Partie 2 : Les excuses.

138 6 1
                                    

Première année. Jour 1.

Quand il partit se coucher ce soir-là après le dîner il alla chercher sa trousse de toilettes dans son sac posé sur le lit de sa nouvelle chambre puis se dirigea vers la salle de bain. Il entra dans cette dernière sans toquer au préalable et tomba sur Aurélien en train de se passer la main sous l'eau, celle qu'il lui avait serrée un peu plus tôt.

« Oh, pardon. » s'excusa-t-il aussitôt et Aurélien se tourna vers lui, ne semblant pas s'être aperçu avant qu'il ne parle de sa présence.

Le plus petit ferma le robinet rapidement et attrapa une serviette pour se sécher les mains, ou plutôt la main, le regardant d'un air hésitant.

« C-C'est pas grave... J'ai fini de toute façon. Je te laisse la salle de bain... »

Guillaume le rattrapa lorsqu'il tenta de sortir de la salle de bain, en l'attrapant par le bras, et Aurélien lui jeta un regard inquiet. Il le lâcha aussitôt en voyant cette expression sur son visage et recula d'un pas :

« Je... Désolé... Je voulais savoir si... Est-ce que ça va ? demanda-t-il et il se fustigea mentalement de ne jamais savoir comment se comporter avec les autres enfants.

— O-Oui, tout va bien... Tu peux avoir la salle de bain, je t'assure. J'ai fini ma toilette. Je vais aller me coucher.

— Non, je... Je parlais pas de ça, marmonna-t-il et il vit Aurélien lui jeter un petit regard hésitant. Je parlais de ta main. Je t'ai fait mal tout à l'heure, non ?

— C'est... C'est pas grave... balbutia Aurélien en se mettant alors à rougir. Je sais que tu ne l'as pas fait exprès... C'est moi qui n'ai pas assez de force. »

Le plus petit lui offrit un petit sourire embarrassé et il le fixa en silence, se demandant si vraiment il n'avait pas fait exprès de lui faire mal.

« Je... Ouais, répondit-il en voyant Aurélien lui lancer un petit regard hésitant, semblant se demander la même chose que lui. Désolé, j'ai pas contrôlé ma force. Je vais faire plus attention maintenant.

— Merci Guillaume, lui murmura Aurélien en souriant doucement quand il dit cela. Mais tout va bien, ne t'en fais pas. Alors... bonne nuit ?

— Bonne nuit, Aurélien. À demain.

— Oui, à demain. » rit doucement le plus petit et il se demanda ce qu'il y avait de drôle à cela.

Il se dit que c'était sûrement parce que tout cela était nouveau et qu'il devait être excité, comme l'avait prévenu le père du plus petit, par son arrivée et les changements que cette dernière allait amener dans sa vie. Il le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse dans le couloir qui menait à sa chambre et haussa les épaules avant de se tourner vers le miroir de la salle de bains, au-dessus du lavabo, pour se regarder dedans. Il ne comprenait pas pourquoi il se sentait comme ça en sa présence.

***

Il n'arrivait pas à dormir, se tournant et retournant dans son lit sans réussir à trouver le sommeil et se redressa contre le mur de sa chambre. Il savait que c'était normal, il allait lui falloir du temps pour s'habituer à vivre dans un nouvel endroit après tant d'années passées à l'orphelinat. Mais tout ici lui semblait trop parfait. Les parents étaient supers, bienveillants et en surplus d'amour, qui était ce qui lui manquait et ce dont il avait le plus besoin. Ils habitaient dans une grande maison avec jardin, dénotant grandement avec l'orphelinat dans lequel il avait grandi. Celle-ci était décorée sobrement mais avec goût. Ils lui avaient immédiatement fait comprendre qu'il était là chez lui. Tout était parfait. À part Aurélien. Il s'en voulut un instant de penser cela avant de se rappeler comment ce dernier s'était précipité sur sa mère quand il était entré dans le salon, sans même lui jeter un regard, et l'avait fait se sentir de trop. Et cette manière mielleuse que ses parents avaient de l'appeler... Mon cœur par-ci, mon amour par-là, mon ange par-ci encore... Il ne s'attendait pas à ce que ses parents l'appellent ainsi lui aussi, d'ailleurs il ne pensait pas que ça lui plairait, mais ça l'irritait au plus haut point. Mais tout cet amour qu'Aurélien avait toujours reçu sans rien avoir à faire pour le gagner... Ça le dépassait. Il se leva alors, pris d'une soudaine envie, et se dirigea vers la chambre du plus petit. Il ouvrit la porte doucement pour se faufiler à l'intérieur et le chercha du regard, la chambre étant faiblement éclairée par la lumière qu'il avait laissé allumée dans le couloir. Quand ses yeux se posèrent sur lui, le plus petit dormant face à la porte, il fut étonné de sentir son cœur se serrer de nouveau dans sa poitrine. Il ne comprenait pas pourquoi celui-ci faisait ça dès qu'il posait le regard sur Aurélien. Il ne le connaissait même pas encore. Le plus petit avait son bras gauche de sorti de sous la couverture, serrant doucement un lapin en peluche contre lui par-dessus les draps qui le recouvraient, et un grand sourire moqueur s'afficha sur ses lèvres. Alors comme ça il avait un doudou ? Mais c'était pour les bébés. Il plaqua une main sur sa bouche pour se retenir de rire et il vit alors Aurélien froncer légèrement les sourcils dans son sommeil. Il se calma aussitôt et sortit de sa chambre en se disant que c'était la lumière qui devait le gênait malgré le fait qu'il avait l'air profondément endormi. Il rejoignit sa chambre et se recoucha sous les draps propres, un grand sourire sur les lèvres, et cette fois-ci il réussit à s'endormir sans problème. Dans son sommeil, il rêva d'un monde où le plus petit n'existait pas.

Fiction OrelxGringe - Grand frère. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant