5. nuit du 24 juin 2017

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La nuit fut longue.
Pourtant loin d'être terminée.
Comparable à des montagnes russes émotionnelles.
Pourtant, elle était encore loin d'être mise de côté.

Bordée de cauchemars, la blonde s'est réveillée mainte fois. Elle ne comprenait pas. En temps normal, elle se contentait de nuits vides, bercée par l'absence de rêve ou de cauchemar.
Et là, ses démons nocturnes se sont amusés à jouer avec son esprit. Ils ont embrassé son âme pour ensuite lancer les festivités. Tentant d'y trouver explications plus plausibles, elle parcourut la chambre du regard. Bien que la lumière manquait à la prompte exécution de sa mission.
Les ombres jouaient à déformer les meubles, et dévoraient la lumière déjà restreinte.
Les ténèbres s'amusaient férocement.

"T'es un peu dérangée."

Soudain, sans prévenir, ces mots sonnèrent dans son esprit comme une évidence oubliée.
Ses yeux médusés, elle ne bougea plus pendant quelques secondes. Elle fut perturbée un bon moment, mais se devait d'être rationnelle.
Pourtant. . . Ces mots, elle le savait, ne la hantaient pas par hasard, cette nuit.
Elle voulait comprendre. Ce qui se passait.
Tout ça sonnait faux.
Tout ça était impossible.

"Ou alors tarée."

Ça continuait. Ça reprenait. Pourtant, elle s'en était débarrassée depuis si longtemps. De ces remarques déplacées, insencées, en pleines nuits. De ces ricanements nocturnes, qui ne venaient pas d'elle. De ces murmures dissimulés sous les draps de sa conscience pendant des mois, jusqu'à sortir de nouveau, cette nuit.

Pour se rassurer, elle tendit la main jusque l'interrupteur, et exerça une légère pression sur le bouton de ce dernier. La lumière fût. D'abord éblouissante, un peu douloureuse pour ses rétines endormies. Puis après quelques secondes yeux clos, la blonde s'efforça pour les rouvrir. Ses prunelles examinèrent de nouveau la pièce. Détail par détail. Information par information.

Personne.
Elle était seule.
Avec à côté d'elle, un autre matelas sur roulettes, vide. Un détail pas présent la veille.

"Un ami". . . Elle s'en souvenait. L'infirmière venue pour lui signaler l'arrivée d'un nouveau compagnon dans la chambre.
Dans sa chambre.
Alors elle vérifia l'heure. Sur le réveil cubique installé sur la table de chevet au bord de son lit.
Ses billes chocolats mirent un peu de temps à déchiffrer les numéros et les interpréter.

03h12.

Elle n'avait pas vraiment de difficulté à comprendre. Elle allait se refaire une nuit avec sa vieille ennemie l'insomnie. Étrange. Ce n'était pas arrivé depuis plusieurs semaines. Facilement trois mois avec des nuits les plus calmes.
Des nuits vides de tout. Et elle s'y était plutôt bien fait.
Alors elle mit toute sa concentration dans l'espoir de comprendre pourquoi. . . Pourquoi ça recommençait ? Cette nuit. Et elle n'avait que ça à penser. Que faire d'autre dans une chambre d'hôpital ?

"Tu fais flipper ! Va-t'en !"

Un frisson la surprit à l'entente de ces paroles que son âme avait déserté. Elle n'était pas folle. Quelqu'un lui parlait. Elle ne savait plus. . . Ces mots lui rappelaient quelque chose, mais elle avait oublié, du moins assez pour ne plus les entendre. Jusqu'à cette nuit.

"Pauvre folle !"

Non, elle n'était pas folle. Elle allait bien. Assez pour ne pas être une "folle". Elle n'était pas ici pour un cas désespéré de folie. C'était pas une notion présente sur son dossier, à ce qu'elle en savait. Non, elle allait bien, n'est ce pas ?

"Fais toi interner en hosto, c'est mieux."

Ce n'était pas mieux. C'était pire. Ou pas. Elle est "internée en hosto", pourtant, ça allait pas si bien dans sa tête. Tout était trouble dans son esprit. Tout ça lui revenait, peu à peu. Au fil des détours des souvenirs.

SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant