestement son tricot et s'affaire déjà à reboutonner sa chemise. Il secoue son pantalon, passe une main dessus pour le lisser, puis l'enfile. Il passe ses bras dans ses bretelles et les fait claquer sur son torse pour les ajuster. Je lui jette des coups d'œil pendant que je reboutonne mon chemisier. Aliocha récupère ses bottes derrière la porte puis les chausse, une main appuyée contre le chambranle. Ses lacets noués, il se penche vers le miroir brisé et de ses doigts, commence à coiffer sa moustache et à peigner ses cheveux. Lorsqu'il se tourne vers moi, il affiche de nouveau cet air de gentilhomme si caractéristique.

Le Cœur de GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant