Chapitre 6

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    Ce bal était plus plaisant qu'il ne l'aurait cru. Il était certes ennuyé par certaines méthodes qu'employaient ses filles pour avoir ne serait-ce qu'un regard de lui. Mais il s'amusait bien. Intérieurement, il prenait plaisir à questionner ses dames et à voir ce qu'elles allaient bien pouvoir inventer pour lui plaire. Il aimait rendre les conversations plus compliquées. Il était pourtant troublé par une chose. Il n'y avait pas quinze femmes qui lui plaisait. Pour être honnête aucune d'elle n'était réellement parfaite. Une était beaucoup trop cupide, l'autre beaucoup trop malpolie, une autre encore pas assez noble. Il craignait désormais, les prochains jours qui allaient se déroulaient au château. Il connaissait déjà les Choisis, il devait pourtant danser et discuter avec toutes les autres jusqu'à la fin du bal qu'il n'attendait qu'avec trop d'impatience déjà. Il savait que trop bien désormais que son foyer ne serait plus aussi calme. Il savait que tous les regards seront désormais tournés sur lui, le Dauphin. Cela l'irritait. Un seul faux pas et le monde pourrait se retourner contre lui. Un seul faux pas et le monde connaitra la position de son père. Un seul faux pas et ils seront envahis.

Pour la première fois depuis le début de la soirée, il s'installa près du buffet. Il prit un verre. Il avait besoin de cette minute de calme pour réfléchir, pour ne pas fléchir. Mais à peine s'était-il assis que des femmes s'agglutinèrent au buffet, prétextant toute d'avoir besoin de rafraîchissement. Aiden, s'il avait pu ne leur aurait pas répondu. Mais il était bien trop tôt pour s'en allait avec ce genre de manière. Une fois les Choisis annoncés les autres partiront, et iront calomnier sur lui des choses qu'il n'a pas besoin d'entendre.

- Vous êtes fatigué mon prince, demande l'une d'elle insistant sur le pronom.

Aiden détestait cela. Il lui répondit.

- Je le suis on ne peut plus quand vous m'appelez de cette façon.

Il devait tenir sa langue, mais au milieu de toute ses femmes se bousculant pour l'atteindre, criant pour se faire entendre, il étouffait. Il avait besoin de s'autoriser un temps d'arrêt de toute les congédier. Ce n'était pas en ces pouvoirs.

- Merci, Mesdames pour toute l'attention que vous me donnez mais j'ai besoin d'une certaine pause pour... délibérer. Le choix est d'autant plus compliqué que vous êtes toutes charmante.

Qu'importe s'il mentait, il devait sortir d'ici.

Il se précipita vers les jardins. Ses magnifiques jardins où chaque buisson était taillé, chaque fleur précisément choisie. Rien n'était laissait au hasard. C'était peut-être pour cela que les jardins ne l'impressionnaient plus. Ils ont été faits pour être impressionnant, beau, structuré. Ce n'est pas l'œuvre de la nature. C'est peut-être ce qui faisait la différence. Il prit une grande bouffé d'air. Respirer devenait comme un luxe qu'il ne pouvait s'offrir.

La lune avait déjà pointé son nez, le ciel était soupoudré de milliers d'étoiles. La brise balaya ses cheveux. Il se vida la tête, marcha vers la fontaine qui semblait crier et demander son attention. La fontaine était fabuleuse, mais nul besoin de le préciser. Aiden ne le remarquait plus désormais quand une chose était magnifique. Sa main glissa sur l'eau refroidit par la brise. Il devait rentrer dans la salle à nouveau. Mais il resta là pendant quelques minutes, écoutant l'eau jaillir puis retomber.

- Tu ne retournes donc pas voir tes jolies invitées ?

Aiden n'eut pas besoin de se retourner, il connaissait déjà son interlocuteur.

- Ce ne sont pas vos affaires.

- Voyons, je suis sûr qu'au fond ça te plait, n'est-ce pas ?

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je viens profiter de la fête tout simplement.

- Tu n'es pas invité.

- Voyons bien sûr que si. Tu as besoin de mes conseils de toute façon pour choisir celle qui te correspond.

- Je n'ai besoin de personne, surtout pas de toi.

Aiden se leva.

- Ça me blesse ce que tu dis.

- Je l'espère.

Aiden s'engagea de nouveau vers le bal, dépassant son interlocuteur.

- Choisis, la servante de la princesse.

Aiden s'arrêta un instant.

- Pourquoi donc ?

- Elle est celle qui te convient le mieux.

Il accéléra le pas.

- Ne te mêle pas de mes affaires.

Pourtant déjà loin, il réussit tout de même à entendre la réponse

- Comme vous le voudrez votre Majesté.

La chaleur de la salle l'imprégna à nouveau. L'orchestre joue avec frénésie, et certains chevaliers avaient invité des jeunes filles à danser. La salle avait l'air de revivre. Il y avait longtemps depuis que son palais eu était rempli. Quand certaines, remarquèrent sa présence, elles lâchèrent immédiatement le bras du chevalier qui les avait invités à danser. Les pauvres étaient déboussolés. Les mots de la conversation lui revirent en mémoire. Il chercha des yeux la servante, il la vit assise près du buffet comme depuis le début de la célébration. Il ne se souvenait plus de son prénom, hélas. Son regard dévoilait que trop bien son malaise, elle n'a pas l'habitude de ce genre de soirée. Elle n'était pas de ce monde. Elle restait dans son coin, ne parlait à personne. Elle ne connaissait même pas les simples convenances de la société. Aiden la regarda un instant avec pitié. Parce que c'était ce que lui inspirait, cette jeune femme sans parure, avec une robe qui n'était pas à sa taille, ce regard perdu, et cette expression figé. Elle souhaitait s'en aller. Elle avait dû tant attendre de ce moment, elle en avait surement tant rêvé, peut-être trop.

Il décida d'abréger ses souffrances. Les siennes surtout évidement.

- Mesdames ! Après, tellement d'hésitation, j'ai enfin choisi celles qui auront la chance de devenir reine.

« Pourquoi, la servante ne souriait pas ? » pensa-t-il offensé.

Il prit les lettres qu'un servant venait de lui apporter. Il s'approcha vers la première femme, une duchesse, elle avait su se tenir et elle avait de la conversation. Il lui donna la lettre qui lui confirmait son admission. Il s'approcha de la deuxième femme, Inaïa une princesse venue de l'autre bout du monde. Il était presque lassé de voir les filles près des Choisis fondre en larmes après tant d'espoir. Il continua ainsi sa ronde. Charlotte eu presque du mal à se retenir d'éclater de joie devant la lettre. Le prince ne s'en souciait plus désormais, il voulait simplement profiter de sa dernière soirée sans mouvements, alors plus vite il en avait fini, plus rapidement, elles quitteraient les lieux. Il ne lui restait désormais qu'une lettre. Mais soudainement, il hésita. La recommandation devait-elle être prise en compte ? Ou devait-il honorer sa parole ? Il avança d'un pas décidait vers la princesse et la servante. Désormais il n'avait plus aucune hésitation.

Le Prince AidenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant