Renaître à Contretemps

Chapitre 6

Le lendemain, je retourne travailler. Mon job ne m'avait pas manqué, mais cela fait tout de même du bien d'y revenir. C'est une manière d'échapper à ma vie stressante et d'oublier, le temps de quelques heures, mes problèmes.

Durant ma recherche de logement, j'ai repéré quelques appartements qui pourraient être intéressants. Après ma journée de travail, je décide d'aller me promener en ville pour repérer où ils se situent et découvrir les quartiers environnants. Bien que cela fasse des années que je vis ici, je ne connais pas encore tout parfaitement.

Les gens sortent du travail, pressés de rentrer chez eux, tandis que moi, je marche à contre-sens, observant les alentours. Soudain, une vision fige mon corps. Je me stoppe en plein milieu de la rue, les passants me bousculent, mais mon cerveau peine à réagir, trop choqué. Une fois que je parviens à me remettre en mouvement, je me décale pour sortir de son champ de vision. Je souffle, puis instinctivement, je sors mon téléphone et me dirige vers l'appareil photo pour le prendre en photo.

La réalité me rattrape rapidement, et je me mets à pleurer. Après plusieurs minutes de larmes, je décide de partir dans la direction opposée, trop effrayée à l'idée de le croiser. En continuant de pleurer, je réalise soudainement combien j'ai été naïve. Je suis vraiment trop conne.

Je rentre finalement chez mon frère, priant pour qu'il ne soit pas là. Malheureusement, il est tranquillement assis sur son canapé. En voyant ma mine, il comprend tout de suite que quelque chose ne va pas. Sans qu'il ait besoin de demander, je lui raconte.

Je vois mon frère serrer sa mâchoire, signe qu'il est très en colère.

— Ne le laisse pas s'en tirer comme ça.

J'hoche la tête, d'accord avec lui.

— Je ne comptais pas le faire, et ça dès l'instant où je l'ai vu.

À son tour, il hoche la tête et me demande :

— Tu vas bien ?

— Nan, dis-je en souriant, mais il ne mérite pas ma peine je suppose.

Bien que j'essaie de paraître forte devant mon frère, c'est tout autre à l'intérieur. J'ai juste envie de pleurer, seule dans mon lit.

— Tu veux quelque chose à manger en particulier ?

— Non, c'est bon.

Mon frère se lève et va dans « ma chambre », puis revient avec mon doudou, celui que j'ai depuis ma naissance. Je souris légèrement en le prenant et le renifle, me détendant un peu.

Il part à nouveau dans la cuisine, et plusieurs minutes plus tard, il revient avec un plat fermé qu'il pose sur la table. Reconnaissant l'odeur, je me jette sur le plat et l'ouvre.

— Des lasagnes !

— Je me suis dit que ça pourrait te remonter un peu le moral.

Je le remercie, touchée qu'il ait préparé un de mes plats préférés. Il nous sert une assiette chacun, et nous mangeons en regardant la télé. Je me régale, malgré le fait que ce soit du congelé.

Après avoir débarrassé, nous nous réinstallons sur le canapé. Mon frère décide de jouer à sa console. N'ayant pas envie de faire quoi que ce soit à part dormir, je m'allonge sur le canapé, devenu mon lit pour le temps du séjour, et le regarde jouer en silence.

Mes pensées négatives se font de plus en plus pressantes. Des questions sans réponse me tiraillent. Il me faut des réponses avant de faire quoi que ce soit.

Ma nuit est rythmée par des réveils et des endormissements en pleurs. Je me lève finalement vers 5h du matin, n'arrivant plus à me rendormir. Je vais dans la salle de bain et remarque ma mine d'enterrement. Je prends rapidement une douche, m'habille, puis me fais un simple jus d'orange.