Partie 11 : Les guilis.

118 7 0
                                    

Cinquième année. Jour 2000.

« Arrête Guillaume ! C'est plus du jeu ! »

Il s'enfuit devant son grand frère qui semblait avoir décidé qu'il n'abandonnerait pas avant qu'il ne cède et se dirigea vers sa chambre en courant.

« Allez, Aurél ! Tu sais que t'en as autant envie que moi ! À deux on les fera céder ! Tu sais qu'ils ne peuvent rien te refuser ! »

Il rit doucement en entendant l'es élucubrations de son frère avant de pousser un petit cri de surprise quand celui-ci le rattrapa et recommença à lui faire des chatouilles.

« Allez, s'il-te-plaît... J'ai envie de faire une fête. Et je sais que toi aussi... Est-ce que j'ai tort ? »

Il ne réprimer un autre rire en sentant Guillaume le chatouiller alors qu'il savait à quel point il était chatouilleux. Bien sûr qu'il avait envie d'organiser une fête, mais plus que ça, il aimait quand son grand frère se comportait comme ça avec lui. Qu'il le taquinait. Ça faisait grandir une chaleur agréable dans son corps et dans ces moments-là, il avait seulement envie qu'il continue et de voir jusqu'où il pouvait aller. Sans trop qu'il ne sache comment, il réussit à retourner la situation et Guillaume tomba sur son lit avant qu'il ne lui tombe dessus, riant aux éclats. Ils rirent un long moment ainsi avant qu'il n'enfouisse son visage dans le tee-shirt de son frère, les larmes aux yeux d'avoir tant rit et un grand sourire sur ses lèvres. Il inspira sans s'en rendre compte son odeur et Guillaume, qui avait posé sa main sur sa nuque pour la caresser, arrêta alors tout mouvement. Il s'immobilisa à son tour, se demandant ce qu'il avait fait pour amener son frère à se figer ainsi, et se redressa lentement pour le regarder. Il plongea son regard dans le sien lorsqu'il se fut légèrement redressé et aperçut une lueur d'hésitation dans les prunelles claires de son frère.

« Pourquoi... tu es comme ça, Aurél ?

— Comme ça... quoi ? »

Guillaume ne répondit rien alors qu'il fronçait les sourcils à sa question et une seconde plus tard, sans qu'il n'en comprenne vraiment la raison, ses lèvres étaient sur les siennes. Son cœur rata un battement et son cerveau comprit après ce qui lui parut une éternité que c'était lui qui avait embrassé Guillaume. Pas l'inverse. À cet instant précis, quand ce dernier avait plongé son regard dans le sien, il avait eu envie de l'embrasser. Et en l'embrassant, il comprit que c'était ça qu'il avait eu envie de faire tous ces derniers mois. Toute cette tension entre eux, cette gêne qu'il avait ressenti, cette tristesse à sentir Guillaume s'éloigner de lui, surtout depuis qu'il était entré au lycée alors que lui n'était qu'en troisième encore... C'était ça la vérité : il aimait Guillaume. Et pas seulement comme un grand frère. Il sentit alors ce dernier le repousser et son cœur lui sembla se briser dans sa poitrine à ça :

« Aurél, qu'est-ce que tu fais ?

— Je... Je ne sais pas... bredouilla-t-il, confus, et il croisa le regard paniqué de Guillaume. Je crois que... j'en avais envie...

— Tu ne sais pas ce que tu dis, lui dit son grand frère en le repoussant pour pouvoir se lever de son lit. On ne peut pas.

— Attends ! s'écria-t-il en le rattrapant brusquement, entourant son poignet de ses doigts. Je voulais t'embrasser.

— Aurél, je suis ton grand frère, dit Guillaume en se tournant vers lui et en fronçant les sourcils. Tu comprends ça, non ?

— O-Oui mais... Je t'aime... aussi comme ça. Je crois... balbutia-t-il alors qu'il sentait une boule se loger dans sa gorge, l'empêchant de bien respirer, et Guillaume fronça les sourcils de plus belle à ça.

— Mais on ne peut pas, Aurél. C'est pas possible. Pense à nos parents. »

Il resta silencieux à ça et vit Guillaume sembler réfléchir silencieusement, profondément choqué de ce qu'il venait de se passer entre eux deux.

« Ça doit être de ma faute. J'ai pas assez fait attention, l'entendit-il murmurer sans vraiment être sûr que ces paroles lui étaient destinées. Aurél, lâche-moi. »

Il s'exécuta aussitôt et Guillaume lui lança un dernier regard avant de s'éloigner vers la porte de sa chambre. Il sentait ses yeux le piquer douloureusement, annonçant l'arrivée prochaine de ses larmes, et il le vit alors s'arrêter dans l'encadrement de sa porte.

« Surtout... Ne le dis pas aux parents, Aurél. C'est... mal de penser ainsi l'un à l'autre. Il ne faut pas. Je leur demanderai pour la fête. »

Guillaume sortit de sa chambre et, quand il en ferma la porte derrière lui, il s'écroula sur son lit en pleurs. C'était mal. Cette phrase tourna en boucle dans son esprit alors qu'il sanglotait le plus silencieusement possible dans son oreiller pour pas que Guillaume ne l'entende. Bien sûr, qu'il savait que c'était mal. Mais était-ce véritablement aussi horrible que ça de l'aimer dans ce sens-là aussi ? Pas seulement comme son grand frère mais aussi comme la personne qu'il portait au plus haut dans son cœur ? Après tout, Guillaume n'était pas son vrai frère, non ? Alors, était-ce aussi mal que ce qu'il pensait ? Il finit par s'endormir à cause de la violence de ses larmes et la dernière chose à laquelle il pensa avant de sombrer dans le sommeil ce fut : Pitié, qu'il ne me haïsse pas de nouveau.

Fiction OrelxGringe - Grand frère. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant