Chapitre 8

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Nous enchaînons les visites d'appartements. Chacun a ses défauts, certains plus supportables que d'autres, mais mon cœur penche finalement pour le troisième. Il coche toutes les cases, sauf qu'il est légèrement au-dessus de mon budget. Malgré tout, je sais que c'est celui-là. J'informe le propriétaire de mon souhait de le louer, et il me décrit la procédure à suivre, promettant de me donner une réponse dans la semaine.

— On va se boire quelque chose ? me propose Ysalys, une fois en bas de l'immeuble.

Je regarde l'heure. J'ai un doute, mais... pourquoi pas ?

— Pas longtemps alors, dis-je en me dirigeant vers le bar le plus proche.

Nous commandons nos boissons et nous installons. Ysalys semble contente.

— Ça fait longtemps qu'on n'a pas fait ça, dit-elle avec un sourire.

Je hoche la tête, mais je sens le sous-entendu derrière ses mots. La distance qui s'était installée entre nous, c'était à cause de lui. Je me fais la promesse que plus jamais personne n'aura un tel contrôle sur moi.

— C'est pour ce soir ? demande-t-elle après une gorgée de sa boisson.

— Ouais, je réponds.

— Tu stresses un peu ?

— Un peu, oui.

— T'inquiète pas, ça va bien se passer.

— J'espère.

Je souris, mais au fond, je ne suis pas seulement nerveuse pour ce qu'on va faire. C'est plutôt les conséquences qui me préoccupent. Je connais ses réactions, et de quoi il peut-être capable.

— D'ailleurs, t'étais où ce matin ? reprend-elle

— À la salle de sport, je m'entraînais.

— Toi, au sport ? Et depuis quand ça ?

— Ça fait du bien, tu sais, dis-je en souriant, même si j'ai encore du mal à croire à ma propre transformation. Je ne pouvais pas en faire avant.

Elle me regarde d'un air inquiet, mais je détourne la conversation.

Je finis par regarder l'heure sur mon téléphone. Il est temps de partir.

— Je vais devoir y aller, Ysa.

Elle regarde son propre téléphone.

— Déjà ? Il est encore tôt.

— J'ai du travail à finir, lui dis-je.

Ce qui est à moitié vrai. J'ai bien du travail à faire, mais, dans l'immédiat, je ressens surtout le besoin de solitude avant ce soir. Une sorte de calme avant la tempête, un moment pour rassembler mes pensées, pour me préparer mentalement à ce qui va suivre. Mon esprit est déjà en ébullition, anticipant tout ce qui pourrait se passer, les paroles, les réactions. Je veux juste un peu de répit, de silence intérieur, avant d'affronter ce que j'ai planifié.

Nous nous enlaçons et partons chacune de notre côté. Je décide d'aller dans un fast-food. Bien qu'après une séance de sport ce ne soit pas l'idéal, je me dis qu'importe. J'ai besoin de ce moment de confort, de cette indulgence. Je commande mon repas et m'installe à une table près de la fenêtre, une place parfaite pour observer la rue.

Les passants défilent sous mes yeux, chacun avec sa propre histoire visible dans son allure. Je regarde des familles, des couples enlacés, des amis en train de rire, et même quelques âmes solitaires perdues dans leurs pensées. Il y a ceux qui semblent heureux, l'énergie du bonheur irradiant de leurs visages. D'autres marchent vite, absorbés par une urgence invisible, peut-être impatients de rentrer chez eux. Certains paraissent complètement indifférents, comme si la vie les avait rendus insensibles aux petits détails autour d'eux. C'est fascinant de voir à quel point la rue est un tableau mouvant d'émotions et d'histoires que je ne saurai jamais vraiment.

Renaître à ContretempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant