Sixième année. Jour 2548.
« Il est amoureux de toi ? Et toi, Claude, tu le savais ? »
Guillaume jeta un regard en coin à son ami assis à côté de lui et le vit hocher la tête. Puis il se tourna vers Ablaye qui avait parlé et le vit soupirer, assis à côté de Matthieu en face d'eux dans le petit café où ils se trouvaient.
« Tu sais quoi ? En fait, ça me choque même pas. Je crois que je m'en doutais depuis longtemps.
— Pareil, entendit-il Claude dire à ses côtés et il se tourna vers Matthieu d'un air inquiet.
— Toi aussi Matthieu ? Toi aussi tu le savais ?
— Ben... Aurél et toi... Vous avez toujours eu une relation très forte. Presque fusionnelle. J'ai toujours trouvé ça beau.
— Mais c'est mon frère. Ça vous choque pas ? demanda-t-il en déglutissant péniblement.
— Gringo, ma biche. Aurél est ton frère par adoption, oui, ok, lui dit Claude en posant sa main sur son bras. Mais l'amour ça ne se contrôle pas. Il m'a dit qu'il t'avait embrassé et qu'il avait peur que tu le détestes maintenant. Est-ce que tu le détestes ?
— Non, bien sûr que non... Ça reste Aurél. Je l'aime plus que tout et...
— Qu'est-ce que tu as pensé de ce baiser pour de vrai ? lui demanda Claude en le coupant et il baissa légèrement la tête, honteux.
— Je crois que... j'ai... aimé. Vraiment. Et vous savez quoi ? Bien sûr que je l'aime, moi aussi. De cette manière. Mais... j'ai cette partie de moi qui me chuchote en permanence que c'est mal, que c'est mon frère, que je devrais m'éloigner de lui pour ne pas le faire souffrir, que nos parents n'ont pas mérité ça...
— Et c'est pour ça que tu sors avec Léa, n'est-ce pas ? entendit-il Matthieu lui demander et il se tourna vers son ami pour lui lancer un regard étonné. Guillaume, ça se voit que tu ne l'aimes pas. En tout cas, pas de cette manière, lui dit-il en lui offrant un petit sourire. On dirait que tu as juste pris la première excuse disponible pour pouvoir dire à Aurél Ah non désolé, je suis amoureux de quelqu'un. Mais on sait tous que c'est faux, je suis sûr que lui aussi le sait. Et ça doit lui faire mal.
— Bien sûr que ça lui fait mal, dit Claude en prenant une gorgée de sa boisson. Ça fait des mois que je lui parle au petit pour savoir s'il y a du mieux entre vous. Il ne voulait pas que je te parle de tout ça mais ça ne voulait pas dire le laisser se débattre avec tout ça tout seul aussi. »
Guillaume observa son meilleur ami qui disait cela de la manière la plus naturelle qu'il soit et il esquissa un petit sourire triste :
« Merci, Claude. Tu t'es occupé de lui quand je ne le pouvais pas. Je voulais simplement lui éviter de souffrir. Je sais à quel point il n'aime pas décevoir nos parents et... juste imaginer leur réaction...
— Tu ne sais pas, Guillaume. Tu devrais leur parler. Tu pourrais être surpris. Et même s'ils n'acceptent pas cette relation... Tu l'aimes et il t'aime, non ? Qu'est-ce qui vous empêche d'être ensemble ? »
Il baissa la tête de nouveau, se sentant accablé d'une grande tristesse. Qu'est-ce qui les empêchait d'être ensemble ? Juste le regard des autres sur eux, non ? La peur des médisances ? Tout ça, il pouvait faire avec. Mais ses parents... Il ne savait pas s'il pourrait les décevoir. Et Aurél, c'était pareil. Il savait sa peur de décevoir les gens et surtout ses parents. Mais il savait aussi qu'il était amoureux de lui et qu'il ne pourrait pas se mentir encore longtemps. Alors il devait leur parler. Et avant ça, rompre avec sa copine. Il releva la tête et regarda ses amis tour à tour. Comment avait-il fait pour trouver des personnes aussi bienveillantes et ouvertes d'esprits qu'eux ? Il leur sourit et ces derniers lui sourirent en retour. Ça lui donna un peu de confiance.
***
« Papa...? Maman...? »
Quand il entra dans le salon une heure plus tard, il trouva ses parents l'un à côté de l'autre sur le canapé en train de discuter sérieusement. Ceux-ci se tournèrent vers lui et lui sourirent doucement avant de lui faire signe de les rejoindre.
« Eh... De quoi vous parlez ? Ça a l'air important... dit-il en s'approchant d'eux, une boule dans la gorge.
— On discutait... d'Aurélien, lui dit son père quand il s'assit à ses côtés et il baissa machinalement la tête.
— Au-Aurélien ? Qu-Quoi à propos de lui ?
— D'Aurélien et toi, chéri, entendit-il sa mère dire ensuite et il releva la tête à ça. Il nous a parlé...
— Qu-Qu'est-ce qu'il vous a dit...?
— Il nous a dit qu'il avait peur de nous décevoir mais qu'il ne pouvait plus se taire... Et il nous a annoncé... qu'il était amoureux d'un garçon, dit son père en jetant un petit regard bref à sa mère.
— Un... Un garçon ?
— Tu ne saurais pas qui c'est ce garçon, Guillaume ? lui demanda son père en lui souriant d'un air bienveillant.
— Il... Il a pas dit de qui il s'agissait ? balbutia-t-il, embarrassé au plus haut point, et il vit ses parents se jeter un regard en coin.
— Si, Guillaume. On sait... ce qu'il s'est passé entre vous. Il a pas pu nous mentir quand on le lui a demandé, tu connais ton frère.
— Mais c'est ça le problème ! s'exclama-t-il, les larmes aux yeux. Je suis son frère ! Alors maintenant, parce qu'il ne sait pas tenir sa bouche et n'arrive pas à passer à autre chose, vous êtes au courant. Putain...
— Guillaume, calme-toi mon grand, l'appela sa mère à côté de son père. Ce n'est pas de sa faute s'il ressent des choses pour toi. L'amour ça ne se contrôle pas. Et on voulait te le dire... Pour que tu saches qu'on est au courant. Pas pour te blâmer ou quoi que ce soit.
— Je l'ai repoussé, dit-il entre deux sanglots, le cœur battant. Parce que... c'est mal, non ? D'avoir des sentiments pour son frère ?
— On t'a déjà dit que non, Guillaume, lui dit son père en lui prenant la main doucement. Bien sûr, si vous aviez été vraiment frères, je ne sais pas comment on aurait réagit... Qui sait ? Mais la vérité c'est qu'Aurél n'est pas réellement ton frère et que ça fait des années qu'on voit comment vous vous comportez l'un avec l'autre. Des années, Guillaume. Ça fait des années qu'on se dit qu'il y a peut-être une probabilité pour que vous vous aimiez plus que des frères. On l'a vu venir. Alors, je vais me répéter. Ce qu'on a déjà dit à ton frère : on ne vous en veut pas. Vous ne nous décevez pas. Alors va le chercher s'il-et-plaît, et dis lui la vérité. Il est dans sa chambre avec son ami.
— Son ami ? répéta-t-il en fronçant les sourcils.
— Tu sais, son ami là... Arthur. Il est passé le voir juste après notre discussion. Il avait quelque chose d'important à lui dire je crois.
— Et je pense... que Arthur a toujours été amoureux de lui, chuchota sa mère. Alors, dépêche-toi un peu avant qu'Aurélien ne décide de passer à autre chose comme tu lui as dit, hein. Il t'aime autant que toi tu l'aimes, Guillaume. C'est évident. »
Il réfléchit et repensa à quand il avait dit à Aurélien d'oublier ces sentiments idiots. Sur le moment, il avait pensé que c'était le seul truc à dire pour qu'il arrête de souffrir. Mais si tout le monde s'en foutait au final, alors il pouvait tout simplement lui dire qu'il l'aimait lui aussi. Il n'avait plus aucune raison de se cacher, de mentir... Il aimait Aurélien, et ça c'était une vérité qu'il avait bien trop longtemps essaye de dissimuler.
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Fiction OrelxGringe - Grand frère.
FanfictionGuillaume est adopté par une famille à ses 10 ans. Mais ses nouveaux parents ont déjà un enfant, de deux ans de moins que lui, et il développe une jalousie excessive envers ce dernier.