7 Bis. 24 juin 2017

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Le bout des doigts effleurant l'impassible mur blanc, et les yeux jetés sur le sol tout aussi glaçant, la jeune adolescente manqua de percuter le grand noiraud, lorsqu'il s'arrêta.
Elle releva la tête par surprise, presque capable de l'insulter, si elle parlait comme n'importe qui ici. Mais elle calma ses ardeurs en reconnaissant la porte bleue aux couleurs douces, mais pour elle, imposantes.
Pourquoi le bleu ?
Parce que c'est un "lieu de paix" comme semblaient dire sérieusement les thérapeutes. Le bleu apaise les mœurs, alors que pour certains et certaines, le bleu était sur la peau le souvenir désenchanté de la caresse trop passionnée. Trop brûlante. Trop incontrôlée.
Mais elle, elle considérait cette zone comme à danger potentiel et même certain. Comme une perte de temps futile et même potentiellement dévastatrice.
Surtout qu'elle était avec quelqu'un, aujourd'hui.
Le brun ne se tourna même pas vers elle, ne lui demanda pas son consentement avant d'ouvrir le barrage au danger à haute pression.
Le vent du danger et du bruit s'enfuit alors immédiatement de la pièce et heurta la blonde sur son passage. La bousculant sans même s'arrêter ou la faire ciller. Les bruits s'enfuirent bien loin, et l'air souillé de paroles toxiques, lui, se prélassait à chaque millimètre cube qu'on lui offrait.
Il était envahissant.
Terrifiant.
Cette bousculade monstrueuse arrêta le temps une seconde. Résonnant dans son oreille comme une alarme stridente.
Comme pour l'avertir.
La prévenir une dernière fois qu'elle pouvait encore fuir.
Fuir.
Elle en rêvait.
Mais c'était un véritable cauchemar qui se déroulait autour d'elle.

Le jeune homme, lui, ne semblait même pas se poser l'ombre d'une interrogation, qu'il fit irruption dans la pièce, comme un colosse insensible à toutes ces épines criardes. Si bien, que le géant ne remarqua pas immédiatement l'immobilité de la blonde.
Il se retourna enfin, sans doute parce qu'elle ne lui répondait pas, puisqu'elle n'écoutait même pas ses jérémiades. De toute manière, il était comme les autres, elle ne se leurait pas. Elle n'allait pas tomber dans le piège. Ce piège à loup dont elle a aperçu sans peine les dents glaciales déjà ensanglantées, il ne se refermera pas sur elle. Hors de question !
Le brun fouilla derrière lui de son regard curieux. Personne.

Sans se poser plus de questions, sans essayer de comprendre, sans même insister plus qu'il ne venait de le faire, il ferma la porte derrière lui. Laissant la blonde introuvable pour lui.

Mais la situation n'était peut être pas évidente pour la silencieuse non plus.
Finalement, elle avait fuit aussi.
Et elle se retrouvait seule.

L'odeur désagréable de javel, le sol encore humide. Que faisait elle donc dans les toilettes de l'établissement ? Des murmures. Des sons inaudibles que personne ne pourrait designer.

"Solène ? Qu'est ce que tu fais encore là ?"

À croire qu'elle a été reconnue. À l'étroit dans ce petit mètre et carré à peine, elle posa la main sur la porte. Fermée. Elle s'était enfermée. Mais elle a été reconnue. Madame Dubrin l'aurait elle déjà entendu baragouiner dans le passé ? Aurait elle eu ce privilège un jour, ou ce sacrilège.

"Viens. Nous devons parler..."

Elle avait décelé dans cette demande, une lassitude qu'elle ne connaissait que trop bien. La blonde savait lire dans les mots. Au delà de ce que savent leurs propriétaires.
Solène Boissieu. Le mystère de ces lieux. Personne ne savait qui elle était.

Déclenchant le verrou de la porte, la demoiselle se laissa attirer dans le piège. Paradoxalement pour rapidement s'en libérer. Sa silhouette se montra enfin.
Ses yeux embrumés.
Sa peau rougie au coin des joues, les cernes tirées.
Le corps abasourdi sous ce trop de douleurs, la vielle dame n'eut pas besoin de lui demander comment allait elle. Elle s'en doutait déjà bien.
Mais comment savoir le problème quand les mots manquent ?

Comment savoir qui elle était ?
D'un regard échangé, puis quelques pas plus tard, la revoilà dans la pièce étrange.
Celle où les échanges doivent alléger les âmes.
Celle où Solène avait rencontré le grand Monsieur Franks.
Allait elle enfin parler ?

Pour le moment, elle attendait avec la femme au vécu lointain. L'ancien athlète ne devait plus tarder déjà.
Les aiguilles chantaient dans l'horloge.

Mais étrangement, le silence se faisait toujours ressentir...

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 19, 2021 ⏰

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